Les Algériens vont vivre, à partir de ce vendredi, un Ramadhan au goût bien particulier. Sans ambiance et… sans saveur. Pour cause, la pandémie de coronavirus qui a amené les autorités à prendre des mesures de protection pour préserver la santé publique. Avec le confinement partiel (15h-7h) décrété par le gouvernement dans un grand nombre de wilayas du pays pour lutter efficacement contre le Covid-19, les Algériens seront privés, à leur corps défendant, des belles soirées ramadhanesques qui font le charme du mois de jeûne. Pour ne prendre que l'exemple d'Alger, une ville qui n'a pas de vie nocturne digne d'une capitale, ce n'est que durant les nuits ramadhanesques que les Algérois veillent très tard, en se payant des moments de farniente et de distraction. Pour cause et contrairement aux autres mois de l'année, jamais les grands boulevards et les rues d'Alger ne sont aussi chatoyants et bondés que durant le mois de Ramadhan au grand bonheur des commerçants qui, trouvent là, une bonne occasion pour arrondir leur chiffre d'affaires. Avec cette crise sanitaire et le confinement, les Algériens seront privés de cette belle ambiance ramadhanesque, chaleureuse et joyeuse à souhait, et seront obligés de passer leurs soirées chez eux, en essayant de les meubler comme ils peuvent. Autre occupation bien ramadhanesque mais religieuse cette fois-ci dont se passeront cette année les Algériens, les gens pieux bien sûr, ce sont les fameux tarawih. Avec la fermeture des mosquées décidée par les autorités, il ne sera plus possible aux fidèles de faire cette prière collective. Même s'il regrette le fait que les fidèles doivent se passer de cette "pratique religieuse collective propre à l'Islam de l'Afrique du Nord", M. Boumediene, chercheur en pensée islamique, fait toutefois contre mauvaise fortune bon cœur, en trouvant du positif dans cette contrainte à prier chez eux que subiront les fidèles. "En priant chez eux avec les leurs, les fidèles vont raffermir les liens familiaux qui deviendront spirituels aussi et pas sociaux seulement", estime-t-il. Autre bienfait du confinement aux yeux de M. Boumediene : "Certaines tendances religieuses qui jusqu'ici profitaient du mois de Ramadhan pour propager leurs idées n'auront pas, cette année, cette opportunité." "Sur ce plan, on est à l'aise cette année", affirme le chercheur qui a tenu à rappeler que durant la décennie rouge, les terroristes avaient eux aussi profité de la mosquée et du mois de Ramadhan pour faire du prosélytisme en faveur de leur action subversive. Et justement pour contrer les charlatans d'ici et du Moyen-Orient qui propagent un Islam aux antipodes du nôtre notamment sur Internet, le ministère des Affaires religieuses a décidé d'investir Youtube et d'autres réseaux sociaux pour vulgariser le vrai Islam, en comptant sur l'engagement des savants algériens mais aussi de l'Arav pour lutter contre ce type de charlatanisme sur les réseaux sociaux. Ceci dit, M. Boumediene, n'écarte pas un petit allégement de l'horaire du début du confinement ; notamment à partir du 29 avril, qui, selon lui, pourrait être retardé jusqu'à 17 heures, au lieu de 15 heures actuellement.