Le président de la République n'exclut pas le durcissement à nouveau du confinement après l'allègement opéré la semaine dernière dans le dispositif visant à freiner la propagation du Covid-19. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Pour Abdelmadjid Tebboune, qui répondait, avant-hier vendredi en soirée, aux questions de journalistes et de patrons de médias dans le traditionnel rendez-vous qu'il a intronisé depuis sa prise de fonction, le début du déconfinement opéré la semaine dernière à travers la reprise de nombre d'activités libérales, notamment commerciales, entrait dans le sillage d'un «équilibre entre la solution sanitaire et la protection de notre économie nationale». Et de relever que le problème «n'est pas dans l'allègement du confinement, mais dans le comportement des citoyens». «Je ne trouve pas d'explication aux foules constatées autour de magasins, notamment de vêtements», regrettant, au passage, le manque, voire l'absence de précautions que requiert pareille crise sanitaire. «Si on doit être plus ferme, on le sera. On refermera tout et on adoptera plus de fermeté s'il le faut», affirme le chef de l'Etat qui dit «essayer d'être cartésiens dans nos décisions, soutenant que ce sont les spécialistes qui dictent notre action», affirmant que les cas des décès sont en baisse, ceux de la guérison en hausse et ceux des contaminations en légère stabilité. Affirmant que les mesures d'allègement de l'opération confinement ont été réclamées par des milliers de citoyens, le président de la République a néanmoins estimé que « la santé du citoyen vaut plus que toute autre considération économique». Ajoutant que «si certains pays préfèrent l'économie à la vie du citoyen, nous faisons, nous, contrairement à eux, prévaloir la vie du citoyen sur l'économie, car la vie de l'Algérien est au-dessus de toutes les considérations», a encore rassuré le chef de l'Etat qui a réitéré l'engagement de l'Etat à prendra en charge les industriels, les commerçants et les artisans ou toute autre personne fortement impactés par la pandémie de Covid-19. Le brouillon de la nouvelle Constitution distribué cette semaine Abordant la question politique, le chef de l'Etat a fait part de l'accélération du processus portant révision constitutionnelle, faisant part, dans ce cadre, que la mouture élaborée par le groupe d'experts, installé début janvier dernier, sera rendue publique cette semaine avec distribution aux partenaires politiques et ceux de la société civile dans tous ses compartiments, en vue d'enrichissements et de débats. Avec l'objectif, selon lui, d'«éviter la perte de temps même en cas de prolongement du confinement imposé actuellement du fait de la propagation du Covid-19» et d'arriver à des institutions élues, fortes et nouvelles, de l'Etat algérien dans le cadre du changement du régime qui constitue, selon le chef de l'Etat, une de ses priorités. Toujours dans cette optique, Tebboune a annoncé un «avancement dans le processus de révision du code électoral», puisque, explique-t-il, «une commission spéciale veille à son élaboration pour que l'Algérie ait, d'ici la fin de l'année, d'autres institutions solides». Le chef de l'Etat a également abordé le volet social de son action, renouvelant son engagement à «prendre en charge toutes les préoccupations sociales après la crise sanitaire, loin de la politique d'achat de consciences», promettant, dans la foulée, des tripartites pour « examiner tous les dossiers». Il a, néanmoins, mis en garde contre «toute velléité d'infiltration sur injonction d'outre-mer, concernant certaines revendications», promettant que «la loi sera au-dessus de tous». Pas d'année blanche et le bac maintenu «Il n'y aura pas d'année blanche», tranche, par ailleurs, le président de la République, estimant que dans l'équation, il y a une «grande inconnue» liée au Covid-19 dont on ne maîtrise pas les données. Pour les élèves des niveaux de 5e année primaire et de 4e année moyenne, Tebboune soutient qu'il y aura des solutions adaptées. Concernant les élèves du niveau de 3e année secondaire, le chef de l'Etat rassure quant à l'inéluctabilité du passage du baccalauréat. L'examen aura lieu et les mesures à prendre à cet effet restent tributaires de l'évolution de la situation sanitaire, affirme-t-il, ajoutant que les solutions seront, dans tous les cas de figure, dans l'intérêt des élèves. Pas de recours à l'endettement extérieur Au volet économique, le chef de l'Etat aura également un discours rassurant, affirmant que la crise pétrolière que traverse l'Algérie est d'ordre «conjoncturel et non structurel». Il exclura, dans la foulée, tout recours à l'endettement extérieur et à la planche à billets, mais sollicitera les citoyens pour des emprunts. Il annoncera également que la loi de finances complémentaire pour 2020 comprend un allégement de certains impôts et la suppression d'autres, avec néanmoins un durcissement du contrôle sur le commerce extérieur. Autre point soulevé par Tebboune, pour qui l'économie nationale «manque cruellement de statistiques fiables notamment par rapport à l'économie informelle», la consommation des réserves de change sera moins rapide que les années précédentes grâce, expliquera-t-il, à «l'éradication du phénomène de la surfacturation et de surévaluation des projets en Algérie». M. K.