Plus capricieux que jamais, le prix du baril de pétrole se heurte à des impondérables qui ont la peau dure. En effet, la demande ne revient pas aussi vite que prévu à ses niveaux d'avant-crise, et la perspective pour les prochaines semaines de voir l'offre des pays de l'Opep augmenter au moment où les raffineurs éprouvent des difficultés avec leurs stocks, cela n'augure pas la remontée attendue des prix. «Les mouvements du pétrole de ce jour sont un signe clair que le marché s'inquiète sérieusement de l'avenir de la demande», expliquait Paola Rodriguez-Masiu, du cabinet d'analyse Rystad Energy, mercredi dernier, soit au lendemain d'une sévère chute des prix, et au moment où, de partout, parvenaient les chiffres de la demande de pétrole de ces dernières semaines, chiffres qui entérinent notamment la baisse des importations chinoises de brut, passées de 12,13 millions de barils par jour (mb/j) en juillet à 11,23 mb/j en août. La demande s'est, en effet, tellement rétrécie ces dernières semaines que l'un des acteurs majeurs ayant permis au cours de remonter, l'Arabie Saoudite en l'occurrence, a dû abaisser le prix de vente officiel de son pétrole, ont rapporté plusieurs experts ces trois derniers jours. Une passe difficile pour les pays producteurs, comme l'illustre l'initiative saoudienne qui, immanquablement, n'est pas sans susciter des interrogations sur l'Algérie où les autorités du pays s'apprêtent au lancement effectif de réformes à grande échelle, avec l'objectif majeur de réduire la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures. Objectif nécessitant dans l'immédiat l'argent de ces mêmes hydrocarbures, même si les autorités du pays clament que le financement de ces réformes ne se heurte pas, du moins pas pour le moment, aux complications financières qu'éprouve l'Algérie depuis 2014, aggravées depuis par les effets de la pandémie comme partout à travers le monde. Contexte difficile pour le marché pétrolier mondial qui, si l'on doit se fier aux perspectives de la Banque centrale de Russie, risque de perdurer avec des conséquences ravageuses pour le marché mondial du pétrole. L'institution monétaire et financière russe a, en effet, averti que les prix du pétrole brut pourraient chuter à 25 dollars le baril. Une glissade des cours qui serait le résultat de tensions géopolitiques accrues, une deuxième vague d'infections au Covid-19, l'exacerbation des tensions économiques et d'autres chocs encore. Azeddine Maktour