Des dizaines de contaminations sont recensées au sein du personnel médical. Il s'agit de médecins, d'infirmiers ou d'ambulanciers. Certains sont en réanimation. Un nombre incalculable serait porteur asymptomatique et vecteur de contamination. Epuisé et au bord du burn-out, le corps médical réclame plus de protection mais également le droit à un dépistage systématique pour casser la chaîne de transmission. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Ils sont des dizaines de médecins, infirmiers et agents polyvalents à avoir déjà été contaminés. Certains ont malheureusement perdu la vie. D'autres luttent contre la mort dans des services de réanimation. Mobilisé depuis le début de l'épidémie, le personnel hospitalier paie un lourd tribut. Pour l'heure, aucun bilan précis. Les statistiques fournies par le ministère de la Santé sont globales. Le travail de recensement est néanmoins en cours. Le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) a chargé ses structures au niveau local de recenser le nombre de contaminations au Covid-19. Son président affirme qu'un travail de récolte de l'information avait déjà commencé. Il ne concernera pas uniquement les médecins mais l'ensemble des intervenants dans les structures hospitalières. Le Dr Merabet déplore des dizaines de cas de contamination depuis le début de l'épidémie, rappelant n'avoir pas cessé de réclamer davantage de protection pour le personnel soignant en première ligne. Il doit impérativement, dit-il, être doté de tous les moyens lui permettant de se mettre à l'abri à l'instar des masques adaptés des sur-blouses, des combinaisons ou des visières. Le Dr Merabet assure que les moyens mis à la disposition du personnel ne sont pas la seule manière de le protéger. Il plaide pour un dépistage systématique de l'ensemble des catégories intervenant à l'intérieur des structures de santé. Le personnel de santé doit, dit-il, être fixé pour pouvoir adopter les bons gestes et éviter surtout d'être lui-même vecteur de transmission. Il faut, assure Lyès Merabet, éviter que le personnel de santé ne devienne lui-même contaminant, rappelant qu'en Chine et en Europe, les études ont prouvé que le personnel soignant était vecteur de contamination, sans compter le paramètre du porteur sain qui peut contaminer tout en étant asymptomatique. Le dépistage systématique n'a, dit-il, malheureusement pas été possible du fait du faible niveau des stocks de tests disponibles. Face au risque avéré, le Dr Merabet plaide pour l'inscription de l'infection au Covid-19 au tableau des maladies professionnelles donnant droit à des indemnisations. Idem pour le burn-out qui guette un bon nombre de soignants et qui a déjà été reconnu par plusieurs pays comme maladie professionnelle. Le corps médical, assure notre interlocuteur, a plus que besoin, en cette période, d'accompagnement psychologique. Beaucoup d'entre eux ont coupé tout lien avec le milieu familial pour éviter d'exposer leurs proches au risque. Une situation qui a créé des situations de grand stress qui s'ajoute à la pression sur le lieu de travail. C'est à une gestion intelligente de la ressource humaine qu'appelle le Dr Merabet afin de ménager les efforts des équipes par l'adoption d'un organigramme qui puisse assurer un roulement. Ce dernier permettra au personnel de récupérer et, surtout, de pouvoir tenir sur la durée vu que la situation épidémiologique risque d'être la même encore quelques semaines. Du côté du ministère de la Santé, la direction de la prévention a adressé une note à l'ensemble des directeurs des structures de santé, des cliniques et cabinets privés dans laquelle elle rappelle les mesures à adopter pour éviter toute contamination du personnel soignant. Les rédacteurs de la note en question rappellent que le virus restait actif jusqu'à trois heures sur des surfaces inertes et sèches et jusqu'à six jours en milieux aqueux. Chaque établissement doit disposer d'un stock de savon liquide, essuie-main à usage unique, solution hydroalcoolique, équipement de protection individuelle et de détergents. Les soignants en contact avec un cas suspect, confirmé ou probable, sont invités à lui remettre immédiatement un masque et lui demander de le porter. Il est également rappelé la nécessité de porter systématiquement un masque FFP2, des gants, une charlotte, des lunettes et une sur-blouse pour l'examen. L'élimination de l'équipement de protection individuelle doit se faire dans un sac DASRI à la sortie du box ou de la chambre. Des mesures que le personnel médical veut bien mettre en place, pour peu que les moyens soient disponibles… N. I.