Le Projet de loi sur les hydrocarbures, en débat mardi à l'Assemblée populaire nationale, est "utile" mais "incomplet" pour parvenir à une politique énergétique globale, a estimé mardi à Alger, Mohamed Chérif Belmihoub, professeur et analyste en économie. "Cette loi est arrivée au bon moment, elle est utile et opportune parce qu'elle répond à des questions fondamentales, particulièrement la dépendance de l'économie algérienne aux ressources fossiles. Cependant, elle est incomplète en matière de politique énergétique", a précisé M. Belmihoub sur les ondes de la radio nationale. Pour cet expert, la question fondamentale aujourd'hui qui nécessite des solutions urgentes est celle de la consommation domestique de l'énergie, marquée par une hausse constante depuis des années. "Si on ne fait rien à ce niveau, quel que soit la production qui peut être réalisée dans les années à venir, elle ne suffira pas. Nous sommes dans une situation de croissance de la consommation interne et cela constitue un handicap.", a-t-il relevé. L'expert a également souligné que "faute de n'avoir pas suffisamment investi dans ce secteur stratégique, l'Algérie s'est retrouvée projetée dans une impasse". Il a, dans ce sens, noté que le projet de loi sur les hydrocarbures est "peut-être un outil d'organisation et de régulation pour améliorer la production dans quelques années, mais cette loi ne remplace en aucun cas une politique énergétique globale ". M. Belmihoub a dans ce cadre plaidé pour l'ouverture d'un débat qui devrait déboucher sur la mise sur pied d'une politique nationale de l'énergie. Cette politique énergétique est "indispensable" car elle va englober plusieurs volets telles que la consommation, la sécurité énergétique, la transition énergétique et des énergies renouvelables", a-t-il ajouté. "La politique énergétique c'est d'abord la sécurité énergétique. Aujourd'hui, on est convaincu qu'à l'horison 2025-2030, l'Algérie n'est pas en sécurité énergétique", s'est-il alarmé. Cette politique permettra également, selon lui, d'assurer au mieux la transition énergétique, c'est à dire passer des énergies fossiles vers l'exploitation du solaire, mais aussi de décider à quels tarifs facturer la consommation et savoir également comment organiser les mécanismes de subvention de l'énergie. Par ailleurs, l'expert s'est exprimé sur le projet de loi des finances 2020, qui sera présenté et débattu mercredi à l'APN. Il a estimé que ce texte n'a pas traité d'une façon "sérieuse" les questions fondamentales liées à la stabilisation des équilibres macro-économiques et la croissance. "La loi des finances aura du sens lorsqu'il y aura des politiques publiques bien définies". S'agissant des recettes fiscales, il relevé l'absence d'une évaluation du système fiscal algérien et des politiques de dépense publique: "chaque année, on ajoute un impôt, mais sans évaluer son impact", a-t-il expliqué. Pour M.Belmihoub , il faut réfléchir sur les ressources du financement de la cohésion sociale et la solidarité nationale à travers notamment l'élargissement de l'assiette fiscale par la croissance et la lutte contre l'informel. "Il y 'a une véritable question sur le statut de la loi des finances en Algérie", a-t-il relevé.