Le DGSN et sa famille ont collectionné des appartements, des locaux commerciaux et des lots de terrain dans plusieurs wilayas. Le procès de l'ex-directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le général-major Abdelghani Hamel, s'est poursuivi pour son deuxième jour, jeudi, au tribunal de Sidi M'hamed. La journée a été consacrée à l'audition des membres de la famille Hamel. Annani Salima, épouse du principal accusé, est poursuivie pour "blanchiment d'argent, fausse déclaration et incitation d'agents publics pour l'obtention d'indus avantages". Devant la juge, Mme Hamel reconnaît qu'elle a acheté des locaux commerciaux à Ouled Fayet auprès de l'OPGI d'Hussein-Dey pour en faire une crèche. "Vous avez tout de même payé 22 000 DA le mètre carré pour des locaux d'une superficie de 778,45 m2 alors que le citoyen le payait à plus de 120 000 DA", a expliqué la juge, avant que Mme Hamel n'explique qu'elle a eu le local après une demande qu'elle avait introduite auprès de l'OPGI. La juge l'interroge sur un appartement qu'elle détient à Sétif, ses actions dans des entreprises, une boîte de communication et de publicité. "Comment se fait-il qu'une femme au foyer détienne autant de biens et des actions dans des entreprises ?", l'interroge la juge. Après l'épouse, c'est au tour des enfants d'être auditionnés. C'est là, justement, que l'empire immobilier de la famille Hamel est étalé. Des dizaines d'appartements à Alger, à Oran, à Tlemcen, à Aïn Témouchent et à Tipasa. Des villas, des terrains à bâtir, des terrains agricoles, des comptes bancaires… Ameyar Hamel, fils aîné de l'ancien chef de la police et ancien président d'Interpol, est le premier à répondre aux questions de la juge. Il est également accusé de "blanchiment d'argent, fausse déclaration et incitation d'agents publics pour l'obtention d'indus avantages". Âgé de 35 ans à peine, comme l'a fait remarquer la juge, Ameyar Hamel est à la tête de plusieurs sociétés et entreprises qu'il détient en son nom. Des locaux commerciaux, des logements, des terrains, plusieurs comptes bancaires en monnaie nationale et en devises … telle est la fortune du jeune Hamel. "Compte-tenu de votre âge et de votre niveau d'instruction (ingénieur d'Etat en commerce international, ndlr), on se demande comment vous avez obtenu tout cela si ce n'est grâce à votre père", a dit la juge, avant que l'accusé ne réponde que ses entreprises "n'ont jamais connu de déficit" et qu'il n'a jamais utilisé le nom de son père pour acquérir ses biens. "J'ai commencé les affaires à l'âge de 19 ans", a-t-il justifié. "Vous avez des biens à votre nom à Oran, à Tlemcen, à Aïn Témouchent, un triplex à Bouchaoui d'une valeur de 46 millions de dinars, 3 lots de terrain à Mansourah (Tlemcen), 3 hectares à Hassi Bounif, un appartement à Tipasa, un terrain de plus de 5 000 m2 à El-Kerma (Oran), un autre de 17 hectares, un autre à Es-Senia, une huilerie à Remchi, 17 hectares à Gdyel, des comptes bancaires dans plusieurs banques", a tenté de résumer la juge, avant d'énumérer les nombreuses sociétés et entreprises d'Ameyar Hamel, et ce, outre les stations-service qu'il détient à Oran et à Tipasa, des sociétés de transport, de vente en gros de matériaux de construction, une entreprise d'irrigation, de travaux publics, une autre d'aliments de bétail… "Vous avez bénéficié d'avantages de l'Andi", a interrogé la juge, avant que l'accusé ne reconnaisse qu'il a "sollicité" ces avantages dans le cadre d'un investissement. Des commis de l'Etat impliqués Interrogé sur ses relations avec les ex-walis d'Oran Zaâlane et Bensebane, l'accusé a nié les connaître. "Quand mon père était en poste, j'étais bloqué dans mes projets", a-t-il dit à la juge, niant avoir "usé" du nom et du poste de son père pour amasser sa fortune. Mourad Hamel, âgé de 33 ans, est, lui aussi, poursuivi pour les mêmes chefs d'accusation que son frère. Le jeune Mourad possède plusieurs biens immobiliers à Alger, à Oran, à Tlemcen. Licencié en marketing, il a assuré qu'il a intégré le monde des affaires à l'âge de 24 ans. "En 2012, vous avez acheté une villa à Staouéli pour 31 millions de dinars. Comment l'avez-vous payée ?", l'interroge la juge. "Mes entreprises ont engrangé beaucoup de bénéfices", a-t-il répondu, considérant qu'il a acheté plusieurs biens qu'il a revendus. Chahrazad Hamel, fille de l'ex-DGSN, a également répondu aux questions de la juge sur ses biens immobiliers et les nombreux comptes bancaires à son nom. Âgée de 24 ans, Chahrazad Hamel aurait même bénéficié d'un appartement dans le cadre du logement social. Un de ses frères a eu un logement AADL également. Durant la même journée, Chafik Hamel a été également auditionné pour les mêmes accusations. L'ex-directeur général de l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI), Mohamed Rehaïmia, a répondu aux questions de la juge. Il est accusé de "dilapidation de deniers publics et d'abus de confiance". L'ancien directeur de l'industrie par intérim de la wilaya d'Oran a été également auditionné, rejetant les deux accusations pour lesquelles il est poursuivi, dilapidation de deniers publics et abus de confiance, en l'occurrence. L'accusé a nié toute responsabilité ou tout lien avec les assiettes foncières dont auraient bénéficié à Oran les fils de l'accusé principal, Ameyar, Chafik et Mourad Hamel. Maâlam Samir, ancien directeur de la Direction du cadastre (DCW) de la wilaya d'Oran, a été interrogé sur des lots de terrain dont auraient bénéficié les fils Hamel, lorsqu'Abdelghani Zaâlane était wali d'Oran. À noter que l'ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal, l'ancien wali de Chlef Mohamed Ghazi, l'ancien ministre des Travaux publics Abdelghani Zaâlane, ainsi qu'Abdelmalek Boudiaf, en sa qualité d'ancien wali d'Oran, sont cités comme témoins dans cette affaire. Le procès se poursuivra demain.