Réagissant à la décision du gouvernement de rouvrir les espaces fermés au grand public depuis près de cinq mois maintenant, les experts responsabilisent les citoyens en les appelant à respecter les mesures barrières, aujourd'hui connues de tous. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - «Le virus circule toujours et de façon active», rappelle d'emblée le président de la cellule chargée des investigations et des enquêtes épidémiologiques, le professeur Mohamed Belhocine. S'exprimant, hier dimanche, à la Radio nationale, il invite tout un chacun à faire preuve d'une «extrême vigilance», afin de ne pas aggraver davantage la situation épidémiologique. «Tout cas qui apparaît au quotidien est le témoin de la propagation rapide de la pandémie», souligne-t-il. Pour illustrer la propagation du virus en Algérie et son expansion croissante, Mohamed Belhocine fait observer qu'aujourd'hui, «pratiquement toutes les wilayas sont concernées, notamment celles du Sud», lesquelles pourtant étaient jusque-là relativement épargnées. C'est dire la vélocité de déplacement du Covid-19. Il insiste : «Seul un respect strict du protocole sanitaire permettrait d'endiguer le Covid-19.» Le port du masque de protection dans les espaces clos particulièrement, une hygiène irréprochable des mains, ainsi que le respect de la distance entre les personnes sont les règles d'or qu'il ne faut surtout pas ignorer «si l'on veut éviter un éventuel rebond des contaminations». Imposer les gestes barrières à travers la sensibilisation Le professeur Belhocine insiste certes sur la nécessité de faire respecter les gestes barrières, mais se dit en revanche contre l'idée d'user d'une méthode coercitive pour convaincre le citoyen de s'y conformer. « Il faut trouver un juste équilibre entre coercition et l'appel à la raison des citoyens », a-t-il estimé. De son point de vue, on ne peut mettre un policier derrière chaque citoyen. «Il revient donc à ces derniers de se protéger eux-mêmes et de préserver leur entourage», a-t-il soutenu. Il fera d'ailleurs remarquer que l'obligation du port du masque est beaucoup plus respectée ces dernières semaines par la population, même «s'il reste beaucoup à faire sur ce plan». Mohamed Belhocine a, en outre, assuré que les enquêtes épidémiologiques contribuent efficacement à limiter la propagation du virus. Il développe à ce propos que «les cas qui arrivent à l'hôpital ne constituent que 10% de l'ensemble des personnes infectées par le virus», ce qui fait que 9/10 personnes «échappent totalement au radar de notre système de santé publique», précise-t-il. Par conséquent, c'est grâce à ce nombre de personnes infectées qu'on peut engager une enquête épidémiologique qui permet de remonter aux sujets-contacts, afin de les isoler de la population saine et de casser la chaîne de transmission. Chose qu'il est impossible de faire avec des personnes asymptomatiques. «Celles-ci propagent le virus sans même s'en rendre compte, et c'est là que réside le plus gros danger», a-t-il averti. L'efficacité durable d'un vaccin contre le Covid-19 demeure une incertitude Parlant des espoirs fondés sur la mise au point d'un vaccin contre le virus, Mohamed Belhocine relève que certaines publications récentes mettent en lumière le risque que l'immunité de ce vaccin ne soit pas durable. Cela reste encore à prouver, soutient-il. Par ailleurs, il considère qu'à ce stade, même un vaccin qui immunise contre le virus, de façon temporaire, est bon à prendre, «en attendant de trouver des solutions définitives». Abordant la question de l'immunité collective, Mohamed Belhocine se dit peu convaincu de sa faisabilité, expliquant que «selon des experts, cette immunité serait moins durable qu'on pouvait le penser initialement». Il estime, ainsi, qu'il est illusoire de penser qu'on pourrait en jouir à terme. M. Z.