La vague de chaleur dans la région de la mer Noire en Russie, qui a pris fin cette semaine, a détruit environ un quart des récoltes de céréales et entraîné un arrêt des exportations. L'Ukraine est également sur le point d'imposer des quotas d'exportations, une réaction que les courtiers jugent exagérée. Abdolreza Abbassian, analyste du marché des céréales et économiste à la FAO a indiqué à Reuters lors d'une interview téléphonique qu'il s'attendait à ce que les cours du blé restent élevés et volatiles dans les mois à venir mais qu'ils ne risquaient pas de provoquer une inflation mondiale. «Nous faisons face à ce problème (de baisse de la production) cette année en ayant recours aux stocks (...). A mesure que les stocks diminueront, nous allons avoir davantage de volatilité qu'aujourd'hui», a-t-il déclaré. «Il est un peu trop tôt pour parler d'inflation (prix des produits) alimentaires alors que l'essentiel de l'augmentation affecte le blé», a ajouté le spécialiste. En août, les contrats à termes sur le blé à Chicago ont touché un plus haut d'environ deux ans, atteignant 8,41 dollars le boisseau après un mouvement haussier de deux mois dû à la sécheresse en Russie. Ils ont ensuite baissé de façon importante, sous les sept dollars le boisseau. Les acheteurs comme l'Egypte, le plus grand importateur mondial de blé, commencent à se tourner vers les Etats-Unis qui disposent d'importantes réserves. Les cours ont été portés jeudi par des commentaires d'analystes et de courtiers selon lesquels la Russie pourrait devenir un importateur considérable de blé cette saison, une information toutefois démentie vendredi par les autorités russes. «Nos propres récoltes sont suffisantes. Cette rumeur est propagée aux fins de servir les intérêts d'un groupe de traders malhonnêtes (...)», a déclaré vendredi un porte-parole du ministère russe de l'Agriculture. Parallèlement, un représentant du ministère de l'Agriculture ukrainien a dit que son gouvernement était ouvert à un ajustements des quotas d'exportations après discussions avec les courtiers et en fonction des conditions de marché. Ces quotas doivent être définitivement fixés lors d'une réunion du gouvernement le 25 août. Prévisions abaissées Abdolreza Abbassian estime par ailleurs que la production de blé russe devrait être de 42 à 43 millions de tonnes en 2010, ce qui représenterait une baisse de 20 millions de tonnes environ par rapport à 2009. La FAO est sur le point d'abaisser ses prévisions de production mondiale de blé en 2010, a-t-il prévenu. L'indice de la FAO des prix alimentaires, qui mesure l'évolution des cours internationaux d'un panier de produits, devrait afficher une hausse en août par rapport à juillet, mois lors duquel il avait atteint un plus haut de cinq mois. L'indice devrait continuer à progresser lors des deux à trois prochains mois, a précisé l'économiste. Il prévoit que la hausse du mois d'août sera portée par les céréales, le sucre, les huiles végétales et les matières grasses. En outre, si le mauvais temps persiste en Russie et touche les autres producteurs majeurs dans l'hémisphère nord, au moment où ils préparent leurs cultures hivernales, la prochaine saison de production de blé dans le monde pourrait être menacée, a-t-il dit. Il a ajouté que cette éventualité restait «très mince» pour l'instant, les conditions climatiques semblant s'améliorer en Russie.