Une Liga concédée au Real Madrid et une saison blanche, ponctuée de scandales en tous genres: pour le FC Barcelone de Lionel Messi, le 8e de finale retour de Ligue des champions contre Naples ce soir (20h) se présente comme la dernière chance de sauver sa saison catastrophe. Le début du chemin de croix : après un exercice 2019-2020 cauchemardesque sur le terrain et sur le plan extra-sportif, Messi et le Barça abordent cette Ligue des champions comme un ultimatum, après le match nul (1-1) accroché à l'aller en Italie. La superstar argentine, auréolée d'un septième titre de Pichichi (meilleur buteur d'Espagne), a tiré la sonnette d'alarme à la fin de la Liga : «Je l'ai déjà dit il y a un moment, mais si on continue comme ça, ce sera très difficile de gagner la Ligue des champions», avait averti la Pulga («Puce», en espagnol) le 16 juillet, dans une sortie aussi puissante que rare. «Changer en profondeur» «Il va falloir que l'on change en profondeur si on veut se battre pour la Champions. Parce que sinon, le match contre Naples, on le perdra aussi», avait fulminé le sextuple Ballon d'Or après la défaite contre Osasuna, qui avait déroulé le tapis rouge pour le titre du Real Madrid en Liga... avant de tempérer en assurant que le Barça avait «fait son autocritique». Moins étincelant que ces dernières années, vieillissant, ébranlé par de lourdes blessures et des affaires à répétition cette saison... le Barça boite, mais rêve encore d'Europe. Les Blaugranas et la « MSG » de Messi, Luis Suarez et Antoine Griezmann (de retour de blessure au quadriceps droit), invaincus à domicile depuis 35 matches en C1 mais qui n'ont plus soulevé la «Coupe aux grandes oreilles» depuis 2015, s'apprêtent donc à recevoir Naples aujourd'hui dans un Camp Nou (99 000 places) à huis clos en raison de la pandémie de nouveau coronavirus, pour tenter de sauver leur saison. «Je ne comprends pas la raison pour laquelle on doit jouer dans une ville qui connaît de gros problèmes», a interrogé la semaine passée le président de Naples, Aurelio de Laurentiis, qui verra à contrecœur son équipe faire le déplacement à Barcelone, ville qui a pris de nouvelles mesures restrictives après une recrudescence de cas de contamination depuis fin juillet. Griezmann de retour, Insigne en doute «C'est sûrement un désavantage (de jouer à huis clos), parce que pour un match qui te transcende comme celui-ci, les tribunes pleines et animées auraient pu avoir un effet positif... Mais bon, c'est comme ça», a regretté l'entraîneur blaugrana Quique Setién, fin juillet. Sur un siège éjectable après une deuxième moitié de saison très mitigée, Setién, nommé en janvier après la destitution d'Ernesto Valverde, compte lui aussi sur cette Ligue des champions pour réaffirmer sa légitimité sur le banc du Barça. Avec les retours de Griezmann, mais aussi des Bleus Ousmane Dembélé(pas convoqué pour ce soir) et Clément Lenglet, et du jeune milieu de terrain néerlandais Frenkie de Jong, le Barça espère bien accéder au tournoi final de la Ligue des champions, disputé à huit équipes à Lisbonne (12-23 août) dans un système à match unique, en raison de l'épidémie. Surtout qu'en face, la formation italienne arrive avec un gros point d'interrogation sur sa star et capitaine Lorenzo Insigne, touché à l'adducteur gauche et sorti en pleurs samedi lors du dernier match de championnat contre la Lazio. Avant de toucher du doigt le sacre final, qui reste encore un rêve quasi-inaccessible au vu de ses dernières performances et du tableau relevé qui l'attend en cas de qualification (dont le Bayern ou Chelsea en quarts), les Catalans devront d'abord passer par-dessus un Naples qui veut «écrire l'histoire», comme l'a annoncé son entraîneur Gennaro Gattuso, avant d'espérer mettre un peu de baume autour de leurs plaies ouvertes.