Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique, Lyes Merabet, tire la sonnette d'alarme et appelle à l'instauration, le plus tôt possible, du confinement total de la population au risque de se retrouver face à une situation incontrôlable. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Plus de temps à perdre. « Il faut aller vers un confinement général et strict », exhorte le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), Lyes Merabet. Intervenant hier, lundi, dans l'émission radiophonique «l'Invité de la rédaction», il a fait part d'une situation qui n'augure rien de bon. Selon lui, l'état d'urgence doit être décrété par les hautes autorités du pays, en sachant que le stade 3 de l'épidémie est désormais franchi par l'Algérie. Sans quoi, la propagation du virus «se fera plus virulente et plus rapide dans les jours qui viennent», prévient-il. La nécessité du confinement, dit-il, s'impose aujourd'hui d'elle-même. Le confinement de la population doit commencer rigoureusement dans les régions endémiques à l'image de Blida, avant de s'étendre au reste du territoire, a-t-il insisté. Aussi, poursuit-il, il est impératif de limiter au maximum les déplacements des citoyens, car c'est ce qui renforce la chaîne de transmission du virus. Lyes Merabet souligne, toutefois, que cette première mesure doit être accompagnée par un large dépistage de la population, comme vu en Chine, en Corée du Sud, à Singapour et à Taïwan. «Il faut détecter tous les cas suspects et isoler les personnes malades de la population saine», a-t-il expliqué. S'appuyant sur l'exemple des pays cités, il précisera que c'est grâce à ces deux procédés que l'épidémie a pu être «contenue». Cela étant, Lyes Merabet se dit conscient par rapport au fait que l'Algérie n'ait pas les moyens de réaliser un dépistage aussi large soit-il, au vu de la pression qui pèse déjà sur l'Institut Pasteur. Sans parler du fait que le dispositif lié au diagnostic n'est pas efficace, en sachant que les résultats ne sont prêts qu'au bout de 3 à 4 jours, vu le flux important des cas testés tous les jours. Si la situation perdure, «il faut s'attendre au pire», alerte Lyes Merabet. Dans ce contexte, le praticien remet, encore une fois, en cause le système de santé algérien. «Au risque de me répéter, il faut dire que les réformes annoncées depuis 10 ans n'ont pas été accompagnées par une volonté politique et on le voit aujourd'hui.» Il y a quelques années, rappelle-t-il, après l'apparition de la grippe aviaire, l'OMS avait alors mis en place une série de recommandations pour tous les pays. «Inutile de faire remarquer que l'Algérie n'a pris compte d'aucune de ces directives», regrette-t-il. Lyes Merabet tient à faire savoir que les professionnels de la santé sont aujourd'hui exposés à un grand danger, du fait «qu'ils ne disposent pas des moyens les plus basiques pour prendre en charge les malades ». Il déplore, dans ce sens, l'indisponibilité des produits consommables obligatoires dans les structures de santé, en temps d'épidémie qui plus est. «On constate ainsi l'absence des masques FFP2, des gants chirurgicaux, des combinaisons imperméables ou encore de lunettes de protection…». Le président du SNPSP s'en remet au chef de l'Etat en l'appelant à prendre des décisions par anticipation et rapidement. Pour lui, il faut empêcher les scénarios italien, espagnol et français de se reproduire. D'autant plus que «notre système de santé est beaucoup moins performant que les leurs», a-t-il ajouté. Il soutient que le bilan s'alourdit de plus en plus et que le nombre de décès enregistré en Algérie est beaucoup trop élevé par rapport au nombre de cas détectés positifs au coronavirus, soit 9%, tandis que dans les pays européens, le pourcentage de mortalité est de 3%. Des chiffres qui illustrent la gravité de la situation, selon lui. Lyes Merabet se dit inquiet et s'attend à une propagation plus large du virus. Il insiste, par conséquent, sur l'urgence de soumettre la population à un confinement total, dans l'espoir de ralentir la courbe ascendante de l'évolution de cette épidémie. M. Z.