Le professeur Djamel-Eddine Nibouche est catégorique. Le traitement à la chloroquine ne doit pas se limiter aux formes graves des personnes infectées au coronavirus Covid-19. Il estime que ce médicament doit être administré très tôt aux malades, au moindre signe, mais aussi prescrit à titre prophylactique pour le personnel médical. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Pour le professeur Djamel-Eddine Nibouche, chef de service cardiologie à l'hôpital Nafissa-Hamoud (ex-Parnet) à Alger, l'adoption par l'Algérie du protocole de traitement du coronavirus à la chloroquine est une décision «courageuse». «C'est une excellente initiative et un espoir colossal pour pouvoir endiguer l'épidémie», a-t-il soutenu hier mercredi, sur les ondes de la Radio Chaîne 3. Il a paradoxalement précisé que les expériences chinoise et française sur ce médicament sont loin d'être des essais cliniques. «C'est une étude de cas qui n'est pas valable sur le plan scientifique. Il faudrait qu'il y ait des études de longue envergure et des essais cliniques qui peuvent donner des conclusions sur l'efficacité de ce médicament, le degré de son efficacité, ses effets secondaires et les indications thérapeutiques. Ce travail est en train de se faire, et j'espère que les résultats seront positifs», précise-t-il. Pourtant, le Pr Nibouche a appelé à administrer ce produit aux malades atteints du Covid-19. «Certes, ce ne sont pas des conclusions d'essais cliniques, mais les chercheurs ont donné un signal. On commence toujours par des études de petite envergure sur quelques malades et on remarque s'il y a un signal positif», dit-il. Selon lui, les expériences sur la chloroquine ont justement émis un signal «très positif». «Etant donné qu'il s'agit d'une pandémie mondiale, il est impensable de ne pas utiliser ce médicament qui a donné un signal positif !» dit-il encore. Le spécialiste estime, à cet effet, que ce produit ne doit pas être réservé uniquement aux sujets qui sont en stade très avancé de cette maladie avec une détresse respiratoire. Il a plaidé pour élargir le traitement à la chloroquine à toutes les personnes atteintes de Covid-19, afin de leur éviter l'insuffisance respiratoire. «Il faut absolument traiter les malades qui commencent à être infectés pour qu'ils n'évoluent pas vers une forme grave. Nous ne disposons pas de beaucoup de moyens comme les pays développés. Nous devons donc traiter très tôt, au moindre signe, pour essayer de diminuer l'incidence des malades graves, car nous ne pourrons pas les prendre en charge. Ils seront très nombreux», explique-t-il. Le personnel de santé, une priorité Le chef de service cardiologie à l'hôpital Nafissa-Hamoud insiste sur le traitement du personnel de la santé à la chloroquine à titre préventif. Pour lui, il est prioritaire puisqu'il est en contact avec les malades infectés. «Ce médicament est administré à titre prophylactique aux personnes qui voyagent dans des milieux de paludisme. Pourquoi alors ne pas le donner aux sujets qui sont à très haut risque de développer le Covid-19, comme le personnel soignant qui est en contact avec ce virus ? » s'interroge-t-il. Il a également plaidé pour le dépistage du personnel de santé qui a été en contact avec des cas infectés. «Les tests de pistage doivent être disponibles pour tout le personnel de santé pour effectuer un test immédiat. Il faut que ce personnel soit préservé au maximum, afin qu'il puisse assurer la prise en charge des malades», dit-il. Quant aux personnes âgées et aux patients atteints de maladies chroniques, le Pr Nibouche préconise le confinement total. «Il faut un confinement obligatoire des personnes âgées, et ne pas leur rendre visite. Lorsqu'on est diabétique, hypertendu ou immunodéprimé, il faut absolument s'isoler. Être confiné n'est pas recevoir de la famille à la maison. Il ne faut pas être en contact avec l'extérieur», explique-t-il. Ry. N.