Par Naima Yachir C'est un choc d'apprendre que Mokhtar, notre correspondant à Aïn-Defla, n'est plus. Un journaliste de terrain, prolifique et assidu. Il était toujours attentif aux préoccupations des citoyens démunis et les rapportait fidèlement dans ses articles. Il sillonnait la région, et n'hésitait pas à franchir ses frontières en couvrant la wilaya de Chlef. Ses articles, il les diversifiait en touchant à tous les domaines, des couvertures d'officiels en passant par les faits divers, où il décrivait les scènes de crime dans leurs moindres détails, sans oublier ses écrits culturels et sportifs. Quand un de ses papiers n'était pas publié, il s'inquiétait et m'appelait au téléphone, de sa voix jeune qui déroute, (on avait toujours du mal à croire qu'il avait 78 ans et il insistait en riant. Je le rassurais, il me remerciait. C'est au quotidien que je réceptionnais les informations de proximité, je me souviens qu'il revenait sur une région pour faire l'écho d'une jeunesse qui souffre de mal vie, ou d'une population qui vit le calvaire à cause d'une pénurie récurrente de l'eau, de protestataires qui ont fermé la route pour réclamer un logement ; ou encore des reportages que je réservais pour la page société. Cela fait une semaine que je n'ai rien reçu de lui, et j'avoue que j'étais loin de penser qu'il se trouvait à l'hôpital car le mal dont il parlait depuis le début de la pandémie a fini par avoir raison de lui. Il a chopé le virus, ce journaliste de 78 ans qui allait chercher l'information parmi la foule. Au marché, dans la rue et autres espaces, en oubliant que lui aussi est vulnérable. C'est triste que Karim O., le pseudo qu'il avait choisi, et qui nous a accompagnés il y a plus de dix ans, ne fasse plus partie de notre équipe. Repose en paix. N. Y.