La commission fraîchement formée et présidée par le Premier ministre, dont la mission est de statuer sur les conditions de la fin de l'année scolaire, rendra ses propositions demain dimanche au Conseil des ministres qui tranchera définitivement sur la question. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Les interrogations soulevées par les parents d'élèves ainsi que par la communauté éducative auront enfin les réponses qu'ils attendent depuis des semaines. Il faut dire que le sujet d'une probable fin ou d'une éventuelle reprise des cours après le confinement a beaucoup marqué le débat ces derniers jours. Les acteurs du domaine ont pour la plupart émis une série de propositions dans l'espoir de finir «au mieux» cette année scolaire. Il reviendra néanmoins à ladite commission de trancher. En attendant, les syndicalistes évoquent plusieurs scénarios, souhaitant, pour la plupart d'entre eux, que la fin de l'année soit officiellement décrétée au regard de la crise sanitaire qui perdure. Exprimant son point de vue par rapport au flou qui entoure cette question, le président du Conseil des lycées d'Algérie (Cela), Zoubir Rouina , nous explique au préalable que «la décision qui sera prise dans ce sens ne doit absolument pas revêtir un caractère politique». Il explique que l'intérêt de l'élève et de l'école doit primer sur « toute autre considération». Zoubir Rouina estime toutefois que d'après les données du terrain, «c'est évident qu'on ne peut envisager de programmer des examens pour le mois de juin». Pour lui, les conditions actuelles ne permettent aucunement de parler de reprise, ajoutant que d'autres paramètres sont à prendre en compte, «à commencer par le climat qui est particulièrement rude dans les régions du Sud pendant cette période». Abordant les modalités de passage des élèves, le président du Cela soutient que son syndicat s'oppose au fait que les élèves ayant des moyennes très basses aient le droit de passer à un niveau supérieur, comme proposé par certaines organisations syndicales. Il soutient que certes, cette situation est exceptionnelle et qu'il faut prendre des mesures tout aussi inaccoutumées, cela dit «on ne fait pas la charité dans ces choses-là», insiste-t-il. Il considère, de ce fait, qu'exiger une moyenne de 9/20 pour le passage est dans ce contexte «une alternative», préconisant toutefois qu'il serait judicieux d'organiser des examens de rattrapage pour les élèves qui sont plus ou moins proches de cette note, histoire de donner la même chance à tous. Zoubir Rouina invite encore à réfléchir sur les conditions de la rentrée prochaine, en jugeant utile, là encore, que l'année scolaire 2020-2021 soit condensée en deux semestres, en supposant que la reprise des cours se fasse à la mi-septembre ou même en octobre. Même son de cloche du côté du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), dont le président Boualem Amoura estime que la fin de l'année s'est imposée d'elle-même pour plusieurs raisons, tout en souhaitant que «la commission fasse preuve de sagesse et prenne la meilleure décision». A propos des conditions de passage, Boualem Amoura soutient lui aussi que cette pandémie ne doit pas ouvrir le champ à «la médiocrité». Mettant en évidence le principe du mérite, il rappelle que pour les élèves qui n'ont pas obtenu la moyenne leur permettant de passer à une autre classe, «ces derniers auront droit au rattrapage qui se déroulerait mais au mois de septembre», comme c'était le cas avant. Boualem Amoura a, par ailleurs, estimé que les contraintes engendrées par cette crise sanitaire doivent inviter à réfléchir «à une refonte radicale du système éducatif», et de revoir les points inhérents au rythme scolaire, au cœfficient des matières, ainsi que sur le volume horaire. Pour sa part, le syndicaliste Nabil Ferguenis confie que ce qui risque de poser problème, c'est l'organisation de l'examen du bac. Il suppose que dans le cas de figure où celui-ci est prévu pour le mois de juin, «aucune garantie sur la sécurité des concernés n'est assurée dont les mesures d'hygiène les plus élémentaires». C'est au ministère de l'Education de prendre la «meilleure décision», précise-t-il. Notre interlocuteur en profite lui aussi pour remettre sur la table la question de «la refonte du bac» qui consiste principalement à réduire la durée de cet examen, en passant de cinq à trois jours, en ne prenant en compte que les matières essentielles. Un plan engagé, notons-le, par l'ancienne ministre de l'Education, Nouria Benghabrit. Une alternative qui aurait pu éviter beaucoup de contraintes d'après ce dernier. Nabil Ferguenis regrette que ce projet soit tombé à l'eau qui plus est, pour des considérations, dit-il, «idéologiques». Le syndicaliste invite, par conséquent, les autorités à tirer des leçons et à se pencher à nouveau sur ce sujet. M. Z.