C'est un Ramadhan inédit que les Algériens s'apprêtent à vivre. En effet, le mois de jeûne 2020 ne ressemblera à aucun des précédents. L'observation du confinement nécessaire pour éviter la propagation du coronavirus Covid-19 affectera tous les aspects du rite ramadanesque : le repas du f'tour se fera en privé, les traditionnelles soirées seront restreintes, et les prières se tiendront à domicile. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Préparons-nous à vivre un mois de Ramadhan pas comme les autres. Intervenant en pleine pandémie de coronavirus, la «nuit du doute», fixée au jeudi 23 avril, verra-t-elle, comme à l'accoutumée, son comité réuni ou sera-t-il cette année restreint ? Les mesures barrières pour éviter la propagation du Covid-19 imposent justement de réduire au maximum tous contacts et rassemblements. Le mois de jeûne 2020 sera ainsi marqué par un manque de dimension collective. Dans les foyers, les conseils prodigués en temps normal restent valables pour le mois de Ramadhan. Cette année, les invitations et les déplacements sont à bannir. Plus de retrouvailles familiales ou amicales autour du f'tour. Le repas de rupture du jeûne doit être pris en privé. Certes, l'ambiance sera moins ramadanesque, mais la santé et la prévention priment. Idem pour les traditionnelles soirées conviviales entre familles et amis. Confinement et couvre-feu obligent, les Algériens sont sommés de rester chez eux. Pour maintenir les liens, les nouvelles technologies sont à la rescousse. Place aux appels téléphoniques et aux réseaux sociaux, notamment avec les gratuités offertes par les différents opérateurs de télécommunications durant le mois de jeûne. Pour les longues soirées, les programmes télé et les divertissements numériques peuvent toujours faire l'affaire. Veiller autour d'une meïda de thé, café, jus et de gâteaux est aussi une autre option. Seulement, point de qalb elouz, baqlawa, q'tayef ou encore la fameuse z'labia de Boufarik. Les pâtisseries et les magasins spécialisés dans la préparation de ce type de friandises sont fermés, et ce, bien avant le confinement. Les gâteaux faits maison seront alors à l'honneur, mais seuls les cordons-bleus pourraient régaler leur famille en ces temps de «pénurie» de toutes ces confiseries spécial Ramadhan. Toujours est-il, consommer avec modération est de mise ! Les médecins insistent sur l'adaptation de son alimentation à ses efforts et de ne pas manger au-delà, surtout avec l'activité professionnelle et sportive qui est à l'arrêt. Pratiques religieuses en mode confinement Fermées depuis le 17 mars dernier, les mosquées ne feront pas l'exception pour ce mois de Ramadhan. L'accès à ces lieux de culte reste interdit en cette période de pandémie de coronavirus. Seul l'appel à la prière (el adhan) est maintenu. Les pratiquants continueront à accomplir leurs prières journalières chez eux. Cette mesure préventive concerne également la prière des tarawih (prières surérogatoires quotidiennes du soir pendant le mois de Ramadhan). Son accomplissement ne se fera pas cette année à la mosquée comme le dicte le rite religieux. Pour remplacer l'organisation de repas de rupture du jeûne à l'adresse des personnes dans le besoin, par des organisations, associations ou particuliers, mais aussi la distribution du couffin de Ramadhan, habituellement assurée par les communes, le ministère du Commerce a pris les devants. Des caravanes de solidarité devraient être lancées pour venir en aide aux familles nécessiteuses à l'approche de ce mois, à travers les 48 wilayas du pays. Nombre de ces caravanes ont déjà atteint leur destination, notamment dans les wilayas de Boumerdès, Tizi-Ouzou, Adrar, Blida, Souk-Ahras, Guelma et Skikda. Même le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs a apporté sa touche. En autorisant d'avancer l'acquittement de l'aumône légale «Zakat», avant son terme d'une année, il permet d'aider une catégorie de citoyens à surmonter les difficultés du confinement imposé pour parer à la propagation du coronavirus. Cette conjoncture à laquelle s'adjoint le mois de Ramadhan a réduit justement les moyens de subsistance, causé par les conditions de confinement total ou partiel, surtout chez ceux qui dépendent essentiellement des revenus de leurs travaux quotidiens. Ry. N.