Jusque-là seul à effectuer le dépistage du coronavirus, l'Institut Pasteur se tourne vers les laboratoires privés pour les mettre à contribution. En dépit de la multiplication des cas, l'Algérie n'a toujours pas adopté de démarche en faveur du dépistage massif. L'Institut Pasteur n'effectue pas plus de 200 tests par jour. L'OMS préconise pourtant un dépistage à grande échelle, estimant qu'il constitue la meilleure « stratégie d'attaque ». Nawal Imès - Alger (Le Soir) - En pleine expansion de l'épidémie de coronavirus, l'Algérie n'arrive à effectuer qu'une moyenne de 200 tests par jour. Ne sont soumises au test que les personnes présentant déjà des symptômes ou celles ayant un lien avec des personnes ayant déjà été contaminées. C'est jusque-là la stratégie mise en place par les autorités sanitaires qui ne privilégient pas encore le dépistage massif. Et pour cause, les capacités de dépistage sont très limitées. L'Institut Pasteur, à qui la mission a été dévolue, reçoit entre 100 et 200 échantillons par jour. 10% d'entre eux sont suspectés d'être porteurs du coronavirus. Même en renforçant ses capacités, l'Institut Pasteur n'est en mesure de faire que 400 tests quotidiennement. Avec l'ouverture d'annexes à Constantine, Oran et Ouargla et le stock de 17 000 réactifs qui sont disponibles à son niveau, l'Institut Pasteur espère augmenter sa capacité. Pour ce faire, il vient également de lancer un avis aux laboratoires d'analyses privés , dans lequel il porte à leur connaissance que tout laboratoire disposant des produits nécessaires et d'équipements de sécurité est « en mesure d'effectuer le diagnostic du coronavirus ». La liste des produits exigés comporte les réactifs, les équipements, les consommables ainsi que le matériel d'hygiène et de sécurité nécessaire à la réalisation du diagnostic. Il s'agit, entre autres, de blouses, de sur-blouses, de sur-chaussures, de masque FFP2, de gants nitrile et de charlottes à usage unique. L'Institut Pasteur précise que « ses équipes sont disposées à accompagner ces laboratoires pour le démarrage de l'activité, en apportant tout conseil ou orientation nécessaires » ,tout en rappelant que les résultats du diagnostic doivent être obligatoirement validés par un microbiologiste. Si pour l'heure, les laboratoires privés n'ont pas montré d'empressement à adhérer à cet appel, cela reste l'unique moyen de revoir à la hausse les capacités de dépistage de l'Algérie qui restent jusque-là très faibles. Beaucoup de pays qui avaient au début de l'épidémie opté pour un dépistage ciblé ont fini par privilégier une autre approche face à la prolifération rapide des cas de coronavirus. Par la voix de son premier responsable, l'Organisation mondiale de la santé, l'OMS, a lancé un message sans ambiguïté aucune : «Testez, testez ,testez. Il s'agit d'une maladie grave .» Pour l'OMS, il s'agit d'intensifier les tests de dépistage comme meilleur moyen de ralentir la progression de cette pandémie. « Pour gagner, nous devons attaquer le virus avec des tactiques agressives et ciblées. Il faut tester chaque cas suspect, isoler et soigner chaque cas confirmé, et suivre et mettre en quarantaine chaque contact étroit .» Le confinement, s'il a prouvé son efficacité selon les experts de l'OMS, reste une stratégie de défense, et ils préconisent, en revanche, une réponse basée sur une plus grande offensive. Ces mises en garde sont claires : la pandémie de Covid-19 ne sera pas stoppée si l'on n'arrive pas à savoir qui est infecté par le virus. N. I.