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Alger, un week-end de coronavirus
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 03 - 2020

Un ciel menaçant s'est installé au-dessus d'Alger ce vendredi soir, conférant une dimension presque irréelle aux images qui défilent en des temps pas comme les autres.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - 18h40. L'est d'Alger est plongé dans une torpeur quasi-totale. Les quartiers de Bab Ezzouar, habituellement bondés à cette heure, sont pratiquement vides. Le grand centre commercial qui attirait la foule jusque tard dans la nuit a fermé ses portes il y a cinq jours déjà. Cette décision semble avoir beaucoup joué sur la prise de conscience des habitants de la région. La «preuve même qu'un grand danger sanitaire nous menace», commente le patron d'une supérette qui avoue avoir prolongé ses heures d'ouverture jusqu'à trois du matin. «Les gens ont beau stocker, il leur manque toujours un produit», dit-il, en prenant soin d'ajuster son masque. Ici, la monnaie ne se rend pas de main en main. Elle est placée dans de petits sachets en plastique transparents et remise aux clients.
Non loin de là, à l'entrée des Bananiers, des marchands de fruits et légumes ont adopté des façons bien à eux d'éviter la propagation du virus. Les pièces d'argent sont plongées dans des bacs emplis d'eau de Javel puis encore une fois remises dans de petits sacs. La méthode n'est pas généralisée, mais ces commerces sont ceux qui attirent le plus de clients. Parmi ces derniers, beaucoup n'hésitent pas à proposer aux marchands jugés imprudents d'en faire de même. Beaucoup, mais pas assez. Dans ce même quartier, le pain entreposé dans des corbeilles posées à même le sol continuait à se vendre le plus naturellement ce week-end.
Dénoncés par des citoyens, ces commerces ont reçu jeudi matin la visite de contrôleurs qui les ont menacés de fermeture si le pain n'était pas entreposé sur des surfaces plus hygiéniques. «J'ai aussi signé un papier dans lequel je m'engage à ne pas laisser les citoyens toucher le pain que je dois servir moi-même avec des mains gantées», explique le commerçant.
Le pain est, depuis, posé dans une vitrine externe ouverte, mais le vendeur occupé dans son magasin est très souvent pris de court par des clients du quartier, non gantés qui se servent eux-mêmes… Une information de taille a cependant fait le tour de la zone ce week-end : le centre commercial Carrefour a fermé tous les commerces (vêtements et autres) mais garde ouverts ses stands d'alimentation où le pain est vendu enveloppé dans des sacs en papier. Vendredi, à 12h, une longue file est postée dans l'attente de l'ouverture de la troisième fournée de la matinée. Les clients emportent le précieux produit et retournent se cloîtrer chez eux. Les quartiers de ces localités demeureront désertés jusqu'en début de soirée. Aux portes des immeubles, de petits groupes se forment, des mères se promènent avec des bébés dans des poussettes, des jeunes font la queue sans respect de la distance obligatoire devant un fast-food…
La circulation routière sur la rocade nord demeure également assez importante. Pas d'embouteillages, pas de ralenti, mais, en revanche, des va-et-vient incessants de véhicules. Deux cortèges, accompagnant, on ne sait où, des mariés, klaxonnent…
Les célèbres Sablettes sont plongées dans le noir, pas âme qui vive. Un peu plus loin, la pompe à essence habituellement très fréquentée est totalement vide. Des mètres plus loin, des policiers qui dressent un barrage ne ralentissent pas la circulation. La station de bus Tafourah affiche aussi vide. Officiellement, l'interdiction de circuler faite aux transports n'entrera pourtant en application que ce dimanche à 1h du matin.
Plus loin encore, aux abords de la Grande-Poste, une immense affiche comportant les gestes à adopter pour se préserver de l'épidémie de coronavirus attire inévitablement l'attention. Les rues sont désertes. Un peu partout, des groupes de jeunes, soigneusement protégés, lavent à grande eau leurs immeubles. Dans la journée, le centre-ville a été aussi le théâtre de nombreuses opérations de nettoyage menées par des bénévoles. Jusque tard dans la nuit, des équipes de la Wilaya d'Alger désinfectent bâtisses et pavés.
Des scènes plus particulières se déroulent sur le front de mer. Le Tarik Ibn Zyad est toujours à quai et attire pas mal de curieux. Des femmes accompagnées d'enfants (pas protégés) filment le célèbre ferry. Les aînées expliquent aux plus jeunes que tous les passagers en provenance de Marseille ont été confinés dans des hôtels. Un véhicule s'arrête. Trois hommes accompagnés d'une dame âgée en descendent. «Des membres de notre famille seraient encore à bord», expliquent ces derniers.
Un passant filme longuement le front de mer, les navires, le sol mouillé par les produits désinfectants qui viennent d'y être déversés et le Tarik Ibn Zyad, une attraction, sans doute la seule en ces temps d'ennuis… Car, plus loin, il n'y a plus rien. Le square Port-Saïd est plongé dans l'obscurité, vide, les stations de bus désertes. Et il en sera ainsi tout au long de la route qui mène vers le quartier d'El-Biar où de nombreuses rôtisseries demeurent cependant ouvertes. Aucun client attablé, les volailles sont emportées.
Toutes les pizzerias sont également ouvertes, personne aux tables, «on emporte» ici aussi. Des parents cèdent face aux pleurs d'enfants qui réclament un verre de jus et un morceau de «garentita». Adossé à la porte de son immeuble, un homme révolté filme les scènes qui se déroulent sous ses yeux. Il déplore le manque de conscience et cite le nom de cafés encore bondés de monde dans ce quartier. Il est près de 20h, le café qui fait face à la place Kennedy affiche en effet complet. Les clients se plaignent du manque de pluie «qui aurait nettoyé la ville», de La Mecque «interdite aux musulmans» de la conséquence de l'utilisation abusive de la «Javel sur les vêtements»… Le muezzin appelle à la prière d'el icha, il demande aux fidèles de ne pas se déplacer aux mosquées et d'accomplir leur devoir chez eux. La nuit est tombée, plus rien ne bouge à Alger.
Au réveil, ce samedi matin, les Algérois se hâtent plus que d'habitude à effectuer leurs courses. Beaucoup de commerces sont encore fermés à la mi-journée. Les nouveaux décès enregistrés ce week-end, les images choquantes de la situation qui prévaut à travers les pays très affectés par le coronavirus, les appels de médecins diffusés via les réseaux sociaux, l'approche de l'heure fixée par le président de la République pour l'application de nouvelles mesures visant à endiguer le mal font leur effet. L'activité est notablement réduite. La décision de fermeture immédiate des cafés et restaurants annoncée en début de matinée par la Wilaya fait rapidement le tour de la ville.
A Sidi-Yahia, tous les commerces et nombreux lieux de restauration ont déjà fermé avant 13 h. Alger plonge lentement mais sûrement dans le confinement...
A. C.


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