Les gels ou liquides hydro-alcooliques qui, avec le lavage des mains à l'eau savonneuse, sont au cœur de la stratégie de lutte contre le coronavirus, font l'objet de toutes les attentions. En raison de la demande qui a explosé pour ces produits, plusieurs producteurs se sont orientés ces derniers jours vers leur fabrication mais, attention, la plupart de ces produits commercialisés ne sont pas conformes. C'est ce qu'affirme le Pr Belmahi Mohamed Habib, chef de service de toxicologie au CHU de Constantine, qui contrôle ces produits avant d'être soumis à la vente en soulignant que «50% des gels hydro-alcooliques commercialisés au niveau des magasins de cosmétique ne sont pas conformes». Les gels fabriqués localement sont soumis au contrôle de conformité au niveau du Laboratoire de toxicologie du CHU, avant d'être commercialisés, sur réquisition de la Direction du commerce qui exige le certificat de conformité pour le test d'irritation cutanée. Selon le professeur, le laboratoire a reçu, ces deux derniers jours, une dizaine de gels pour analyse, « la moitié de ces gels hydro-alcooliques se sont avérés non conformes de par leur composition ». Il est à savoir que pour fabriquer ce gel, il faut de la glycérine, l'eau distillée, l'eau oxygénée H202 et l'alcool à 70°. « En analysant ces gels, nous avons trouvé que le degré d'alcool était inférieur à 70°, compris entre 45 et 50° et, à ce niveau, l'alcool n'a pas le pouvoir antibactérien voulu », a expliqué le chef de service qui ajoutera : « Nous avons observé également dans certains cas l'absence de glycérine qui a été remplacée par des gélifiants non conformes ou de nature indéterminée. Il y avait même du gel pour cheveux .» Donc, le professeur préconise que le test de conformité de la composition soit exigé également par la Direction du commerce, au même titre que le test d'irritation cutanée avant la mise sur le marché. Son message est d'acheter les gels hydro-alcooliques au niveau des pharmacies et non des magasins de cosmétique car «c'est un produit parapharmaceutique qui doit obéir à des normes de fabrication». Enfin, le professeur a tenu à saluer l'initiative prise par l'Université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou qui s'est lancée dans la fabrication des solutions hydro-alcooliques au moment même où ce produit se fait rare dans les officines pharmaceutiques. Ilhem Tir