Rafa ne badine avec la sécurité sanitaire. Le maître incontesté de la terre battue, le seigneur de Rolland Garros que nos concitoyens en Hexagone admirent grandement, honorera-t-il de sa présence le tournoi qui se tiendra en septembre 2020 dans la capitale française ? Son acquiescement reste corrélé à l'intérêt collectif que personnel. Un engagement réfléchi pour ne pas gâcher le spectacle, à résonance planétaire. Regarder Nadal évoluer sur le court, c'est s'offrir une cure de jouvence. De la délectation visuelle bio. Un clou du spectacle palpitant qui vous fossilise sur le canapé. La pandémie marquant le pas, l'espoir de voir l'enceinte de la porte d'Auteuil renouer avec le circuit se fait de plus en plus prégnant chez ses fans. D'autant que le protagoniste de la manifestation sportive est le champion de la terre battue (19 titres en Grand Chelem). Un récidiviste insatiable, diablement adulé par la communauté algérienne en Hexagone. Sur les 95 matchs disputés, le Majorquin remportera 93 avant de trébucher face au Suédois Robin Söderling, perdant ainsi le 1er match de sa carrière. Un tremblement de terre dont profitera Roger Federer. L'opportunité lui permet de s'adjuger, sans encombre, son premier titre manquant sur terre battue. Mais l'insatiable Rafael, qui fêtera son 34 ème anniversaire le 3 juin, continue à émerveiller par sa qualité de jeu, sa présence sur le court, la beauté de ses assauts sans cesse réinventés, sa hargne à monter en puissance pour vider de sa substance son adversaire. Son énergie débordante est enjolivée d'esthétique et de rage dignes d'un gladiateur ahanant en furie. Sa réactivité technique imparable et son engagement à rencogner l'adversaire par des coups droits foudroyants, des revers slicés et des services fulgurants auxquels se greffent les frappes liftées et les chopées, font de lui un batailleur à admirer avec joie. Pour l'heure, le tennisman est tenu à distance. Sans crier gare, le virus pathogène de Covid-19 est venu perturber les échéances sur la terre ocre obligeant le professionnel espagnol à respecter, comme tout un chacun, les mesures préventives dont les trois mois de confinement et les restrictions imposées à cet effet. L'homme les meublera en entraînements soutenus chez lui : «Je n'ai pas pu sortir de mon appartement. Par chance, j'ai reçu des machines de musculation à la maison pour me maintenir, petit à petit, en forme physiquement. L'objectif est d'être prêt pour le jour où l'on pourra jouer au tennis.» Une reprise de l'ensemble des disciplines est aujourd'hui à l'ordre du jour. Rafa se veut optimiste : «Si l'on peut jouer dans des conditions optimales en toute sécurité, oui je serai là, confie-t-il à la presse. Aujourd'hui, il faut prendre des précautions et ses responsabilités dans des décisions adéquates. Je ne vois pas le futur d'un point de vue professionnel, mais plutôt d'une façon médicale, sanitaire». Parmi les pistes envisagées pour le maintien du calendrier, l'option du huis clos et ses resserrements est la seule voie à valider. Mais jouer au tennis sans le public chéri, ne semble pas emballer Nadal, un habitué des chauds vivats en son honneur. Il s'est forgé en cette «Casa» une relation fusionnelle. «Si vous me demandez si cela me plaît, la réponse est non», tranche le numéro deux mondial pour qui rien ne remplace la présence du public et l'énergie qu'il génère. Sur Instagram, Rafael s'est interrogé pourquoi les joueurs de tennis ne pouvaient pas pratiquer leur sport alors que d'autres métiers continuent à travailler malgré le confinement imposé par la pandémie de Covid-19. «Je voudrais voir bientôt les stades pleins, étreindre les gens, partager», déclare-t-il au journal El Pais. Oui, El Matador brûle d'envie d'aller à la conquête de ce 13ème titre pour étoffer son parcours déjà écussonné de valeurs enviables. Premier joueur à battre Roger Federer. Pour mémoire, janvier 2020 saluait un événement historique dans les classements mondiaux de tennis. Lors de trois décades, Rafael Nadal, numéro 1 mondial, est le premier joueur à trôner au sommet de la hiérarchie de l'ATP. Le vainqueur de l'édition 2019 de Roland-Garros empochait 2,3 millions d'euros, soit 100 000 euros de plus que l'année dernière. De quoi booster son élan victorieux. N'oublions pas le devoir de citoyen(ne) ! Le percepteur nous accorde jusqu'au 12 juin. O. H.