Recourir à un dépistage de masse de la population en ce moment n'arrêtera en rien l'expansion du Covid-19. C'est, là, le dire de Mohamed Belhocine, membre du comité scientifique de crise au ministère de la Santé, qui est intervenu hier lundi sur la Radio Chaîne 3. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Argumentant son propos, cet ancien cadre de l'OMS ayant pris part à la lutte contre l'épidémie d'Ebola en Afrique a expliqué au préalable que « le confinement, l'hygiène stricte des mains et le respect de la distanciation sociale » sont des éléments essentiels pour casser la chaîne de transmission du virus. A côté, insiste-t-il, « il est important de mettre en place une approche ciblée » en matière de diagnostic. Par conséquent, « un cas confirmé de Covid-19 doit systématiquement donner lieu à une enquête épidémiologique de type policier », a-t-il soutenu. Le but est de tracer toutes les personnes ayant été en contact avec le sujet atteint de Covid-19, pour ensuite lister à nouveau les autres personnes ayant été en contact avec ces dernières, « une technique appelée le tracing », précise Mohamed Belhocine. Après cette étape, toutes les personnes répertoriées seront mises à l'isolement et contrôlées quotidiennement pendant une période de 15 jours. « Toutes celles qui présenteraient des symptômes pourront ainsi être testées », a-t-il souligné. Evoquant le confinement partiel comme mesure pour diminuer la propagation du virus, Mohamed Belhocine tient à faire savoir que le confinement partiel donnera certainement des résultats mais « partiellement. La courbe de propagation peut être aplatie certes , mais en aucun cas arrêter le processus de contamination », précise-t-il. En ce qui concerne le confinement total, en tant qu'épidémiologiste, Mohamed Belhocine explique que ce serait l'idéal. Cela dit, « une batterie de mesures doit absolument être accompagnée à une telle disposition ». Il se demande, de ce fait, « si les autorités peuvent garantir aux citoyens la continuité des services publics et de la vie des foyers ». Il rappelle, à ce titre, qu'en Chine, par exemple, lors de l'apparition du Sras, la population a fait l'objet d'un confinement absolu, « mais les autorités ont mis en place un système militaire permettant d'approvisionner tous les foyers sans exception ». Un tel dispositif, explique-t-il, serait très complexe, voire impossible à installer en Algérie. « Voilà pourquoi on ne peut imposer un confinement total à la population ». Pour lui, « le confinement total est la béquille de contrôle de l'épidémie faute de solution médicale ». L'expert international tient dans ce sens à insister sur l'importance de respecter le confinement même partiel, mais surtout de « se laver les mains autant que possible et de se tenir éloigné les uns des autres pendant quelque temps ». Dans ce contexte, Mohamed Belhocine a été interpellé sur l'opportunité de porter un masque, notamment après que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ait décrété ce port obligatoire. Il rappellera d'abord que les directives de l'OMS sont en constante évolution et changement. Le fait est qu'aujourd'hui, « on sait que le virus est transmis par la toux, plus précisément par des gouttelettes de salive qui se transmettent par l'air », explique-t-il, soutenant qu'il est essentiel de le porter et qu'au pire, il y a possibilité de le confectionner soi-même à la maison. Ainsi, comme les personnes asymptomatiques mais contagieuses sont plus nombreuses que celles qui présentent des signes visibles de la maladie, « le port d'un masque ou d'une bavette contribuera à limiter les risques de contamination, c'est certain », avance-t-il. Revenant sur l'état des lieux de l'évolution de l'épidémie en Algérie, il relève que la « situation est très sérieuse », et que la courbe de propagation du virus varie d'un pays à un autre. Ce qui dépend des moyens dont dispose chacun d'entre eux. La situation est d'autant plus alarmante, dit- il, pour les pays qui ne disposent pas d'infrastructures adaptées, ni même des moyens de lutte les plus élémentaires. S'agissant de la cadence de propagation en Algérie, Mohamed Belhocine tient à faire savoir que « le pic des cas infectés ne sera pas atteint avant plusieurs jours ». Le seul comportement à adopter, selon lui, vu la situation, « est de respecter à la lettre » les consignes sanitaires et sécuritaires, dont le confinement partiel ainsi que la distanciation sociale. M. Z.