La semaine a été pénible. Un homme politique a annoncé la libération imminente de deux détenus d'opinion et il tiendrait ça du chef de l'Etat. Le procédé n'est pas nouveau. Ça fait longtemps que des « opposants » et des alliés jouent à porter de bonnes nouvelles au bon peuple et, bien évidemment, ils ne manquent jamais de dire - ou seulement suggérer - qu'ils ne sont pas étrangers à la « décision », sinon, ça aurait servi à quoi ? Le problème est que la « nouvelle », comme l'implication de Djilali Soufiane dans « l'affaire », ne l'a pas vraiment servi. On s'est plutôt saisi de sa déclaration pour fustiger l'opacité institutionnelle qui ne communique pas toujours avec ses vrais canaux. Puis, plus important, on a rappelé au pouvoir politique qu'on ne peut pas soutenir que la justice est indépendante et décider à la place des juges, ce qui ne manque ni de logique ni de cohérence. Problème : on ne peut pas en même temps attendre, exiger des « mesures d'apaisement » ou des « gages de volonté politique » et leur tourner le dos quand il y a une initiative dans ce sens. Et puis, histoire de faire plus simple, imagine-t-on des Algériens en train de… crier au scandale si demain, MM. Tabbou et Benlarbi ou d'autres prisonniers d'opinion retrouvent la liberté ? La semaine a été pénible. Si tous les indicateurs en matière de pandémie de Covid-19 sont bons, il y a quand même encore quelques inquiétudes à se faire. En se promenant dans les rues d'Alger, on a vraiment du mal à croire que les gens vivent sous une quelconque contrainte, en tout cas pas de celles qu'imposerait un danger sanitaire qui n'est tout de même pas tout à fait derrière nous. À commencer par la bavette, pourtant largement disponible et légalement obligatoire. Il va falloir « se bouger », parce que les prochains jours risquent d'être synonymes de « fête au village », surtout si on lâche encore du lest après le « 13 », une date déjà considérée comme le début de la fin. Le début de la fin, peut-être mais pas la… fin quand même. La semaine a été pénible. Ce qui aurait pu être une « bombe » dans l'actualité mondiale est pourtant en train de passer « comme le passage des braves », pour reprendre la célèbre formule arabe. Une revue scientifique, référence mondiale dans le domaine, publie une étude qui conclut à l'inefficacité et, pire, la dangerosité de la thérapie à la chloroquine du professeur Raoult. Branle-bas de combat dans le monde : de grands pays comme la France suspendent son utilisation, l'OMS donne des recommandations expresses dans le même sens et les bûchers se préparaient déjà pour accueillir l'infectiologue marseillais. Retournement spectaculaire : l'étude est bidon et ce ne sont pas les meilleurs amis de M. Raoult qui le disent. Le revue fait son mea-culpa, trois des cosignataires de la publication retirent leur caution en faisant amende honorable et révèlent que les données qui ont fondé leur étude sont fournies par une entreprise dirigée par… le quatrième signataire, le seul à encore défendre ses conclusions ! Ça promet. La semaine a été moins pénible. Partout dans le monde, il y a un retour progressif à la vie et en l'occurrence, les médias nous ont fourni de belles et parfois touchantes images. Une image horrible a, cependant, tout foutu en l'air, pour nous rappeler que l'horreur est toujours là : celle d'un policier américain enfonçant son genou dans le cou d'un homme noir pourtant à terre et menotté. Le crime dans ce qu'il a de plus hideux. Que Dieu sauve l'Amérique de ses laideurs. S. L.