On ne compte plus les dommages collatéraux produits à l'échelle mondiale par la pandémie de coronavirus. Sur le plan économique, c'est l'alerte générale tant les équilibres menacent de donner lieu à des crises dont les effets mettront des mois, voire des années dans certains secteurs, pour s'estomper et à quel prix ! Si les marchés des matières premières n'ont pas mis longtemps à se retrouver quasiment sur les genoux, les fondamentaux ayant été mis à mal dans un laps de temps n'ayant pas permis de se prémunir, il est par contre d'autres secteurs de l'économie mondiale qui résistent tant bien que mal, même si le spectre de la crise se fait plus menaçant. Il en est ainsi des marchés des produits alimentaires qui subissent une situation d'urgence absolue comme le révèle le ton du communiqué de la Food and Agriculture Organisation (FAO), l'organisation onusienne pour l'alimentation et l'agriculture, relayé par l'agence africaine d'information économique, Ecofin, dans la soirée de lundi. L'organisation rattachée à l'ONU a fait, en effet, état de sa crainte d'une flambée des prix des produits alimentaires si ce qu'elle appelle «les achats paniques» se poursuivaient dans le contexte de la pandémie de coronavirus. Des millions de personnes se ruent sur les étals des produits alimentaires à travers tous les pays, la FAO redoute désormais que les grands importateurs privés ou les gouvernements emboîtent le pas aux consommateurs en se ruant sur les denrées de base sur fond de crainte de pénuries dans les prochains mois. «Il ne s'agit pas d'un problème d'offre, mais plutôt d'un changement de comportement vis-à-vis de la sécurité alimentaire», a expliqué M. Abdolreza Abbassian, économiste en chef à la FAO, dont les propos sont rapportés par l'agence africaine d'information économique qui prédit «une crise alimentaire mondiale alors que les stocks de céréales sont à des niveaux confortables», si jamais ce comportement perdurait encore quelques jours parce qu'«il ne s'agit pas d'un problème d'offre, mais plutôt d'un changement de comportement vis-à-vis de la sécurité alimentaire», a expliqué M. Abassian avant que l'agence Ecofin nous rappelle que les stocks de blé devraient atteindre à la fin de cette année une quantité globale de 287,14 millions de tonnes contre 277,6 millions de tonnes un an plus tôt. Les stocks de riz sont, pour leur part, prévus pour s'élever à 182,3 millions de tonnes en 2020, après avoir atteint 175,3 millions de tonnes l'année dernières, selon les chiffres du Département américain de l'Agriculture (USDA). C'est dans ce contexte très particulier que l'Algérie, par ailleurs, à travers l'Office interprofessionnel des céréales (OAIC), a lancé il y a quelques jours à peine un avis d'appel d'offres international, valable jusqu'à ce mercredi, pour l'achat de 50 000 tonnes de blé tendre, selon l'agence Reuters, alors que les autorités du pays ont établi une liste de 17 produits stratégiques, médicaux et alimentaires, désormais interdits à l'exportation, et ce, jusqu'à la fin de la crise sanitaire qui secoue le monde. La liste en question est composée de la semoule, la farine, les légumes secs et le riz, les pâtes alimentaires, les huiles, le sucre, le café, l'eau minérale, le concentré de tomates, les préparations alimentaires, tous les produits laitiers, y compris ceux destinés aux enfants, les légumes et les fruits frais, les viandes rouges et blanches, les équipements médicaux et paramédicaux, les médicaments et les produits pharmaceutiques, les produits d'hygiène corporelle et les détergents ménagers. Azedine Maktour