Les pressions exercées par les directions des écoles privées sur les parents d'élèves pour obtenir le règlement des frais de scolarité d'un troisième trimestre qui n'a jamais été assuré, sous peine de renvoi des enfants, est la goutte qui a fait déborder le vase. Constitués en collectif, ces parents interpellent le ministre de l'Education nationale pour mettre fin à ce diktat. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Depuis quelques jours, les parents d'élèves scolarisés dans des écoles privées font face à une situation improbable. Ils sont sommés de payer les frais de scolarité du troisième trimestre de l'année 2019-2020. Pourtant, aucun cours n'a été dispensé depuis la fermeture de tous les établissements scolaires le 12 mars dernier, avant même la fin officielle du second trimestre, suite à la propagation de la pandémie de coronavirus Covid-19. Organisés récemment en collectif, ces parents d'élèves dénoncent l'«opportunisme» de ces écoles même en temps de crise sanitaire. «La direction des écoles exige le paiement du troisième trimestre alors qu'il n'a même pas eu lieu. C'est infondé !», affirme l'un des porte-parole du collectif des parents d'élèves des écoles privées en Algérie. Pis encore, poursuit-il, «elle menace de ne pas maintenir l'inscription pour la prochaine rentrée scolaire des élèves dont les parents refusent de régler le troisième trimestre». Outre la menace de renvoi, ces établissements ont adopté d'autres mesures de pression notamment la rétention des bulletins des résultats du second trimestre et des attestations de passage. «Certaines écoles, surtout les plus anciennes dans le secteur, refusent de remettre les bulletins avant le paiement des frais du troisième trimestre», ajoute le même porte-parole du collectif qui a tenu à garder l'anonymat au risque de voir ses enfants scolarisés exclus de leur école. Selon lui, les rapports entre ces établissements et les parents d'élèves ont toujours été imprégnés d'«opacité». «C'est carrément un flou législatif et les établissements scolaires privés profitent, depuis de nombreuses années, de l'absence de textes de loi clairs régissant leur activité», déplore-t-il. En effet, aucun contrat, précise-t-il, n'est établi entre ces écoles et les parents d'élèves. Seul un bon de paiement fait office de facture des frais de scolarité exigés en un seul versement, soit quatre mois réglables à la fois. «Les paiements se font en liquide dans la quasi-majorité des écoles», souligne notre interlocuteur. Livrés à eux-mêmes, les parents d'élèves scolarisés dans des écoles privées se retrouvent ainsi à la merci des pratiques «perverses» instaurées par ces établissements. Ne sachant plus où donner de la tête, ils interpellent, à travers leur collectif, le ministre de l'Education nationale. Le non- paiement des frais de scolarité du troisième trimestre de l'année scolaire 2019-2020 est leur première revendication. Ils réclament la suppression des frais de scolarité des mois de juillet et août durant lesquels ces écoles sont fermées pour les vacances annuelles d'été. Autres revendications : fixer le seuil des frais d'inscription, supprimer les frais de réinscription exigés annuellement pour le même élève, et interdire toute augmentation de frais de scolarité de manière «impromptue» à chaque rentrée scolaire. Le collectif des parents d'élèves des écoles privées en Algérie insiste également sur l'obligation de «formaliser» la relation école-parent d'élève par un contrat, et l'instauration d'une inspection régulière des écoles privées et du contrôle de leur fonctionnement, du respect de la réglementation, de la sécurité des lieux et des élèves, de l'hygiène et des cantines. Ry. N.