Des établissements d'enseignement privé réclament des parents d'élèves de s'acquitter des mensualités du 3e trimestre (avril, mai et juin), en concédant une réduction de 10 à 25%. La demande a soulevé l'indignation de la majorité des familles concernées, lesquelles ne conçoivent pas de payer sans une prestation fournie en contrepartie. "Mes enfants n'ont pas eu un soutien effectif. La plateforme mise en œuvre par l'école prévoit des consignes et quelques exercices sans implication réelle des enseignants. Cela ne peut justifier les sommes réclamées", reproche Sara, mère d'une élève en 5e année primaire. "Je paie, pour chacun de mes deux enfants, 20 000 DA par mois pour des journées entières de cours et des activités parascolaires. Mes gosses n'auront pas école pendant 6 mois. C'est moi qui leur fait les cours même si je télétravaille. Pourquoi devrais-je donner 90 000 DA à l'école pour un service que je n'ai pas eu, sans compter les 80 000 DA que j'ai déjà payés pour juillet et août, et le mois de septembre qu'on me réclamera au moment de la réinscription", renchérit Asma. Les deux jeunes femmes évoquent la situation financière des parents. "Entre ceux qui sont en congé sans solde et ceux dont les activités libérales sont à l'arrêt, la perte des ressources financières est ressentie par tout le monde", relèvent-elles. Certaines écoles ont renoncé volontairement aux frais de la troisième tranche, au motif "qu'il n'y a pas eu et qu'il n'y aura pas d'école avant le mois d'octobre". D'autres justifient les sommes exigées des parents par les dépenses liées à la location, aux salaires des enseignants et aux charges de gestion. Des enseignants d'une école à Draria et d'une autre à Bordj-Kiffan attestent, pourtant, qu'elles ont perçu 50% de leurs salaires en mars et avril. Leurs employeurs leur ont notifié un congé sans solde jusqu'au mois de septembre. "Nous avons répercuté la préoccupation des parents aux ministères de l'Education nationale et du Commerce. Nous avons inscrit cette question à l'ordre du jour de la commission des clauses abusives", nous a déclaré Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection des consommateurs (Apoce). Il a pris contact avec l'association des écoles privées (quelque 200 établissements affiliés) en quête d'une solution médiane. "Nous avons proposé le paiement de 30% de la dernière tranche, qui prend en charge les dépenses fixes." Le taux devrait être relevé pour les établissements qui ont assuré, quotidiennement, des cours par vidéoconférence et ont accompagné les élèves, dès le 5 avril. Ahmed Khaled, président de l'Association nationale des parents d'élèves, collecte les témoignages et les plaintes, afin de les relayer à la tutelle. "Nous demanderons des mesures au profit des parents", nous dit-il. Le conflit risque de s'exacerber dans les prochains jours. Les parents craignent que les écoles refusent de leur remettre les bulletins du 2e trimestre et celui du passage, ainsi que les dossiers scolaires, s'ils ne cèdent pas à leurs exigences. "La politique de certains établissements, consistant à menacer les parents de ne pas leur remettre le dossier de leurs enfants, est un comportement provocateur qui n'est pas basé sur des règles juridiques. Nous accompagnerons les parents dans leurs démarches", commente M. Zebdi.