Les avocats qui se sont déplacés, hier mercredi, à la prison de Koléa (Tipasa) pour prendre les nouvelles de Karim Tabbou, condamné avant-hier mardi par la cour d'Alger, n'ont pas pu le voir. Le prétexte était que Tabbou, pris d'un malaise devant le juge, était toujours à l'infirmerie. C'est ce qu'a annoncé le frère du détenu. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le procès en appel d'avant-hier de Karim Tabbou, qui a vu s'alourdir sa peine de prison à un an ferme alors qu'il devait quitter la prison aujourd'hui ,a suscité une vague d'indignation et de dénonciations des partis politiques et organisations de la société civile qui ont condamné une détention arbitraire et une peine autoritaire. Les forces du Pacte de l'alternative démocratique (PAD) estiment, dans un communiqué rendu public hier, qu'« aucun doute n'est permis sur la volonté des pouvoirs de l'ombre d'accélérer les menées des forces attachées au maintien du système, jusque-là contrecarrées par la forte mobilisation populaire ». Avant d'ajouter : « A deux jours de sa libération, Karim Tabbou vient d'être victime d'un véritable rapt de la prison de Koléa pour être livré à un juge aux ordres pour prolonger sa peine de six mois supplémentaires , au lieu et place du sursis que lui avait décerné le juge de première instance .» Le PAD conclura que « l'arbitraire qui vient de frapper à nouveau Karim Tabbou constitue une provocation au moment où le pays a besoin de sérénité pour affronter les conséquences de l'épidémie du Covid-19». Le parti Jil Jadid de Soufiane Djilali a affirmé que la nouvelle condamnation de Karim Tabbou par le tribunal en appel « n'est ni compréhensible dans le fond, ni acceptable dans la forme. Selon le témoignage de nombreux avocats, le procès a été programmé à l'insu du prévenu et s'est déroulé sans la présence de ses avocats et en dehors du respect de la loi ». Le parti de Soufiane Djilali ajoutera que « le verdict qui aggrave celui de première instance est d'autant plus choquant que les enfants, la famille et les proches de Karim Tabbou s'apprêtaient à le retrouver libre dans les heures qui suivent » et estimera que la décision du tribunal « est tout simplement une provocation ». Le FFS, par la voie de son premier secrétaire Hakim Belahcel ,a dénoncé un « grave dérapage judiciaire », exigeant que toute la lumière soit faite sur les dessous de cette nouvelle affaire et surtout sur l'état de santé de Karim Tabbou, « victime de l'arbitraire et de l'acharnement judiciaire». Le RCD a condamné ce qu'il qualifie d'une « dérive effroyable et inédite » alors que le PT s'est interrogé sur la signification du procès, appelant à la libération de Tabbou et des autres détenus d'opinion. K. A.