L'appel de l'OMS à la suspension temporaire de la prescription de la chloroquine a été entendu par les praticiens algériens sans pour autant aller jusqu'à décréter une trêve thérapeutique. Les médecins mobilisés sur le front contre le coronavirus se disent très satisfaits des résultats obtenus après la généralisation de l'hydroxychloroquine. Cette molécule antipaludéenne continue de prouver son efficacité en attendant de découvrir une riposte vaccinale contre cette maladie. Le protocole thérapeutique spécifique est toujours de mise à travers l'ensemble des unités médicales dédiées à la prise en charge des patients touchés par cette pathologie émergeante. Les expériences thérapeutiques menées à cet effet battent en brèche les résultats de l'enquête clinique publiée récemment par la célèbre revue scientifique internationale The Lancet. Ces résultats, qui étaient "contrariants", ont convaincu l'OMS pour se rétracter sur l'indication de cette thérapie "indiquée" par les Chinois et le Pr français, Didier Raoult. L'étude de The Lancet, qui a touché plus de 96 000 patients hospitalisés, entre décembre et avril derniers, a fait ressortir que le taux de mortalité était plus élevé chez les patients mis sous hydroxychloroquine que les autres malades qui n'ont pas été traités avec l'antipaludéen. Cependant, de nombreux experts de renommée internationale ont critiqué l'enquête de The Lancet. Ils ont soulevé des inquiétudes quant à la méthodologie adoptée et l'intégrité des données. D'ailleurs, selon nos sources, les trois auteurs de cette enquête ont été pris en flagrant délit de conflit d'intérêts. "Ils sont entrés en guerre pharmaceutique. Chaque médecin enquêteur roulait et défendait son laboratoire parraineur", dénoncent nos sources. L'infectiologue français, Didier Raoult n'a pas manqué d'ailleurs de tirer à boulets rouges sur l'étude en question. En revanche, cette molécule antipaludéenne administrée en milieu hospitalier algérien a été jusque-là efficace, comme le démontrent les chiffres de personnes rétablies du coronavirus. Jusqu'à hier, plus de 5 422 patients sont déclarés guéris grâce à la chloroquine. En attendant la publication des résultats de l'enquête clinique lancée par le ministère de la Santé, les évaluations faites par les structures sanitaires sont sensiblement satisfaisantes. Les pneumologues du CHU Issâad-Hassani de Beni Messous affichent toujours leur satisfaction, trois mois après le recours à cette thérapie. Le Pr Ali Halassa Soufiane exerçant au service de pneumologie rappellera que "l'hydroxychloroquine est toujours prescrite dans le service. Les résultats obtenus sont plus que satisfaisants. Sur les 105 patients traités au niveau du service A, jusqu'à mercredi 27 mai, ont tous bien réagi au traitement. On a recensé un seul cas qui a présenté un petit trouble du rythme cardiaque que les cardiologues ont d'ailleurs qualifié d'insignifiant". Autrement dit, il n'y a pas eu d'effet secondaire grave tel que soutenu par la revue The Lancet. Ce constat thérapeutique satisfaisant a été aussi confirmé par le Dr Zetal Amel, maître-assistante à l'hôpital spécialisé des maladies infectieuses d'El-Kettar. Notre interlocutrice défend la formule médicamenteuse adoptée depuis le 23 mars avant d'être généralisée le 6 avril dernier à tous les patients positifs au coronavirus. "Jusqu'à aujourd'hui samedi (ndlr, hier) il n'y a pas eu d'incident majeur suite à l'utilisation de ce médicament à l'hôpital d'El-Kettar. Tous les patients hospitalisés à El-Kettar ont été mis sous le traitement spécifique qui se présente en deux alternatives, soit l'antipaludéen ou la molécule antivirale Lopinavir/Ritnovir, en fonction de la réaction du patient. Jusqu'à aujourd'hui (samedi) 628 patients ont été traités avec cela à El-Kettar", indiquera l'infectiologue. Elle a précisé que "plus de la moitié des malades a été mise sous chloroquine. Et 20% des autres malades qui n'étaient pas éligibles à la chloroquine ont pris le Lopinavir. D'ailleurs tous les enfants infectés ont été mis sous Lopinavir. Ces chiffres confirment l'efficacité du protocole thérapeutique lancé par l'Algérie". En fait, "l'intuition" clinique des médecins algériens, qui maîtrisent bien la posologie de cet antipaludéen, a joué un rôle prépondérant dans les résultats obtenus. Les membres du comité scientifique, s'inspirant aussi des évaluations faites par les praticiens, se disent eux aussi satisfaits et qu'ils maintiennent la stratégie thérapeutique adoptée. "Nos médecins sont satisfaits, il n'y a pas eu de rapports faisant état de cas graves d'effets secondaires après le recours à la chloroquine. L'utilisation précoce de cette molécule a joué un rôle dans la baisse du nombre de décès ou de cas graves, soutiendra le Pr Belhocine Mohamed. Pour sa part, le Pr Ryadh Mehyaoui rappellera que "l'Algérie ne changera pas de stratégie thérapeutique pour contrer le Covid-19". Hanafi H.