Alors que le coronavirus progresse dangereusement dans le pays, dans les lieux publics à forte fréquentation, notamment les marchés de fruits et légumes et de l'habillement, les mesures de protection sont peu respectées par beaucoup de citoyens, qui donnent l'impression d'être plus préoccupés par le prix de la tomate que par le risque de contamination. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Ce jeudi après-midi, dans le marché Meissonnier, au centre d'Alger, il était difficile de se frayer un chemin parmi la foule qui avait pris d'assaut le marché de l'habillement à la recherche, pour la plupart, de vêtements de l'Aïd pour les enfants. Observée de loin, la foule allait et venait, les uns ne gardant aucune distanciation avec les autres et une bonne partie sans masques de protection, sans se soucier des risques de contamination au Covid-19 qui se multiplient dans les lieux de regroupement. Depuis plusieurs semaines, de nombreux citoyens et professionnels de la santé publique appellent sans cesse à la fermeture de ces lieux de transmission du virus, mais les pouvoirs publics n'ont rien entrepris de sérieux, faute d'apporter une alternative à la fermeture. Ils ont fait dans la demi-mesure en limitant les heures d'ouverture des marchés, comme si le virus avait des plages horaires de circulation. Il a fallu attendre ces derniers jours avec la propagation fulgurante de la maladie, pour voir quelques marchés de la capitale fermés pour stopper la progression du Covid-19 et ce, à la veille de l'Aïd, une période durant laquelle la fréquentation des marchés augmente, surtout après la fetwa du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, autorisant le sacrifice du mouton. Ainsi, les services de la wilaya d'Alger ont annoncé ce jeudi la fermeture immédiate du marché de Boumati à El Harrach, très fréquenté, et du centre commercial dit Bazar Hamza à Bach Djerrah, après avoir fermé, quelques jours auparavant, le marché le plus important de l'électroménager et de la pièce détachée d'El Hamiz. La commission de contrôle et de répression des commerçants contrevenants aux mesures sanitaires de lutte contre le coronavirus à Alger a décidé, en outre, de suspendre l'activité de plus de 200 commerces dans la circonscription administrative de Draria. Un autre marché communal, Miloudi-Bernis, a été également fermé suite à la visite sur le terrain effectuée par cette commission, qui explique ces mesures par le «non-respect des commerçants aux mesures de prévention du virus et au manque de conscience constaté chez certains d'entre eux». Si des observateurs saluent ces fermetures de marchés et en appellent à la fermeture d'autres, il n'en demeure pas moins que les commerçants y exerçant sont désemparés et se demandent où est l'alternative à la cessation des activités. Mais le respect des mesures de protection doit primer face à ce virus. Pourtant obligatoire, le port du masque est peu observé dans les rues et marchés à Alger. Toujours dans le cadre des mesures de lutte contre le coronavirus, dont la gestion officielle est fortement critiquée, les soldes d'été 2020 qui devaient débuter le 21 juillet courant ont été reportées jusqu'à nouvel ordre par la direction du commerce de la wilaya d'Alger. «Ce report a pour objectif d'endiguer la propagation du Covid-19 et d'éviter les rassemblements devant les locaux et les centres commerciaux qui pratiquent ce type de vente», a expliqué le directeur du commerce de la wilaya d'Alger, Abdallah Ben Halla. K. A.