Pour la première fois de l'histoire, en 2021, les investissements dans les énergies renouvelables devraient dépasser les investissements dans le pétrole et le gaz. Le chiffre est à ce titre d'ailleurs on ne peut plus éloquent : l'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit, en effet, des investissements de l'ordre de 3 000 milliards de dollars dans les technologies d'énergie propre d'ici trois ans à travers le plan global destiné à redresser l'économie post-coronavirus. L'Algérie, apparemment, ne compte pas être un laissé-pour-compte dans la nouvelle stratégie mondiale pour la promotion des énergies renouvelables. Serait-elle passée la période des atermoiements, des projets mort-nés qui auraient pu permettre à l'Algérie d'accéder au rang des pays qui comptent dans la production des nouvelles énergies ? Les spécialistes des questions de l'énergie d'ici et d'ailleurs l'espèrent, notamment eu égard à la nouvelle tendance du marché «classique» de l'énergie qui, certes, depuis quelques semaines, voit la demande de pétrole rebondir, mais à en croire les perspectives, la certitude est grande que cette demande demeurera nettement inférieure aux niveaux antérieurs au Covid-19, alors que l'industrie du charbon est partie pour ne plus jamais se relever de l'impact que lui a fait subir la pandémie. L'AIE prévoit donc 3 000 milliards de dollars d'investissements sur les trois prochaines années pour accompagner le redressement de l'économie après la crise de coronavirus, au moment où la banque Goldman Sachs prévoit, elle, jusqu'à 2 milliards de dollars d'investissements annuels sur la même période. Une crise sans précédent qui, en guise de premier effet, a donné un coup de boost inespéré aux énergies renouvelables , et tout porte à croire que c'est le cas pour les dormantes potentialités de l'Algérie. Il y a, en effet, quelques semaines, les autorités du pays faisaient savoir qu'elles allaient passer aux actes pour donner corps à l'ambition, maintes et maintes fois déclarée, de permettre à l'Algérie d'entrer effectivement dans la transition énergétique. Ceci passe, notamment, par un programme de réalisation ,à travers une dizaine de wilayas, de centrales solaires photovoltaïques d'une capacité totale de 4 000 mW entre 2020 et 2024. La demande d'énergie grandissante à l'échelle nationale et l'urgence de la préservation des ressources naturelles «fossiles» font que l'Algérie n'a plus trop le choix que de passer à l'exploitation de son soleil, d'autant que les possibilités sont grandes que le pays trouve sa place sur le marché mondial de l'énergie «naturellement produite». La production projetée des 4 000 mW d'électricité coûtera un effort financier considérable, puisque l'on estime l'investissement entre 3,2 et 3,6 milliards de dollars. La stratégie nationale pour le passage effectif à une transition énergétique prévoit donc d'ici quatre ans la production de 4 000 mW pour ensuite passer à 16 000 mW d'ici l'année 2035. De quoi permettre, selon les explications de Mohamed Arkab, le ministre de l'Energie, une économie de 240 milliards de mètres cubes de gaz naturel, par ces temps où la consommation nationale atteint des proportions difficilement supportables par la production et l'exportation, sans parler des incidences collatérales sur l'emploi et l'enrichissement du tissu des petites et moyennes entreprises liées à l'industrie des énergies renouvelables. En tous les cas, l'Algérie se retrouve pleinement dans les propos du directeur de l'AIE, Fatih Birol, qui soutenait il y a quelques jours : «Les gouvernements ont une opportunité telle qu'on n'en rencontre qu'une fois dans la vie de relancer leurs économies et l'emploi, tout en accélérant le passage vers un futur énergétique plus résilient et plus propre ». Les autorités du pays l'ont compris de toute évidence, comme pourrait le laisser supposer la création, enfin matérialisée et entérinée par publication sur le Journal officiel n°35 d'il y a quelques jours, de l'Ecole nationale supérieure des énergies renouvelables, de l'environnement et du développement durable, sise à Batna. Un indice peut-être du passage aux actes concrets de l'Algérie sur la question majeure des énergies renouvelables et de la transition énergétique. Azedine Maktour