Le déballage de Abdelghani Hamel ne lui aura pas servi à grand-chose en définitive. Le tribunal qui le juge en appel s'arrête aux faits qui lui sont reprochés, et l'ancien patron de la DGSN risque, au contraire, une peine plus lourde que celle qui a été prononcée à son encontre en première instance. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Mercredi 29 juillet : Hamel est debout, face au juge, résolu à «dire», «parler», lever le voile sur ce qu'il considère comme étant les véritables raisons ayant provoqué sa chute. Il considère également que ce sont des «vérités» qu'il tente de dévoiler depuis son incarcération, des propos qu'il n'a pu tenir lors de son premier jugement. Au tribunal de Sidi-M'hamed, ce dernier avait, en effet, tenté d'introduire le sujet Beleksir, mais le magistrat qui l'interrogeait sur l'origine de sa fortune considérait sa tentative comme étant hors propos et n'ayant aucun lien avec les faits reprochés. Ses avocats s'en sont chargés lors de leurs plaidoiries fracassantes où ils réclamaient la présence de l'ancien patron de la gendarmerie et de Noureddine Bédoui, ex-ministre de l'Intérieur. Mais ce mercredi, Hamel prend les devants et annonce tout de go qu'il a des révélations à faire. Des noms, et pas des moindres, sont au centre de l'incroyable histoire qu'il raconte : Beleksir, que l'on dit en fuite, Noureddine Bédoui, Tayeb Louh, Habba El Okbi, ancien secrétaire général de la présidence... «Beleksir m' en a voulu car mes services ont été chargés d'enquêter, car son fils voulait épouser la fille du frère de Abdelaziz Bouteflika.» Il va dans les détails : «Il était très en colère car il a appris qu'une enquête allait être diligentée à l'encontre de ses fils à Annaba (...) il a donné des instructions à Tayeb Louh pour me nuire (... ) Saïd Bouteflika ne me portait pas dans son cœur, il m'a limogé.» Le juge écoute jusqu'à la fin, puis lâche une phrase qui déstabilise le prévenu : «Vous avez dit ce que vous avez sur le cœur, mais vous ne nous dites pas d'où vous vient votre fortune.» Ces propos laissent peu de place au doute sur la suite des événements à venir. Le procureur de la République le confirme le jour d'après en déclarant dans son réquisitoire que «tous les éléments constitutifs du crime étaient établis dans le dossier». Il requiert le durcissement des peines contre les accusés. Abdelghani Hamel risque désormais de voir des années supplémentaires s'ajouter aux quinze ans prononcés par le tribunal de Sidi-M'hamed. Et il n'en sera pas pour autant au bout de sa peine. L'ex-patron de la DGSN devra comparaître dans trois autres affaires lourdes. Sa première comparution se déroulera au tribunal de Boumerdès où il doit être jugé dans une affaire liée au foncier. La seconde est liée au dossier de l'ancien chef de Sûreté de la wilaya d'Alger, Noureddine Berrachdi, poursuivi, comme Hamel, pour «abus de fonction pour obtention d'indus privilèges à caractère professionnel en vue de la préservation de son poste ou d'un poste supérieur». Les deux hommes ont été condamnés à quatre années de prison en première instance par le tribunal civil de Blida. La troisième affaire, la plus spectaculaire également, a été fixée au 5 août prochain au tribunal de Chéraga où il comparaîtra dans l'affaire de la fille prétendue de Abdelaziz Bouteflika, la fameuse Mme Maya, dans la villa de laquelle un véritable trésor a été découvert lors d'une perquisition. Mme Maya, véritable création d'anciens hauts responsables de la présidence de la République, emmurait argent et or dans sa demeure sous protection permanente d'éléments des services de sécurité mis à disposition par l'ancien patron de la DGSN. A. C.