De notre correspondante à Rome, Aicha Abdeslem De mémoire d'Italiens, les fêtes pascales n'ont jamais été aussi tristes et insipides. Pas de repas en famille, ni messes dans les églises. Même le pape François a officié en solitude le rite de la Via Crucis. Enfermés chez eux, les chrétiens en Italie passeront ces fêtes partagés entre désarroi et espoir pour le futur. Le souvenir de Pâques 2020 sera longtemps lié, pour les chrétiens du monde, à l'image d'un pape qui célèbre la traditionnelle Via Crucis, le soir du vendredi saint, dans une place Saint-Pierre vide, bien qu'illuminée pour l'occasion. Sans fidèles pour l'écouter de vive voix, le souverain pontife a prié en silence, lors de cette cérémonie transmise dans le monde entier. L'adage italien qui récite «Noël avec les tiens et Pâques avec qui tu veux» n'est plus d'actualité en ce deuxième mois de confinement drastique imposé par le gouvernement. Reclus chez eux, les Italiens, dont la majorité est de confession catholique, célèbrent Pâques dans la simplicité et l'angoisse suscitée par une pandémie que le gouvernement peine à juguler. Et bien que les derniers bilans plaident pour une diminution lente mais progressive du nombre de victimes et de contaminés au Covid-19, les autorités italiennes ne veulent pas encore alléger les restrictions auxquelles les habitants de la péninsule sont tenus depuis le 8 mars dernier. A la veille de Pâques, le président du Conseil italien Giuseppe Conte a annoncé que le confinement sera prolongé jusqu'au 4 mai, ce qui fera deux mois de dures restrictions pour les habitants de la péninsule. Quelques assouplissements tout de même pour rassurer : l'autorisation d'ouvrir à nouveau les librairies, les boutiques pour habillement d'enfants et articles scolaires, ainsi que quelques activités productives comme celle de la coupe du bois. Par contre, les écoles devraient restées fermées jusqu'à la fin de l'année scolaire. Les services de l'ordre italiens sont fortement mobilisés pour veiller au respect des ordonnances interdisant les déplacements, car on se trouve à la veille de deux autres festivités, celle du travail célébrée le 1er Mai et avant, la fête de la Libération de l'Italie qui sera célébrée le 25 avril. La police craint un mouvement massif de voyageurs vers des lieux de villégiature comme il est de coutume. Le gouvernement a émis une communication adressée aux préfectures, les mettant en garde contre un climat de tension qui pourrait s'instaurer face au refus de certains d'obtempérer aux limitations de déplacements. Mais toutes les familles italiennes n'auront pas le cœur à fêter, car endeuillées par la mort de proches contaminés au coronavirus, et dont le nombre global sur le territoire italien a atteint les 18 849 personnes, sur un total de 98 273 personnes atteintes par la maladie, chiffres annoncés le 10 avril dernier. Par ailleurs, la presse italienne a ouvert la boîte de pandore sur le sort de centaines de pensionnaires de maison de repos, décédés dans des conditions suspectes après que certains hôpitaux, saturés, y ont transféré des malades positifs au Covid-19. A. A.