La recrudescence des cas de contaminations au Covid-19 ces dernières semaines ont donné libre cours à l'automédication. Conseils prodigués par de faux médecins sur les réseaux sociaux, prises de médicaments sans ordonnance, rush sur les compléments alimentaires, notamment la vitamine C et le zinc, tous les moyens sont bons pour se mettre à l'abri du coronavirus, alors que les médecins tirent la sonnette d'alarme sur l'automédication qui pourrait s'avérer fatale. Déjà en temps normal, 52% des Algériens privilégient l'automédication et 45 % recourent à la phytothérapie, essentiellement en s'approvisionnant chez les herboristes, selon l'étude qui a été menée par la société Immar Research and Consultancy en 2018. Avec la propagation de la pandémie, les pharmacies se retrouvent prises d'assaut par des personnes pas forcément malades et qui demandent un traitement curatif comme de la vitamine D, la vitamine C et du zinc. Selon les pharmaciens, il y a une demande de plus en plus accrue de compléments alimentaires permettant de renforcer le système immunitaire. Bien qu'aucune étude ne montre actuellement que la prise unique de la vitamine C empêcherait une contamination, de nombreuses personnes achètent régulièrement de la vitamine C en association avec un antibiotique, Azithromycine, selon Khadidja, une pharmacienne d'officine. En effet, il y a un engouement pour le traitement à base d'Azithromycine, un antibiotique à large spectre, que le professeur Didier Raoult avait associé à l'hydroxychloroquine, la molécule proposée uniquement en contexte hospitalier. Pour le Dr Mehsas Omar, infectiologue «il y a un engouement pour ce traitement avec les contre-indications et certains effets secondaires». Des interactions médicamenteuses peuvent surgir, décrites ou potentiellement graves, c'est-à-dire susceptibles de provoquer ou majorer des effets indésirables, d'entraîner, par réduction de l'activité, une moindre efficacité des traitements. Selon le spécialiste «l'Azithromycine n'est pas un antiviral dont la prise ne peut être recommandée que par le médecin, car chez certains malades, notamment hépatiques, il peut entraîner des troubles graves». Le Dr Mehsas insistera pour dire «l'antibiotique est contre-indiqué chez les femmes enceintes et les femmes qui allaitent, il ne peut pas être donné à tout le monde, ce n'est pas anodin». Les associations des médicaments sans avis médical peuvent être très dangereuses et même graves, avertit le médecin, qui n'omettra pas de s'exprimer que la prise du zinc également «Pour le zinc c'est pareil, ce n'est pas n'importe qui qui peut le consommer, il peut créer des problèmes en cas de surdosage par exemple». A cet effet, le Dr Mehsas recommandera «l'idéal est la prise de vitamines à l'état naturel, c'est à dire, il faut prendre une alimentation méditerranéenne, équilibrée» avant d'ajouter «les malades qui abusent de la prise du zinc ou autre complément peuvent avoir des troubles digestifs et parfois même avoir des troubles de rythmes». Sur un autre registre, le Syndicat national des pharmaciens d'officines, Snapo, a signalé la forte demande de compléments alimentaires et de vitamines utilisés pour réduire les effets du virus corona, comme le zinc ou un complément alimentaire qui stimule le système immunitaire, ce qui a provoqué une crise généralisée de l'approvisionnement du marché et une augmentation de son prix de 200 % selon le Dr Messaoud Belambri. C'est une occasion pour le syndicat de rebondir sur la relance en urgence du projet de décret portant régulation de la production, l'importation et la commercialisation des compléments alimentaires. Pour sa part, l'OMS ne cesse de marteler qu'il n'existe pas actuellement de preuves que des traitements existants puissent prévenir ou guérir le Covid-19. Pourtant, des sites et des posts relayés sur les réseaux sociaux affirment que l'administration de vitamine C «protège» du coronavirus. L'OMS ne recommande de prendre aucun médicament, y compris les antibiotiques, en automédication pour prévenir ou guérir le Covid-19. Ilhem Tir