Surprise au tribunal de Sidi-M'hamed à Alger. Le journaliste Khaled Drareni, arrêté le 7 mars en pleine couverture médiatique d'une manifestation populaire à Alger, a été condamné, hier lundi, à une lourde peine de trois ans de prison ferme ,assortie d'une amende de 50 000 DA. Les deux autres activistes, Samir Belarbi et Slimane Hamitouche, poursuivis dans la même affaire, sont condamnés à 2 ans de prison dont 4 mois ferme avec une amende de 50 000 DA chacun. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - De nombreux journalistes, des avocats et des défenseurs des droits de l'Homme ont été scandalisés par cette lourde condamnation, la qualifiant de «terrible», estimant qu'elle était «injustifiée», surtout la peine à l'encontre du journaliste Khaled Drareni que ses confrères n'arrivent pas comprendre. Personne ne s'attendait à cette lourde peine, au moment où le pouvoir a annoncé son intention d'aller vers un climat plus apaisé. Khaled Drareni, premier journaliste à écoper d'une telle peine dans la nouvelle Algérie d'après le 22 février 2919, a été arrêté par les services de sécurité dans la matinée du samedi 7 mars à Alger au moment où il couvrait une manifestation populaire. Poursuivi pour «incitation à attroupement non armé», et «atteinte à l'unité nationale», il sera placé dans un premier temps sous contrôle judiciaire, avant d'être placé en détention provisoire. Les deux activistes Samir Belarbi et Slimane Hamitouche, poursuivis dans le même dossier que Khaled Drareni, arrêtés le même jour et poursuivis pour les mêmes chefs d'inculpation. Lors de son procès, le journaliste Khaled Drareni et les deux autres prévenus ont réfuté en bloc les accusations. Khaled Drareni s'est défendu en affirmant qu'à travers son travail de journaliste, il ne rapportait que l'information et en rapportant la vraie information, il contribuait à la défense de l'unité nationale. Leurs avocats ont plaidé la relaxe pure et simple. Lors du procès en date du lundi 3 août dernier, le parquet avait requis 4 ans de prison ferme et une amende de 100 000 DA, ainsi que 4 ans de privation des droits civiques contre les trois concernés. La lourde condamnation de Khaled Drareni a suscité l'indignation des journalistes, de certains responsables politiques, des avocats et des défenseurs des droits de l'Homme, surtout que sa libération était fortement attendue. Certains de ses amis ont même préparé le déplacement à la prison de Koléa pour l'accueillir à sa sortie. Mais la justice en a voulu autrement. «C'est une peine terrible», ont réagi plusieurs journalistes au moment où d'autres ont dénoncé «une vengeance contre le journaliste». L'avocat Abdelghani Badi a dénoncé «l'utilisation de la justice et des services de sécurité par le pouvoir ou des cercles du pouvoir. Au sein des appareils judiciaire et sécuritaire, il y a ceux qui croient qu'ils sont au service du pouvoir et du système et non au service du pays et du citoyen», a-t-il déploré. Le président du RCD, Mohcine Belabbas, a affirmé que «la répression politique par l'instrumentalisation de la justice et des magistrats a atteint le summum de l'intolérable et de l'entendement avec la condamnation du journaliste Khaled Drareni à trois années de prison ferme pour des accusations farfelues». Selon le président du RCD, depuis le début du confinement suite à la pandémie de Covid-19, on assiste à un durcissement de la répression politique dans l'objectif de dépolitiser tout acte, parole ou mouvement contestant le pouvoir de fait et le système en place. «Empêcher les citoyens de militer, de manifester et d'avoir une expression libre et autonome vise à faire disparaître toute forme de contestation politique et replonger le pays dans le désenchantement politique vécu par le passé», soutient Mohcine Belabbas. K. A.