C'est toujours le flou en ce qui concerne les dates des prochaines rentrées scolaire et universitaire. Malgré la décroissance manifeste de la pandémie de Covid-19, les autorités temporisent et préfèrent rester prudentes, au cas où la situation épidémiologique venait à se dégrader, une fois que les élèves et les étudiants auront rejoint les établissements. Un état de fait qui, il faut le dire, sème l'inquiétude dans l'esprit des parties concernées, qui craignent que les conséquences de ce contretemps entravent le reste de l'année. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a récemment déclaré que la date définitive de la reprise des élèves et des étudiants sera tranchée en fonction de l'évolution épidémiologique. Les responsables des deux secteurs avaient, pour rappel, préalablement fixé une date de reprise, soit le 4 octobre pour la rentrée scolaire et le 19 septembre pour la rentrée universitaire. À l'occasion de la tenue des examens du BEM et du baccalauréat, le ministre de l'Education nationale avait annoncé finalement que la rentrée des élèves sera décalée. Quelques jours plus tard, c'était au tour de Abdelbaki Benziane, le ministre de l'Enseignement supérieur, de révéler que le 19 septembre ne sera peut-être pas la date de la rentrée pour les étudiants. Depuis, les étudiants, les parents d'élèves ainsi que les partenaires sociaux disent être dans le flou le plus total, exprimant, par ailleurs, leurs craintes que cet état de fait s'inscrive dans la durée. Qu'adviendra-t-il alors de ce qui restera de l'année scolaire 2020-2021 ? C'est ce type d'appréhension que laissent paraître les réactions de quelques syndicalistes relevant de l'éducation nationale. Ces derniers conviendront d'ailleurs sur le caractère «complexe» de cette décision. «Nous nous trouvons entre le marteau et l'enclume», dira Zoubir Rouina, coordinateur du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), pour résumer la situation. Développant son propos, il explique que les activités scolaires doivent reprendre le plus tôt possible», c'est certain, sauf que «la pandémie plane toujours telle une épée de Damoclès sur nos têtes». Zoubir Rouina soulignera que ni son syndicat ni aucun autre n'est en mesure de trancher la question, tant l'aspect sanitaire dépasse toute autre considération. Zoubir Rouina juge, en outre, qu'une seule semaine ne suffira pas à terminer les corrections des copies du baccalauréat. C'est pourquoi, selon lui, «la rentrée ne pourra pas se faire le 4 octobre». Il signale, dans ce sens, que les enseignants correcteurs n'ont pas tous des classes de terminale. Et que si les élèves reprennent les cours avant la fin des corrections, «ce sera l'anarchie». Donc, autant d'aspects qui, selon lui, doivent être pris en compte avant de décider de la date de la reprise, insistant sur la nécessité que cette « décision » soit prise loin d'un quelconque intérêt politique ou idéologique. Sur la même question, Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), avertit de son côté qu'«il y a danger sur la rentrée scolaire». Et pour cause, dit-il, «nous n'avons pas les moyens nécessaires pour appliquer à la lettre le protocole sanitaire». Il révèle dans ce registre que les budgets de fonctionnement des collèges et lycées sont réduits de 65% depuis janvier 2017. «Comment feront les directeurs de ces établissements pour trouver les fonds nécessaires pour acheter du gel et autres produits d'entretien ?», se demande-t-il. Boualem Amoura pose l'autre problématique liée à la surcharge des classes. «En temps normal déjà, nos classes sont surchargées. Alors comment allons-nous faire pour faire respecter la distanciation ?», fait-il remarquer, rappelant que «nous n'avons pas assez de locaux pour scinder les classes en groupes de 15 élèves !», en sachant que dans certaines écoles primaires, on travaille déjà avec le système de la double vacation. La rentrée universitaire le 1er décembre ? Mêmes préoccupations du côté de la communauté universitaire qui demeure, elle aussi, dans le flou. Toutefois, le responsable du secteur a annoncé que la rentrée des étudiants pourrait bien être reportée au 1er décembre prochain, soulignant que «la date du 19 septembre n'était pas un choix définitif», et que, par conséquent, cette nouvelle proposition sera soumise au Premier ministère, selon Abdelbaki Benziane. En attendant, les étudiants et les enseignants s'interrogent, eux aussi, sur le sort de cette année. M. Z.