Le verdict de la commission chargée des fetwas est tombé hier mardi : le rituel du sacrifice du mouton sera maintenu en dépit de la situation épidémiologique. Les membres de ladite commission recommandent le respect des mesures barrières qu'il sera difficile d'observer. Les arguments des membres du comité scientifique chargé du suivi du coronavirus n'ont visiblement pas convaincu, encore moins le pronostic de son porte-parole qui a clairement affirmé craindre une «véritable catastrophe». Nawal Imés- Alger (Le Soir)- Fin de la polémique autour de l'accomplissement du rituel du sacrifice du mouton. Le ministère des Affaires religieuses a émis un avis autorisant son maintien. Une décision prise après deux réunions qui ont regroupé des représentants des ministères de la Santé avec ceux des Affaires religieuses. Au cours de ces réunions, les membres du comité de suivi de la pandémie n'avaient pas caché leurs appréhensions quant aux conditions de vente des moutons et celles qui prévalent d'habitude au moment de sacrifier ce dernier. Djamel Fourar, son porte-parole, avait même dit au cours de la première réunion craindre une «catastrophe». Des avis qui n'ont visiblement pas beaucoup pesé lors de la prise de décision puisque finalement, la commission des fetwas a tranché en faveur du maintien du rituel tout en émettant une série de recommandations afin d'éviter la propagation du coronavirus. Des recommandations qu'il sera difficile, voire impossible de respecter. Le département des Affaires religieuse a tout juste rappelé que le sacrifice du mouton était non pas un devoir religieux mais une «sunna», qu'il était possible ne pas observer pour les personnes craignant qu'elles soient une source de contamination. Ceux qui prendront la décision de sacrifier le mouton sont néanmoins appelés à respecter l'obligation du port du masque, d'éviter les regroupements et de s'abstenir de manipuler les différents outils pendant le sacrifice qui doivent nécessairement être stérilisés. Ils sont également priés d'éviter de faire le sacrifice dans les espaces publics. Le ministère des Affaires religieuses rappelle qu'il est possible d'effectuer le rituel le second, voire le troisième jour de l'Aïd, tout comme il est recommandé de le faire au niveau des abattoirs lorsque cela est possible pour éviter les attroupements qui accompagnent habituellement le sacrifice du mouton. Dans l'avis qu'ils ont émis, les membres de la commission des fetwas ont rappelé que si le sacrifice du mouton faisait partie des rituels bien ancrés dans les pratiques religieuses, il était important de garder à l'esprit que la préservation de la vie humaine restait l'une des priorités absolues, d'où l'appel lancé à la population pour un strict respect des mesures mises en place pour limiter la propagation du coronavirus et, surtout éviter le scénario de l'Aïd-el-Fitr et dont les conséquences sur la hausse des contaminations sont avérées. Comme pour l'Aïd-el-Fitr, il est demandé aux citoyens d'éviter les regroupements familiaux et les visites. Ces mêmes recommandations avaient été faites mais très peu observées. Il faudra attendre à ce stade, les décisions que prendra le gouvernement pour les jours de l'Aïd. Les membres du comité scientifique sont unanimes à dire qu'un confinement total avec interdiction de la circulation automobile reste l'unique parade pour éviter le pire. Il ne reste plus qu'à espérer que leurs voix soient entendues et que les considérations d'ordre sanitaire prennent le dessus sur celles populistes aux conséquences désastreuses. N. I.