La pandémie de coronavirus n'a ménagé aucun secteur d'activité, aucune industrie, pas une branche n'a échappé à cette terrible épreuve. L'impact est tel que toutes les industries ont effacé, d'un trait, plusieurs années d'évolution, comme c'est le cas notamment du transport aérien de voyageurs. Les restrictions de voyage imposées partout à travers le monde afin de lutter contre la propagation du coronavirus ont eu un impact direct sur les compagnies aériennes qui se sont retrouvées contraintes de clouer au sol leurs avions depuis plus de deux mois, maintenant. Une mesure évidemment lourde de conséquences qui s'est matérialisée déjà par le tarissement jusqu'au néant des trésoreries de centaines de compagnies s'étant, du coup, retrouvées devant la terrible décision de mettre au chômage des milliers de personnels. C'est ainsi que dans sa toute dernière analyse, l'Association internationale du transport aérien (IATA) s'est penchée sur la situation du transport aérien en Afrique pour aboutir à, entre autres conclusions, l'estimation du manque à gagner des compagnies africaines à 6 milliards de dollars, soit un déclin de 51% du chiffre d'affaires réalisé en 2019. Conséquence immédiate de cette chute drastique du chiffre d'affaires : 2 millions d'emplois directs et indirects sont menacés. Une réalité à laquelle résiste jusque-là la compagnie nationale Air Algérie, selon Amine Andaloussi, son responsable de la communication. «Il est évident qu'on est impactés par la situation, mais jusque-là, sur la question des emplois nous résistons. La menace est surtout réelle pour les emplois indirects parce qu'il faut savoir que pour un emploi direct, ce sont 24 indirects qui gravitent autour. Ces derniers ont été malheureusement impactés directement dès les premiers jours», explique le chargé de communication d'Air Algérie qui, toujours sur la question des emplois, affirme : «En définitive, quoi qu'il arrive, si des décisions doivent être prises, elles le seront avec l'implication du partenaire social et de la tutelle.» M. Andaloussi a également fait état de la maîtrise plus ou moins réussie à ce stade de la crise du volet trésorerie de la compagnie «grâce aux deux dernières années à plein régime que nous avons réalisées» et ce, même si la situation réelle n'est pas encore arrêtée du fait que l'audit n'est pas encore finalisé en raison, notamment, des remboursements de billets. A Air Algérie, on estime, selon son responsable de la communication, que malgré la lourdeur des charges fixes, la situation peut être gérée jusqu'en septembre. Un luxe que beaucoup de compagnies, même parmi les plus solides au monde, ne peuvent se permettre, mais comme pour la plupart des transporteurs aériens, Air Algérie devra prendre son mal en patience jusqu'en 2024 pour rattraper ce qu'elle a perdu jusque-là à cause de la fermeture des frontières aériennes des pays qu'elle dessert. Rejetant la date du 4 mai annoncée ici et là pour la reprise de l'activité, Amine Andaloussi affirme que pour le moment aucune date n'a été avancée. «En l'état actuel de la pandémie et des décisions prises un peu partout dans les pays avec lesquels nous avons des relations, nous espérons reprendre nos activités vers juillet-août», explique Amine Andaloussi pour, argue- t-il, limiter les pertes dues, entre autres, aux annulations des périodes de pointe que constituent la omra et le début de la période estivale. Azedine Maktour