Des irritations cutanées et des dermites de contact sont le corollaire inéluctable de l'usage de produits non contrôlés. «L'achat des produits cosmétiques qui se vendent à même le sol est un danger.» Le constat provient du Dr Mohamed Boughanem, président de la Société algérienne de médecine esthétique. Des irritations cutanées et des dermites de contact sont un corollaire inéluctable de cet usage insensé, explique l'éminent dermatologue rencontré jeudi dernier en marge du 22e congrès de dermatologie tenu à l'hôtel El Aurassi en présence de 220 participants. «Il faut que tout produit qui rentre au pays soit expertisé par un laboratoire de contrôle avant qu'il ne soit commercialisé», insiste-t-il. Est-ce possible en Algérie? Droit au but, le professeur Amar Khodja affirme que l'idée d'un laboratoire national est envisageable. Pas pour le moment. «Quand on aura des structures très performantes pour les médicaments, on peut faire des examens pour ce genre de produits dont la fabrication s'est médicalisée», raisonne l'expert. Son constat inhérent à la commercialisation de ces produits douteux est clair. «Ils sont exposés au soleil et au froid. C'est une catastrophe. Ils peuvent même être toxiques.» Lui emboîtant le pas, Bernard Guillot, professeur de dermatologie à Montpellier, indique à L'Expression que le problème des produits vendus dans la rue ou sur Internet, «ne sont pas vérifiés quant à leur qualité. En sus des allergies, des infections peuvent surgir et les microbes se transmettent facilement». Interrogé dans ce même contexte, le professeur Smaïl Benkaïdali, chef du service de dermatologie au CHU Mustapha, souligne le rôle, non seulement des médias, mais aussi de l'école et de la mosquée pour «bannir ces pratiques charlatanesques». Il regrette que des Egyptiens et Libanais, exerçant leur commerce, notamment à Cheraga et Dély Brahim, s'enrichissent sur le dos du citoyen. Et d'enchaîner explicite: les dommages causés seront pris en charge par des hôpitaux algériens. Les pouvoirs publics sont ainsi saisis afin de mettre fin à ce phénomène qui prolifère. Si des échecs ont été enregistrés par le passé pour certaines pathologies, «actuellement il y a du progrès. Certains cancers guérissent», rassure Pr Benkaidali. La précocité de faire un diagnostic est plus qu'indispensable. Notre interlocuteur «glorifie» la politique du pays qui encourage, ces dernières années, le dépistage du cancer du sein qui est «de plus en plus pris en charge de façon efficace». L'urgence «est de mettre à la disposition du corps médical un registre de préférence informatisé. Cela nous permet de mieux recenser tous les cas de cancer diagnostiqués, voir leur évolution, leur prise en charge, le nombre de décès...». Le docteur Oughanem souscrit entièrement à ce principe. A se fier à ses propos, ce registre «facilite grandement le travail des épidémiologistes afin d'identifier les types de cancer qui existent dans notre pays, de savoir pourquoi ces cancers sont plus fréquents dans certaines régions...» A propos de l'usage du laser, le Pr Benkaïdali, tout en signalant l'importance de cet outil, explique: «A l'hôpital on devrait utiliser le laser pour des pathologies tumorales et vasculaires. Le privé sera ouvert aux pathologies esthétiques dont la demande est en nette croissance». Pour le secteur public, «il faut d'abord convaincre les autorités de l'utilité de ce genre d'installation», prévient le Pr Amar Khodja. «Mais ça commence à venir», optimise le spécialiste. Des produits inédits ont été proposés hier à El Aurassi. Issus de la mer Morte qui est un soutien naturel, ces produits ont connu un rush de visiteurs. Reda Benmabrouk, directeur commercial et représentant de la société jordanienne «Natural Care», affirme, outre de disposer des crèmes à but thérapeutique, des lingettes médicales pour enfants, être «les premiers en Algérie à avoir importé un déodorant totalement naturel, fabriqué à base de la pierre d'alun». Les pharmacies, selon lui, sont très réceptives. Les dermatologues interrogés ont été unanimes: «Ces produits sont naturels et sans aucun effet secondaire.» L'efficacité de ces produits est confirmée, notamment dans le traitement des eczémas et d'autres maladies cutanées qu'on contracte dans les milieux sportifs, piscines... et bains». A ce sujet, le Pr Benradouane prévient que 99% de l'eau du robinet qu'on utilise contient du carbone.