Tout en élaborant les bilans quotidiens sur l'évolution de la pandémie de Covid-19, le Comité scientifique installé au niveau du ministère de la Santé réfléchit aux scénarios possibles pour sortir du déconfinement. Pour le directeur de l'Institut Pasteur, le retour progressif à la normale ne peut se faire sans stratégie au risque de faire redécoller la courbe des contaminations. Plusieurs pistes sont en phase d'être étudiées. Nawal Imès - Alger (le Soir) - Le Comité scientifique installé au niveau du ministère de la Santé réfléchit à la meilleure manière de sortir progressivement du confinement imposé par l'épidémie de coronavirus. Si pour le moment aucune date n'est retenue, plusieurs pistes sont d'ores et déjà à l'étude. Pour le Dr Fewzi Derrar, les données scientifiques servent de base à toute prise de décision. Il évoque, par exemple, celles relatives au peu de cas de contamination observés chez les tout petits enfants tout comme l'immunité acquise chez les personnes déjà infectées et guéries. Le déconfinement, dit-il, peut, dans un premier temps, concerner ces deux populations. Suivront par la suite, dit-il, d'autres franges de la société en fonction de l'évolution de la situation. Autre probabilité : un déconfinement par région, assure l'invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio nationale. Les wilayas qui n'enregistrent plus de cas ou des cas « ponctuels » pourraient connaître une levée des mesures restrictives. Une vingtaine de wilayas n'avaient pas enregistré mardi de nouvelles contaminations. Ce que le Dr Derrar exclut, c'est un déconfinement par quartier car, dit-il, il sera impossible de garantir une totale étanchéité et il faudra, dit-il, donc garder une « vision à l'échelle de la wilaya ». Le directeur de l'Institut Pasteur avertit, cependant : le déconfinement doit se faire de manière progressive et réfléchie pour éviter ce qu'il qualifie de « seconde vague ». La stabilité relative du nombre de contaminations reste, dit-il, « précaire » et doit absolument être consolidée par un maintien de la vigilance et des gestes barrières puisque, avertit-il, les recontaminations sont souvent plus virulentes en raison de la possibilité qu'a le virus de muter et d'engendrer, donc, des symptômes plus sévères. Il ne s'agit pas, selon le Dr Derrar, de crier victoire trop tôt en dépit des raisons d'espérer qui, dit-il, sont dues à une stabilisation des admissions au niveau des hôpitaux tout comme celles des personnes en réanimation. Un optimisme empreint de prudence car, estime-t-il, au niveau mondial, le virus reste actif. Une raison de plus, dit-il, pour continuer le dépistage, non seulement des populations « cibles ». Si au départ, l'Institut Pasteur d'Alger était seul à faire face à la demande d'analyses, il travaille à une meilleure répartition géographique des laboratoires et a atteint actuellement une capacité de 1 000 dépistages par jour. À long terme, le Dr Derrar plaide pour la mise en place de la direction des laboratoires qui va de pair avec l'Agence nationale de santé. Sa mission principale sera axée autour de l'architecture des laboratoires à valider, la standardisation des protocoles avec des centres de références et des laboratoires périphériques pour qu'à terme le pays puisse disposer d'un tissu de laboratoires en mesure de répondre à toute situation épidémiologique et aux événements sanitaires exceptionnels. Pour que ces structures soient efficaces, il propose l'installation de comités scientifiques et de comités de pilotage pour tracer des objectifs, élaborer des cahiers des charges. L'erreur, avertit-il, serait de les doter de moyens financiers sans aucune stratégie. N. I.