Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Les explications de Abdelmadjid Attar Feuille de route du secteur de l'énergie, Loi sur les hydrocarbures, fonctionnement de Sonatrach, difficultés de Sonelgaz, tarifs de l'électricité
La situation économique, que tout le monde s'accorde à qualifier pour le moins de «difficile», appelle un tas de décisions dans ce l'on désigne sous le vocable de «réformes», dont certaines touchant à des domaines et branches d'activité sont désormais frappées du sceau de l'urgence absolue. Il en est ainsi du secteur nourricier du pays, jusqu'à nouvel ordre. Comparée à l'année dernière, qui n'était déjà pas faste pour nos exportations d'hydrocarbures, l'Algérie a engrangé 33 milliards de dollars, soit 10 milliards de dollars de plus que ce à quoi l'on s'attend à l'issue de cette très singulière année 2020. Ce sont les chiffres annoncés hier, lors de son passage à «L'invité de la rédaction» de la Chaîne 3, par M. Abdelmadjid Attar, le ministre de l'Energie. L'expert, et donc ministre, des questions se rapportant au vaste domaine de l'Energie avait évidemment beaucoup à dire tant l'actualité du secteur dont il a hérité récemment bouillonne à tous les niveaux et partout. D'abord sur le sujet de l'heure : la feuille de route du secteur de l'énergie. Une feuille de route qui s'est imposée eu égard à la situation économique «vraiment difficile», née de la dégringolade du marché pétrolier depuis 2014, puis à l'apparition de la pandémie de Covid-19 et de ses conséquences sur l'économie mondiale. L'impact immédiat sur la «rente» pétrolière se matérialise par des recettes qui n'atteindront donc que 23 milliards de dollars. Aujourd'hui, selon le ministre, la priorité est de se focaliser sur ce qu'il a appelé «l'usage de l'énergie que nous produisons de façon à ce qu'elle serve en priorité et à court terme à créer de l'emploi et de la richesse». Ceci est la priorité de la fameuse feuille de route dans l'immédiat pour d'abord «stabiliser le pays» puis, à moyen terme, «pour démarrer», et à long terme, pour parvenir à ce qu'il appelle «une situation convenable pour le pays et le citoyen». Tout est lié à ce que nous faisons de notre énergie, électricité et gaz, et s'il n'y avait pas le soutien de l'Etat, la Sonelgaz aurait déposé son bilan, a affirmé M. Attar, qui lie cette situation au fait que «nous nous sommes habitués à la rente». Et ce constat implacable ne signifie pas qu'il sous-entend qu'il y aura augmentation du prix de l'électricité et du gaz dont bénéficie le «petit citoyen», a clarifié tout de go l'invité de la Chaîne 3. Toutefois, la priorité est d'assurer l'alimentation en gaz et électricité à «ceux qui créent de l'emploi», pour ensuite s'aider de quelques faits, dont certains troublants, qu'il a tenu à révéler, tel celui relatif au raccordement des zones industrielles. «Sur les 50 zones industrielles réalisées, une seule a été totalement raccordée, celle de Relizane», en plus des milliers de demandes de raccordement émanant d'investisseurs dont 37% des 1135 demandeurs ayant effectivement exprimé la demande d'être raccordés ont été satisfaits ou en cours. C'est en tous les cas un chantier énorme auquel doit faire face Sonelgaz et une priorité du fait de l'ampleur du nombre d'emplois que ces entreprises peuvent créer. Ceci sans parler des 8 400 périmètres et des milliers d'exploitations relevant de l'agriculture en attente d'être alimentés en énergie. Tout ce beau monde sera satisfait, a garanti le ministre de l'Energie, même ceux qui ne se sont pas acquittés des 50% de leur dû pour bénéficier des services de Sonelgaz, l'entreprise publique qui a prévu, d'ici l'année 2030, de s'engager dans un immense programme d'investissement, mais celui-ci devra sans doute être revu avec le programme de transition énergétique dont se dotera l'Algérie. L'idée du ministre sur ce chapitre est que ce programme d'investissement soit revu de sorte à ce qu'il permette d'assurer la sécurité énergétique du pays «avec un programme qui impose l'introduction des énergies renouvelables». Il est, en tous les cas, une certitude : il n'y aura pas d'augmentation du prix de l'électricité et du gaz, pour les petits consommateurs. En revanche, pour ce qu'il appelle «les grandes industries», le ministre trouve que «il n'est pas normal qu'il paye l'électricité et le gaz au même prix que le simple citoyen», et dans le cas de ces industriels «la révision des prix interviendra par étapes» et l'augmentation sera «raisonnable» pour éviter de mettre du désordre dans l'appareil industriel ou «dérégler l'économie», a rassuré Abdelmadjid Attar. De la loi sur les hydrocarbures, dont il a décelé «des insuffisances'» mais qui pourront être dépassées par les textes d'application, le ministre parlera en premier lieu du retard mis pour doter la loi en question, justement, de ces textes d'application. «Nous devons absolument finaliser tous les textes d'application d'ici la fin du mois d'août» sinon impossible de développer le partenariat, a assuré M. Attar, d'autant que malgré la crise actuelle, les partenaires demandent à connaître les intentions de l'Algérie. Pour la promotion des potentialités dont se prévaut le pays sur le plan pétrolier, le ministre a confié compter surtout sur Sonatrach qui devra se pencher, selon les conseils du ministre, pour la redynamisation du secteur à court terme. «La production a baissé parce qu'il y a eu énormément de retard dans les investissements en matière de développement, d'amélioration des techniques de production, d'amélioration des taux de récupération au sein des gisements» conseille l'expert qu'est Abdelmadjid Attar qui, dans l'immédiat, préconise que la Sonatrach se mette à développer la cinquantaine de «petites découvertes» qui peuvent compenser «très rapidement» la baisse de production. Des découvertes ouvertes exploitables dans l'immédiat «si on s'y met»et ouvertes au partenariat, a assuré le ministre, qui a fait état d'un grand optimisme sur l'intérêt que ces «petites découvertes» peuvent susciter chez énormément de compagnies «pour peu que les textes d'application soient prêts, pour peu que l'on fasse une campagne de promotion, et que l'on redonne de la confiance au partenaire». Des gisements sont en attente d'exploitation depuis des années, certains depuis les années 50, a révélé M. Attar qui s'est ensuite attardé sur le cas de Sonatrach, un des chapitres abordés d'ailleurs par la feuille de route du secteur. La compagnie qui «s'est occupée de tout et de rien (...) et de ce qui ne la regarde pas» et qui fera l'objet, à partir de la semaine prochaine, d'un audit sur son organisation, son fonctionnement, et parvenir au bout à ce qu'elle se focalise sur «ses métiers de base». Réduire les coûts d'exploitation et de fonctionnement et, ainsi, sur le prix de revient de son gaz et de son pétrole pour être compétitive sur le marché. Le ministre n'omettra pas de parler également de la question de la ressource humaine de la compagnie, en évoquant la pléthore de personnel, la réduction des postes à l'international qui ne sont pas nécessaires, des affectations «à gauche et à droite», tout en préconisant tout de même qu'il faudra maintenir la présence de Sonatrach à l'étranger. C'est en fait à une vaste revue de ce qui attend le secteur de l'énergie dans l'immédiat et dans le futur proche que s'est attelé à détailler Abdelmadjid Attar par ces temps de crise qui ne laisse à l'Algérie, comme à tous les pays du monde, qu'une très étroite marge de manœuvre. Azedine Maktour