Quelques heures après l'ébruitement d'un verdict de la Fifa, rendu le 24 septembre 2019 mais jamais communiqué à l'opinion publique, la FAF a apporté un démenti pour le moins anecdotique. Qualifiant l'information de fake news (fausse information), le communiqué de la fédération publié dimanche soir n'apporte pas la preuve que la Fifa a tranché l'affaire opposant la Fédération algérienne de football à l'entraîneur espagnol Lucas Alcaraz, démis de ses fonctions de sélectionneur des Verts en octobre 2017 quelque six mois après son recrutement. «Les décisions rendues par la commission du statut du joueur de la Fifa le 24-9-2019 et notifiées le 4-11-2019 concernant l'ancien sélectionneur national et ses deux adjoints ne sont pas définitives ni contraignantes», assure la fédération qui ne nie pas donc l'existence d'une sentence «définitive» de la part de l'instance faîtière du football mondial. Elle qui précise que «ces décisions font l'objet d'appels toujours en cours auprès du Tribunal arbitral du sport de Lausanne qui n'a pas rendu sa décision à ce jour». Ce n'est pas, en somme, une fake news mais bel et bien une affaire qui suit son «protocole juridique» tel que prévu dans le droit. A savoir un verdict et des recours à la seule différence que la Fifa a décidé et que sa décision ne fait plus l'objet d'appel, voie réservée à d'autres juridictions à l'exemple du TAS de Lausanne. C'est cette dernière qui aura à confirmer ou à infirmer le verdict de la Fédération internationale de football, pas à le réviser ni à autoriser une autre issue (règlement à l'amiable, par exemple). La Fédération algérienne de football est, dans le cas d'espèce, dans le tort de dire qu'il s'agit d'une information mensongère. Il s'agit probablement d'une «fuite» qui intervient à un mauvais moment ; quelques titres de la presse nationale et internationale avaient donné l'information en novembre de l'année dernière et l'ont rappelée en mars dernier sans que la FAF use d'un droit de réponse, un démenti ou des précisions ou ne juge l'information de fake news. L'affaire «De Wilde», pas fake news ? A vrai dire, la FAF pense répondre à une attaque ciblée que lui mijotent quelques-uns des opposants du président Kheireddine Zetchi. C'est l'autre vérité de cette levée de boucliers. La fédération, qui n'a pas réagi à l'information du verdict donné par la Fifa dans l'affaire de l'entraîneur belge Patrick De Wilde, limogé au lendemain de la CAN-2017 durant laquelle il était l'adjoint de son compatriote George Leekens mais qui avait aussi en charge les destinées de l'équipe nationale U23 jusqu'en 2020, qui a obtenu gain de cause auprès de la même juridiction (145 000 euros en sus de 5% d'intérêts par an), est en droit de croire que le coup (affaire Alcaraz) est monté. Sauf qu'elle pouvait noter dans son démenti du dimanche soir que les deux affaires (De Wilde et Alcaraz, ndlr) se ressemblent et suivent le même cheminement juridique. En laissant faire la «fake news De Wilde», la FAF de Kheireddine Zetchi a probablement ouvert la voie à des «répliques» de ses traditionnels opposants. L'on se rappelle à ce titre, il y a un an jour pour jour, la guerre des mots et les accusations échangées entre Zetchi et un membre de l'AG/FAF en pleine assemblée ordinaire, qui n'est autre que l'ancien président de la fédération Mohamed Raouraoua. Ce dernier, qui a toujours critiqué la manière qui a présidé à l'élection de son successeur au palais de Dély Brahim, avait fait le buzz en faisant quelques révélations sur le dossier de l'équipementier Adidas mais aussi du sponsoring (KIA) et sur la somme de 12 milliards qui ne serait pas justifiée dans le bilan financier remis aux membres de l'AGO de mai 2019. Des accusations auxquelles Kheireddine Zetchi a apporté les nécessaires précisions en s'appuyant sur l'expertise de Me Rafik Guerza (expert comptable et commissaire aux comptes) qui exerce au profit de la FAF depuis le troisième mandat de Mohamed Raouraoua. A savoir que le (nouveau) contrat avec l'équipementier Adidas d'une valeur de 1,9 million d'euros est autrement plus conséquent que tous ceux signés en la matière par son prédécesseur et que, par ailleurs, le «trou» de 12 milliards représente les mensualités (1 milliard) de l'ex-sélectionneur des Verts, Rabah Madjer, et de ses deux adjoints (Ighil et Menad) dont les contrats ont été rompus à l'amiable. La course à la succession enclenchée ? De toute évidence, les deux affaires (De Wilde et Alcaraz) vont porter préjudice aux économies de la FAF. M. Zetchi, qui sait bien qu'il doit assumer l'actif (Alcaraz et Madjer ainsi que les membres de leurs staffs) et le passif (De Wilde), avait annoncé ces derniers mois qu'il n'était plus intéressé par un second mandat à la présidence de la FAF. Sincère ou fin stratège, le fondateur du Paradou AC, dont le modèle commence à faire des émules même à l'étranger, Zetchi qui a lancé nombre de projets de formation au profit du football national sait aussi qu'il est attendu au tournant et que les soutiens conjoncturels de ses membres au BF et ceux de l'assemblée ne suffiront pas pour contrecarrer les desseins de ses opposants. Ses échecs dans le choix des hommes (sélectionneurs, membres de la DTN et d'autres structures sensibles dans la gestion de la fédération) et des politiques (centres de formation entre autres) pèseront de tout leur poids lorsqu'il aura à présenter ses bilans consolidés et décider de son avenir dans le circuit du football national. Le sacre des Verts en Egypte ne serait alors qu'un «miracle» dont le principal artisan est le groupe formé par Djamel Belmadi. C'est le vrai sens à donner à cette guéguerre menée par des cercles connus de tous. Ceux-ci savent que Raouraoua ne reviendra pas à la FAF et que Zetchi n'y restera pas. C'est pourquoi, ils font «fermenter» chaque détail, chaque erreur de casting. Et bien entendu chaque inattention de la part des actuels gestionnaires de la fédération qui, faute d'avoir livré à temps les dessous de l'affaire Alcaraz et de ne pas avoir réagi devant beaucoup de dossiers tels que celui du Belge De Wilde, essuient des tirs croisés d'une presse qui a toutes les raisons d'informer le plus fidèlement possible ses lecteurs, auditeurs et téléspectateurs. Et jusqu'à ce jour, aussi bien De Wilde qu'Alcaraz ont gagné leur bataille juridique contre la FAF. En attendant peut-être un autre verdict que prononcera le TAS de Lausanne. M. B.