Le personnel de santé compte de plus en plus de contaminations au Covid 19. Les syndicats du secteur parlent de centaines de contaminations. Le ministère de tutelle ne donne pas de statistiques mais fait état d'une «augmentation» de ces cas. Si le ministère de la Santé met cette situation sur le compte d'une «mauvaise utilisation» des équipements de protection, les syndicats ont une autre explication: ils dénoncent soit un manque de matériel, soit une mauvaise gestion de ce dernier par l'administration. Nawal Imés –Alger (Le Soir)- Les bilans quotidiens des contaminations par le Covid 19 ne le mettent pas en évidence : le personnel de santé est touché de plein fouet. On parle de centaines de cas sans que la tutelle donne le chiffre exact. La direction de la prévention s'en inquiète néanmoins. Dans une note adressé le 1er juillet à l'ensemble des structures de santé, le Dr Fourar écrit qu'«il a été observé une augmentation du nombre de cas Covid-19 chez le personnel de santé qui serait probablement en relation avec une mauvaise utilisation des moyens de protection et le non-respect des étapes d'enfilement et d'enlèvement des équipements de protection individuelle (EPI), comme il a été démontré que cette mauvaise utilisation augmente le risque d'être contaminé par différents germes, dont le Sars-CoV2.» En conséquence, il est demandé aux responsables des structures hospitalières de veiller à une «stricte application des mesures de prévention et de protection relatives à l'utilisation des EPI en intra ou extra hospitalier lors de la prise en charge d'un cas suspect, probable ou confirmé Covid-19, conformément aux procédures édictées dans les notes sus référencées». Et d'ajouter : «Il vous est demandé d'assurer une formation du personnel sur la manière d'enfiler et d'enlever les EPI en respectant les différentes étapes.» Sur les réseaux sociaux, ladite note a suscité de très vives réactions. Les différents corps de la santé n'ont clairement pas apprécié qu'on leur donne une leçon pour apprendre à enfiler une tenue de protection. Du côté des syndicats, la réaction est également à l'étonnement. Le président du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) décrit une situation intenable dans beaucoup de structures de santé. Pour Lounès Gachi, les services dédiés au Covid-19 qui fonctionnent bien sont rares. Ailleurs, dit-il, c'est «l'anarchie». Pour lui, le nombre important de contaminations au sein du personnel de santé revient aux moyens. Il estime que deux cas de figure existent : dans certaines structures, l'ensemble du dispositif devant être mis à la disposition du personnel n'est pas disponible, dans certaines autres, ces équipements sont bel et bien existants, mais c'est leur gestion qui pose problème. Il s'insurge contre certains gestionnaires qui rationnent le matériel et obligent le personnel de santé à garder le même équipement. Certains paramédicaux, dit-il, sont obligés de prendre chez eux ou sur leur lieu d'hébergement leurs blouses pour pouvoir les laver. Une situation qui met le président du SAP en colère. Une colère qui, dit-il, gronde de plus en plus au sein du personnel de santé, qui a déjà payé un lourd tribu avec au moins 30 décès comptabilisés depuis le début de la pandémie. N. I.