Les projections de la Banque mondiale sur l'état de l'économie en Algérie post-Covid-19 sont très inquiétantes. L'institution de BrettonWoods prévoit une croissance négative de -6,4% pour l'année 2020, la troisième pire performance dans la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord, après le Liban et la Cisjordanie et Ghaza qui auront des croissances négatives, respectivement de -10,9% et -7,6%. La loi de finances complémentaire récemment rentrée en vigueur prévoyait, pour rappel, un taux de croissance négative de -2,6% pour l'année 2020. La BM est encore plus pessimiste dans ses prévisions car elle estime que le pays aura du mal à faire face à la crise pétrolière. «L'Algérie (-6,4%) et l'Irak (-9,7%) sont toujours aux prises avec les conséquences de la baisse des cours du pétrole et des vulnérabilités structurelles», indique le rapport de la BM. Une perspective sombre qui laisse présager une très grande contraction du PIB et donc une forte récession avec ce qu'elle pourrait avoir comme conséquences terribles sur le pouvoir d'achat des Algériens. Une situation qui devrait un tant soit peu s'améliorer en 2021. La BM prévoit un taux de croissance à 1,9% en 2021, une meilleure performance que celle de l'année 2019 (0,8%), de 2018 (1,4%) et de 2017 (1,3%). «Des programmes de diversification de l'économie à plus long terme, ainsi que les assouplissements récents accordés aux investissements étrangers, et l'amélioration de la réglementation devraient soutenir le rebond», analyse la BM. «Pour les pays exportateurs de pétrole, la production en 2020 va continuer à se contracter par rapport à l'année précédente, et les prix bas du pétrole réduisent également l'activité non pétrolière», note ledit rapport avant de préciser que la croissance dans le secteur pétrolier devrait rebondir dans les pays exportateurs en 2021, soutenue par la baisse de la pandémie et la reprise des investissements. La région MENA est affublée d'une contraction de l'activité économique de 4,2% sous l'effet de la pandémie et de l'évolution du marché du pétrole. « C'est loin de la croissance de 2,4% prévue dans l'édition de janvier», précise la BM qui s'attend à d'autres bouleversements dans ses prévisions tant la situation est incertaine. «Les pays exportateurs de pétrole sont pénalisés par l'effondrement des prix du pétrole et des flambées de Covid-19, tandis que les importateurs de pétrole ressentent un affaiblissement avancé dans leurs économies, notamment du fait de la baisse enregistrée dans le secteur du tourisme». Si le taux d'inflation a été quelque peu maîtrisé par les pays de la région, le secteur financier a enregistré une baisse d'intérêt des investisseurs. Ainsi, dans les pays exportateurs de pétrole, la BM s'attend à une baisse d'activité de 5% en raison de la chute des prix du pétrole, alors que dans les pays importateurs, une contraction de l'activité économique estimée à 0,8% du fait de la baisse dans l'activité touristique et la détérioration des perspectives d'exportation. «L'investissement devrait rester atone suivant le climat d'incertitude qui règne au niveau mondial, tandis que la consommation sera limitée par les mesures de riposte à la pandémie», précise le rapport. Ce document de la BM alerte aussi sur des risques de problèmes politiques qui «pourraient venir perturber les programmes de réformes, notamment dans les petits pays importateurs de pétrole». Notons que dans les projections de la BM, le Maroc et la Tunisie réaliseront une croissance négative de -4%, les Emirats arabes unis -4,5%, alors que l'Egypte s'en sortira avec une croissance positive de 3%.