Retournement de situation. Karim Tabbou, qui devait quitter la prison de Koléa demain, après avoir purgé une peine d'un an de prison dont six mois fermes, prononcée par le juge du tribunal de Sidi-M'hamed, a vu sa peine alourdie, hier, par le juge de la cour d'Alger, devant lequel le prévenu a eu un malaise. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Karim Tabbou a été présenté, hier matin, à la cour d'Alger, suite à un appel introduit par le procureur du tribunal de Sidi-M'hamed qui conteste la peine d'un an de prison dont six mois fermes prononcée par le juge. Il a été présenté devant le juge sans que ses avocats soient informés, a dénoncé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) et plusieurs avocats du détenu. Face au juge, Karim Tabbou a refusé de comparaître sans la présence de la défense. Mais le juge ne voulait rien entendre. Suite à quoi, le prévenu a été pris d'un malaise et transféré à l'infirmerie du tribunal, a annoncé l'avocat Abdelghani Badi. Le juge, qui a rejeté les demandes du report du procès, finira par durcir la peine, condamnant Karim Tabbou à un an de prison ferme. Une décision qui a scandalisé les avocats et les organisations de la société civile. La Laddh, aile Zehouane, a dénoncé dans un communiqué un «procès programmé en catimini», un «précédent grave» et un «acharnement contre le prévenu dans un contexte de trêve sanitaire observée par le Hirak». «Scandaleux et très dangereux. En l'absence de Karim Tabbou et de la défense, le juge le condamne à une année de prison ferme», a réagi, pour sa part, Djaâfar Tabbou, frère du porte-parole de l'UDS. Ainsi, Karim Tabbou ne sortira pas de la prison demain comme prévu. Poursuivi pour atteinte à l'unité nationale et atteinte au moral de l'armée, Karim Tabbou doit purger encore six mois de prison. Par ailleurs, le procès du président de RAJ, Abdelouahab Fersaoui, arrêté le 10 novembre 2019 et placé en détention provisoire à la prison d'El-Harrach, s'est déroulé avant-hier au tribunal de Sidi-M'hamed dans un climat lourd, en raison du coronavirus. Dans la salle d'audience, il y avait à peine quelques avocats venus assurer sa défense. Poursuivi pour «atteinte à l'unité nationale», Fersaoui s'est défendu et rejeté l'accusation, soutenant que «l'unité nationale était une ligne rouge pour lui et pour l'association qu'il préside». Le procureur de la République a requis une peine de deux ans de prison ferme et une amende de 100 000 DA. Le verdict sera rendu le 6 avril prochain. Les avocats du prévenu et les membres de l'association ont, eux aussi, rejeté les accusations, exigeant la relaxe du président de RAJ. En attendant, la chambre d'accusation près la cour de Ruisseau à Alger examinera aujourd'hui la demande de libération provisoire des deux détenus Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, arrêtés lors de la marche du samedi 14 mars à Alger, a annoncé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). La même source a ajouté que le procès en appel de l'activiste Fodil Boumala est programmé pour le mardi 14 avril à la cour d'Alger. Pour rappel, Fodil Boumala a été relaxé le 1er mars au tribunal de Dar-el-Beïda d'Alger, et le procureur a fait appel quelques jours plus tard. K. A.