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L'Odyssée de Hamdi Benani
LA NOUBA EN DEUIL
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 09 - 2020


Par le Dr A.G./Friha
Toute renaissance culturelle et artistique se concrétise à travers «ses têtes de file» (leaders) ou ses pionniers qui, grâce à des mécènes passionnés d'arts et de culture, la façonnent et l'irriguent de leur talent de créateur ou rénovateur, pour qu'elle puisse engendrer un nouvel essor pour les générations futures.
Par conséquent, s'agissant de l'Algérie, notre renaissance est, de toute évidence, épanouie avec succès et monte grâce à l'aide précieuse et combien bénéfique de notre éclairée Algérie et protectrice des artistes algériens, voire même ceux du monde, dont plusieurs d'entre eux ont trouvé bon accueil dans notre République ; véritable réceptacle du monde artistique et culturel. Et donc, l'histoire ayant marqué en «lettres d'or» cette nouvelle floraison artistique et culturelle, considérée comme étant l'une des vertus les plus précieuses de la civilisation algérienne, a permis à certains artistes rares de développer leurs dons et leurs talents de créativité artistique dans une atmosphère adéquate et propice.
Ainsi, parmi ces «privilégiés», nous citerons essentiellement maître hamdi benani, auteur de chefs-d'œuvre musicaux (instrumentaux et vocaux), mais surtout et essentiellement «virtuose» du violon et du luth.
Pourquoi maître hamdi benani ?
Pour répondre à cette question pertinente, j'aimerais rapporter les précieux témoignages des géants du siècle dernier qui ont fait les réflexions suivantes sur maître hamdi benani au début d'une très longue carrière musicale.
Le professeur ouadii essafi (d'origine libanaise) en France, à Paris, en 1987 : «... Je suis satisfait de rencontrer un jeune musicien algérien qui aime l'art en lui adjoignant des chefs-d'œuvre artistiques inouïs ayant trait à l'art de la voix de velours d'une pureté exceptionnelle, du violon, du luth et par la création d'une méthode. J'espère que tout passionné de ces deux bels instruments uniques en leur genre y trouvera l'aide nécessaire à son apprentissage...»
Notre grand musicologue et président de «El Mizhar El Bouni», le défunt et le regretté hassen derdour, en 1966, au Théâtre régional de Annaba, lors de la tenue du 1er Festival international de la musique andalouse, disait : «... Ce jeune artiste aura le meilleur coup d'archet...»
Quant au maestro égyptien baligh hamdi en 1976 à Banghazi, en Libye, à l'occasion de la cérémonie officielle de «El Fateh» en présence de la diva Warda el jazaïria, il disait :
«... En raison de vos capacités vocales et instrumentales, si vous venez en Egypte, je ferai de votre personnage une grande star...» Par ailleurs, le Rossignol abdelhalim hafez, lors de son passage à Annaba en 1964, et à l'hôtel L'Orient, il fut stupéfait et fasciné par la manière de hamdi benani de tenir le violon. En admirant et appréciant sa voix, il lui déclara : «... Quelle belle voix, vraiment jolie. Il faudrait venir en Egypte...»
Enfin, le témoignage de marque du pionnier el hadj el ghafour qui a jugé que «... hamdi benani possède le meilleur coup d'archet...».
Parler de l'artiste hamdi benani est un long sujet, parler de ses chefs-d'œuvre serait encore plus long. De toutes les façons, l'artiste hamdi benani est une figure emblématique de la musique nationale, bien connue du grand public qui reconnaît en lui le grand artiste et ceci est une preuve formelle de son talent et de son rayonnement.
Sa personnalité présente divers aspects et s'impose à l'attention de l'observateur par son rythme de vie artistique et sa générosité remarquables. Musicien d'un talent infiniment expressif, incontesté et incontestable, connu débordant d'activités dans le domaine de la musique et des arts, où il parle et commente les œuvres des différents artistes algériens. En général, sa vie se confond avec celle de l'art musical, un travailleur infatigable. Benani décrit souvent la situation des artistes algériens, leur combat pour la sauvegarde du patrimoine national et leur militantisme pour la protection, la promotion et l'instauration d'une chanson spécifiquement algérienne. Il évoque une riche expérience et, en filigrane, la réflexion et l'analyse sur son évolution, la naissance et l'histoire de la chanson algérienne, ainsi que sa grandeur, sa décadence et sa misère ayant marqué le répertoire national depuis des siècles.
Ce modeste exposé résume une soixantaine d'années de vie artistique en Algérie et à travers le monde, spécialement de la musique vécue par un de ses éléments les plus présents et des plus représentants : Hamdi benani, le chanteur des générations.
Né le 1er janvier 1943 à Bône (actuellement Annaba), un centre rayonnant des arts et de la culture. C'est dans cette cité flamboyante, où le divin Hamdi benani a fait ses premiers pas de musique. À un âge très précoce, cette enfance puis ce début de jeunesse furent, on le devine, très heureux. À l'époque, l'enfance de Hamdi benani sera occupée de jeux innocents et d'escapades en compagnie d'autres gamins du quartier Saint-Cloud, qui se faisaient une joie d'un rien. hamdi benani sera appliqué et sérieux et terminera ses apprentissages et ses répétitions sans embûches ni encombres, et sera plus tard le maître de la plupart de ses succès immortels et impérissables durant une soixantaine d'années de labeur infatigable.
hamdi benani était un jeune homme assez réservé et bien éduqué, le prototype du «fils de famille», dont chacun ne pouvait que dire le plus grand bien du futur grand chanteur et artiste émérite si prometteur. Alors, il tient tête et reste déterminé à aller jusqu'au bout de ses gigantesques idées avec un désir d'arriver à concrétiser ses années fondatrices pour sa carrière d'artiste.
Sa bonne étoile de jeune chanteur commençait à poindre en ce milieu des années soixante où les gloires débutaient. Alors, incontestablement, Hamdi benani constituait une promesse de relève et tout le monde avait d'emblée cru en son talent, où d'anciens artistes aînés et de renom de la place se tournaient vers lui en s'investissant, dont les prestigieux Sani, Sleimène Larguèche, Goômor, Ould Guelbi, Semmar, Bouchemal, H'ssain, Mohamed El Hadi, Bouchama, Derdour, Bouhara, Hacène, Triki, etc. A leur image, le jeune prodige de la chanson andalouse s'affirmait enfin sur la scène et était accepté d'emblée par un grand et large public admirateur et éperdu. Ce n'est qu'à partir de Ya bahi el jamêl que sa carrière décolla et sa réussite éclata. On retrouve chez lui les influences conjuguées de M'hammed Ould El Kourd, Felfoul (Guelbi) [Hcène Belkhammar], Raymond, Sylvain, Hacène, Fergani, etc.
On ne lui connaît que des chefs- d'œuvres, dont l'époustouflant «Raçd» et l'ensorcelante «Çaika» qui sont les quintessences de sa maturité musicale. Hamdi benani date le début du bonheur à partir de 1974, incarné par sa respectueuse et respectable épouse, Madame N. Benani. De là aussi date sa rencontre avec la musique andalouse, puisque le grand- père de sa femme, Cheikh Belloucifs, était un maître et un pionnier de la musique andalouse.
Mais celui qui allait initier le jeune Hamdi fut Cheikh Sani, de son vrai nom Belfraj Mostefa, le maestro et le virtuose du luth. Hamdi benani reconnaît en ce dernier son maître, notamment en ce qui concerne la musique andalouse et le style local qui allait faire bientôt fureur.
Avec son maître Sani, le disciple plongera dans les méandres de la musique andalouse, apprendra les secrets du oûd (luth), avant d'arracher une place, combien précieuse, aux côtés d'artistes de renom. Hamdi benani s'acoquine avec son instrument de prédilection depuis des lustres, le luth qui est l'instrument de base de tout orchestre andalou et son emblème (soltane el elette : roi des instruments).
Vers 1959 fut fondé par Hamdi benani le premier orchestre dirigé par ses soins. Appel fut fait à Benani d'y faire édifice, ambitionné qu'il était de créer sa propre formation. Celle-ci verra le jour, avec une base de départ de six musiciens qui sont : Radouane H'cène Chaouch (mandole), Cherif Abaïz (derbouka), Ali Z'ren (jaouak), El Hadi Ôkka (luth), A. Krim Zenk (tar) et Hamdi Benani (luth et/ou kamanja) conduit par lui-même, qui allait bénéficier de tous les privilèges et revendiquer de l'apport de la musique occidentale.
Hamdi benani avait toujours la modestie de croire à l'effort commun dans la création artistique, n'était pas ingrat et refusait les éloges complaisants. Sa réussite n'était pas pour lui une fin en soi. Inévitablement, cette réussite lui vaut des déboires. Elle le met sous les feux de la jalousie qui déverse un torrent de sabotage et de méchanceté gratuits. Des ragots qui peuvent avoir un effet dévastateur sur l'artiste mis en cause, mais Dieu soit loué, il y échappa grâce à la rigueur du train de vie qu'il s'était imposé et consacra toute son énergie à son art, un véritable génie bouillonnant porteur de toutes les bonnes audaces.
Notre musicien national raconte que les coulisses de la scène musicale sont mouvementées et pas toujours innocentes. D'ailleurs, cela ne date pas d'aujourd‘hui. Ainsi, en parallèle de cet âge d'or de la musique algérienne, couvaient ici et là des guerres secrètes par «orchestres interposés».
Cette histoire riche et glorieuse avait ainsi besoin d'une mémoire censée l'enregistrer et la rapporter. Hamdi benani en est une, fidèle et critique, impartiale et objective, en tout cas indispensable. Surtout, le Maître nous explique les causes de la crise, de la détérioration d'un secteur qui avait tout pour demeurer prestigieux.
À côté des «guerres», des luttes, des concurrences déloyales et infernales et des querelles intestines, Benani diagnostique avant toute chose un vide et une crise structurels touchant à la création.
La désintégration de «l'orchestre pilote» et «l'union des amateurs du malouf de Annaba» a coïncidé avec un laxisme et une complaisance, surtout avec la main-mise de certains sur la musique et la création. Les détails et la suite seraient longs à dire et a priori à analyser. Maître Hamdi benani tente de le faire dans ses méticuleux et passionnants «Mémoires».
Ce qui a forgé chez lui ce réflexe d'érudit de la musique algérienne sur toutes ses facettes. Le vétéran Benani nous frappe ici par son humilité, sa générosité envers tous les genres et tout le monde.
Auteur de plusieurs chefs-d'œuvre qui tiennent une place méritée et dédiés à la musique algérienne, Hamdi benani démontre que le champ en Algérie est infini, inaltérable et somme toute presque vierge pour ceux qui voudraient procéder à des recherches dans les sources et l'histoire de la musique algérienne.
Enfin, Hamdi benani, personnification vivante du malouf, est entré dans les annales, ce qui lui a permis d'acquérir une très riche expérience ayant abouti à une musique particulière d'une extrême originalité, et ce «Rossignol blanc» voyage dans l'éternité. Ce génie créateur a acquis un succès considérable au pays et à l'étranger, qui est dû aux années de travail minutieux et intense, dont les éléments de valeur artistique représentent à nos yeux la plus grande importance. On se permet d'exprimer la certitude que son chant et ses chefs-d'œuvre trouveront un vif écho dans les âmes de ceux honorés par son art et qui témoignent de l'estime qu'ils ont pour Hamdi benani et pour ses chefs-d'œuvre artistiques. C'est aussi une manière de rendre un grand hommage aux créateurs là où ils se trouvent, car sans eux la vie n'aurait aucun goût et aucun sens. Son style d'artiste se manifeste clairement dans le chatoiement des vives notes de ses prestations extraordinaires, transmettant ainsi à l'auditeur l'impression de l'enthousiasme et qui inspirent la sensation de la joie et reflète l'énergie créative de ce grand artiste.
Cet infatigable chanteur est devenu l'incontestable figure de proue de la scène musicale, en s'en remettant à l'effort sans cesse renouvelé. On est en présence d'un grand artiste, qu'il faut saluer avec tous les honneurs mérités. Il a adopté, en le portant à sa quintessence, ce style bouni, hautement fleuri et majestueusement enjolivé, qui porte au rêve, au vertige et à l'ivresse mystique. Ce chanteur au grand cœur reste un grand artiste exemplaire dont le parcours est une incontournable référence. Exigeant et fidèle à ses convictions, ce qui le poussait vers la singularité et l'extrême intégrité de l'artiste qui croit que dans le chant, la vraie vedette, c'est le public.
Le maître Hamdi benani, plein d'humilité, avait une idole : la foule avec qui, après des années de labeur, il s'est familiarisé pour n'avoir presque plus de secrets.
À chaque temps présent est le renouveau, but des gens sur tous les horizons. Ayant la foi en la nécessité du progrès, Hamdi benani a créé une relation intime entre deux instruments en même temps frères et amis : le luth et le violon. Cette symbiose a lieu, deux instruments à connotation intense... C'est là la créativité et l'esprit d'abnégation. Notre grand artiste musicien s'est avéré aussi un grand voyageur-chroniqueur ayant fait la visite de plusieurs pays, de concert en concert, en passant par le Canada, Moscou, Samarkand, la Corée du Nord, toute la France, la Martinique, la Belgique, l'Allemagne, l'Espagne, la Tunisie, la Libye, le Sénégal, etc.
Dans son exécution nostalgique, rehaussée de chaleur vocale, il évoque le passé «bouni» et ses voyages à travers les quatre coins du globe, inséparable de son fétiche instrument, «le violon blanc» auquel il consacra sa vie et ses nombreux chefs-d'œuvre durant plus de soixante années. Un homme qui a voyagé, sillonné la terre, parcouru des pays et rencontré des hommes. Mais pour qui ces pays et ces hommes ne restent jamais indifférents. Ils sont sources de richesse intellectuelle, objets de méditation. Ses rencontres ont nourri sa sensibilité et développé chez lui une grande ouverture sur les autres styles de musique, qui se manifeste dans ses compositions, ses interprétations instrumentales et vocales mais aussi dans ses multiples exécutions avec brio et magie, sans perdre de vue la résonance et la fraîcheur de la musique algérienne riche et diversifiée.
Beaucoup de ses morceaux d'une grande qualité qui ne s'écoutent qu'avec plaisir, mais les savourer, car ils ressuscitent des airs inoubliables. Il est considéré comme le grand maître et le virtuose du violon et du luth. Benani est pour le style algérien ce que beaucoup de noms brillent dans le ciel et Hamdi brille à son tour dans les cieux. Hamdi benani a vécu différents courants artistiques ; de la musique occidentale à la musique andalouse, du haouzi et du mahjouz au aroubi, et de la musique moderne à la musique sacrée. Il est toujours présent sur la scène artistique.
Un parcours d'une vie exemplaire, remarquable, éloquent à plus d'un titre particulièrement riche. Ses efforts représentent un travail long et minutieux mené de main de maître et qui mérite admiration et reconnaissance. Il a pu, grâce à un effort plus important, apporter sa pierre à l'édifice de notre musique et nous a enflammés avec sa voix de braise. Pour cela, il a été salué comme phénomène de la chanson algérienne. Il reste à dire qu'il mérite plus qu'un hommage et que sa part dans le domaine de la musique est assez importante. C'est pourquoi nous souhaitons de tout cœur un encouragement de cet artiste par la diffusion de ses œuvres afin de les faire connaître davantage par le biais de revues spécialisées, de spectacles réguliers et d'expositions de ses œuvres pour lui permettre d'avancer dans son chemin et d'en faire profiter les générations montantes.
Il faut noter que Hamdi benani constitue en fait une expérience tout à fait inédite dans l'histoire de la musique algérienne. L'expérience de Hamdi benani est un véritable événement musical. À sa façon, un certain renouveau de la musique algérienne. En effet, c'est que les spécificités de son «violon» et de son «luth arbi» sont conjuguées dans la création d'un langage original et qui illustrent le mariage d'amour (et de raison) des cultures que favorise, sinon impose, cette drôle d'époque. Ce mariage fait vibrer les cordes de la civilisation et traduit l'originalité du patrimoine algérien.
Néanmoins, notre virtuose, qui manipulait les deux instruments à cordes avec finesse et grâce, étonne par sa capacité à conjuguer ses mélodies dans une harmonie parfaite. Une seconde conjugaison concerne les sources d'inspiration andalouse et algérienne, qui s'entremêlent dans une heureuse symbiose, gardant au ton sa justesse et à l'exécution sa rigueur. C'est une véritable occasion qui ne manquera pas de faire découvrir les particularités de la musique algérienne, en tant que trame de confluents riches, divers et subtiles.
La virtuosité de Hamdi benani, violoniste et luthiste de renom, véritable ambassadeur de la musique algérienne dans le monde entier, en compagnie de son fascinant et merveilleux violon blanc, ne viendra que confirmer ou plutôt orner l'originalité d'un talent déjà reconnu. Il rappelle, d'une certaine manière, les temps heureux de l'Andalousie, de Bouna et du Maghreb multiculturels où l'Occident rimait tellement bien avec les charmes de l'Orient. Sans ethnocentrisme, ni complexe... le maître Hamdi benani a donné plusieurs récitals bien réussis, mais aussi des leçons à tous ceux qui se croient les dépositaires de la culture et de la civilisation.
Hamdi benani est, à ce titre, un véritable ambassadeur de la musique algérienne dans le monde et un fervent défenseur du brassage des cultures et de l'indispensable ouverture des civilisations les unes sur les autres. La musique algérienne est restée longtemps méconnue en dehors de nos frontières nationales. Rares sont les compositeurs et chanteurs algériens qui ont réussi à s'imposer à l'extérieur de notre pays et faire découvrir l'authenticité de notre patrimoine musical, à l'exception de la participation de quelques orchestres de musique andalouse et groupes folkloriques invités dans le cadre de semaines culturelles.
Le célèbre musicien algérien Hamdi benani a réussi, lors de ses tournées, à animer des soirées où il avait séduit le public mélomane de ces grands pays. Il a exécuté plusieurs morceaux de musique algérienne devant un public qui fut enchanté de la prestation de l'artiste algérien. Plusieurs stations de TV et radios ont enregistré des concerts donnés par ses soins et présentés ensuite aux téléspectateurs et auditeurs qui l'ont apprécié, vu qu'ils découvraient en lui un art et une musique authentiques.
Il a exécuté quelques œuvres du patrimoine national et de musique andalouse qui ont conquis le public par une musique traditionnelle, ce qui lui a donné un cachet particulier. Plusieurs personnalités n'ont pas tari d'éloges à propos de la participation de Hamdi benani qui a représenté dignement la musique algérienne. De même, il a accordé plusieurs entretiens aux représentants de la presse.
Naturellement, maître Hamdi benani a réservé toute une partie de ses fructueux et inlassables voyages de sa très longue odyssée musicale à travers plusieurs pays du monde. Son palmarès est aussi un ouvrage autobiographique de sa propre vie artistique et surtout un témoignage de cette renaissance en question de l'art et de la culture dès l'aube de notre indépendance. Nous croyons que ce «libre» a joué un rôle fondamental et/ou de complémentarité dans l'évolution du patrimoine musical de l'Algérie. Allant du malouf/andaloussi, jusqu'à la musique contemporaine dite moderne et à tendance méditerranéenne.
Ses œuvres référentielles sont remarquables à plus d'un titre. Tout d'abord par son contenu qui a nécessité de gros efforts et une recherche profonde et bien sérieuse pour éviter tout erreur portant préjudice aux vérités artistiques de ce «pays du Soleil Levant» qui, nous l'avons souvent soulevé, est un creuset artistique des plus riches du monde, jalousement bien conservé. Une autre particularité de ses chefs-d'œuvre se situe au niveau de l'exécution avec magie et brio.
Avant de conclure, et en signe de considération à cet artiste de génie pour son rôle dans l'enrichissement du patrimoine musical national, nous lui rendons un grand et vibrant hommage ; car il est l'un des pionniers du mouvement musical en Algérie en compagnie d'éminents hommes de culture. Grâce à ses chefs-d'œuvre accomplis durant plus de soixante années, Hamdi benani a réussi à apporter une précieuse contribution au patrimoine musical du pays. Benani demeure une célébrité algérienne du monde artistique.
La situation actuelle et la crise artistique que traverse la musique algérienne, à savoir : présence, évolution et orientation est un sujet brûlant et d'actualité que tout le monde entreprend et débat sérieusement à tous les niveaux, que ce soit aux ministères de la Culture et de la Communication, les radios et TV algériennes, les mass-media, ou encore dans les lieux publics (cafés, salles de conférences, etc.) et pourquoi pas autour d'un délicieux grand couscous (m'haouer) dans l'intimité absolue en compagnie agréable surtout du professeur Hamdi benani, le grand violoniste et luthiste.
Son riche répertoire a soulevé un vif enthousiasme de son large public tant son violon blanc, étoffé par les autres instruments, a su joliment exprimer toute l'élégance et la spiritualité que renferme sa musique, la greffant parfaitement à l'entendement du public. Benani a donné de nombreuses représentations lors d'une longue et mémorable tournée qu'il a entamée et les innombrables voyages qu'il a effectués et qui l'ont conduit dans différents Etats, divers continents et villes, représentant ainsi l'Algérie.
Il a participé aux diverses manifestations musicales internationales, à plusieurs festivals, multiples rencontres et congrès.
Ses admirateurs éperdus ont vécu des moments mémorables, extraordinaires, magiques et féeriques en apothéose avec l'artiste musicien virtuose du malouf et le concertiste algérien de talent de renommée internationale ; le maître du violon et le véritable passionné de luth.
Plus encore, invité dans le cadre de fêtes officielles, ce célèbre chanteur algérien a fasciné son auditoire cosmopolite, composé essentiellement de diplomates, de parlementaires, d'hommes d'affaires et d'artistes de marque.
C'est alors qu'en 1986, il fut désigné membre de la délégation algérienne regroupant de célèbres musiciens qui ont reçu l'invitation du gouvernement sénégalais à participer à la semaine culturelle algérienne tenue à Dakar.
Cependant, il a représenté l'Algérie aux cinq congrès artistiques mondiaux qui se sont déroulés à Moscou, et en tant qu'invité d'honneur par l'Union des compositeurs russes en signant un protocole d'accord avec l'Unac. Surtout le charmant Canada, pays hospitalier et ouvert aux autres cultures, où Hamdi benani a fait une forte impression lors de ses fascinantes représentations données au prestigieux Parlement qui a apprécié ses prestations : Fadh El Ouahch Alya, l'une des chansons les plus poignantes de Hamdi benani. Il l'interpréta avec une telle émotion que la respectueuse députée fédérale, à sa grande stupeur et extase, ne put se retenir d'éclater en sanglots, bouleversée devant le grand maestro : c'est un chant de fidélité et de nostalgie.
Par ailleurs, il s'est distingué en décrochant, devant un jury international, le «Prix d'excellence» à Samarkand au Congrès international regroupant 62 pays, en 1984, consacré au musicien de l'année ; un grand prix de virtuosité et d'interprétation du luth. Hamdi benani n'a pas tardé à être remarqué par son interprétation inédite et son exécution magique et avec brio, qui a fait de la manche du luth une surface supplémentaire de la gamme connue jusqu'alors du luth traditionnel.
En effet, pour Hamdi benani, le luth aura été, en quelque sorte, un sacerdoce de tous les instants et de toutes les fibres de sensibilité. Il a été un vif succès très applaudi par son public bien enthousiasmé. Toutefois, il a été marqué par un spectacle exceptionnel, composé de plusieurs musiciens issus de pays, de générations et cultures divers, figurant parmi les plus audacieux et engagés du moment. Et donc ils ont eu droit, de l'improvisation au flamenco en passant par le malouf et des compositions originales les plus saisissantes. Cependant, d'autres prestations musicales ont fait la joie du grand public, où Hamdi benani a littéralement subjugué et transporté les spectateurs au fin fond de l'Andalousie. C'est vrai, les sensationnelles «nuits andalouses», c'est un peu les Mille et Une Nuits de l'Orient, et donc notre maître du violon s'est retrouvé dans son propre élément, d'autant plus qu'il y a beaucoup d'affinités et de complicité entre la musique andalouse et le flamenco magistralement interprété au violon par Hamdi benani, dans un mélange de douceur et de violence contenue. Par son chant à la manière d'un laboureur, il semble arracher ses mots de la terre pour mieux les propulser vers le ciel. Une musique qui relève tout à fait du rituel.
Néanmoins, nous n'aurons pas fait tout le tour de ce brassage de musiques transculturelles andalou-maghrébines sans nous arrêter tout particulièrement sur ce qui pourrait être une vraie fusion que nous avons eu le plaisir d'apprécier, car accomplie parfaitement pour avoir plus de secret. L'idéal pour l'esprit scientifique est de creuser et d'aller plus profondément dans les racines de son genre musical remarquable et éloquent à plus d'un titre. C'est dire combien l'osmose a pu être, sans conteste, complète et bien fructueuse en offrant des spectacles de très haute qualité. Ce grand maître et musicien a donné un nouveau souffle et une nouvelle dimension à la musique algérienne avec le souci de préserver certains de ses aspects (mélodies, pentatonismes, instruments traditionnels) tout en l'enrichissant de nouveaux éléments (harmonisation...) vers une musique aux racines andalou-maghrébines. Sachant que Hamdi benani est l'un de rares artistes à avoir fait des recherches sérieuses sur les traditions musicales.
Artiste dans l'âme, le maître du violon Hamdi benani venait d'enregistrer des «nawba» qui font autorité dans le pays et qui viennent de paraître sous le coup magique de son archet aux éditions Onda : une véritable anthologie de la chanson algérienne. Ses derniers CD constituent des chefs-d'œuvre, non seulement pour le musicien professionnel, mais aussi pour l'amateur éclairé, le mélomane, le puriste, le musicologue, et l'historien de l'art. L'auteur de ce tube qui a fait rêver des générations d'Algériens, car ses CD forment une véritable randonnée à travers les couloirs d'un passé musical algérien très riche et constituent une chronique en bonne et due forme de l'histoire de la musique algérienne. Il nous convie dans ses CD à une véritable visite dans la mémoire artistique nationale, inventoriant chansons, chansonnettes et nawbette, qui ont marqué la scène algérienne, notamment, El Meya, Esseïka, Erraçd, Raml El Meya et Erraml El Kebir et la liste est longue.
Maître Benani ne s'est pas limité à interpréter du malouf, puisque ses chefs-d'œuvre anthologiques qui viennent combler le vide dans ce domaine sont aussi un album du parcours musical algérien, où dans la galerie on retrouve les oubliées du moment ou celles tombées dans l'anonymat. Nous soulignons l'apport considérable de cet artiste, authentique autodidacte phénoménal, qui est parvenu à adopter tous les genres musicaux et tout en opérant ainsi des retours périodiques aux sources pour approfondir ses connaissances. Pour bien apprécier le contenu de ses CD, oublier cet article, mettez un morceau de musique de Hamdi benani et continuez la lecture et vos rêves. Si vous n'appréciez pas cette musique, pliez le journal, car il se lit avec les oreilles et le cœur et non avec les yeux. Cependant, Benani regrette que le genre andalou «soit tombé entre les mains d'ignares, soit galvaudé et vidé de son essence», dans une allusion à la profusion de groupes musicaux du genre, mais dont la présence sur scène a été éphémère. L'inimitable géant Hamdi banani tient le haut du pavé. Auteur de plusieurs morceaux et mélodies, ce divin algérien a chanté d'innombrables chansons. A partir de son travail de haute qualité qui embrasse sa carrière artistique sur plus d'un demi-siècle environ, il a fait sortir tout un éventail fort intéressant. Son répertoire établi peut désormais être consulté sur internet : ([email protected]) et /ou ([email protected]). Il comporte tous ses chefs-d'œuvre de la plus pure tradition musicale algérienne. S'il ne fallait en retenir, de manière subjective, que quelques-uns, on citerait dans le désordre des joyeux, depuis : Sidi Braham, El ôchk Damni Oua Dh'belni, Ya Racha El fouttene, El Ward fi Houlla Dhêkkia, Rymoune Ramétni, Taleb, Jani ma jani ; Aïnine Lehbara, Jibou Li Laârouss El Hanna, Li Ellah Ouakkaltou Amri, Kadi El Islam, El Mennoubia, Tal El Adheb Bia, etc. ; jusqu'aux Nouab, ; en tout 14 CD. La liste ne peut être exhaustive au regard du contact privilégié que chaque auditeur peut avoir avec le répertoire de Hamdi benani. On lui doit des milliers de chansons qui doivent énormément à la qualité humaine des textes. Il exécute la nawba avec un souci évident de l'esthétique, le désir de lui faire atteindre une plénitude, de faire revivre un répertoire qu'on considère comme une musique savante. Une bonne déclaration d'amour à la beauté des êtres et des choses. C'est une quête permanente de l'amitié que son violon exalte en accompagnement d'une voix où s'épousent la nostalgie des splendeurs passées, la joie d'être ensemble et la foi en l'avenir. Alors, en attendant Benani sur scène, à nos platines ou en mettant du soleil dans nos fêtes ! Parfumons nos nuits de jasmin. Et bon vent à une voix si belle, si douce et si enchanteresse. Ecoutons-le, il nous bercera de son histoire. Car avec la voix de Hamdi benani, le chant andalou a atteint une grande clarté. Il possède une qualité de voix et un sens aiguisé de la mélodie qui a donné un nouveau souffle à cet art raffiné hérité de l'Andalousie et colporté pendant des siècles par les musiciens. C'est un véritable pan du patrimoine culturel national que Benani nous révèle, à notre grand bonheur. Il est considéré comme l'un des dépositaires le plus sûr de ce patrimoine qui est conservé comme un legs sacré et un lien maghrébin commun indéfectible.
En effet, Benani est un grand maître maloufji ayant appris la musique auprès de grands maîtres, avant de rejoindre l'Uama (Union des amateurs du malouf de Annaba) en 1966 et plus tard «l'orchestre-pilote» dans la même année. Mais ayant enregistré une grande partie du répertoire traditionnel, il réalise d'autres enregistrements sur CD et K7 audio. C'est alors qu'il composa en 1968 ses deux premiers disques en 33 tours à la maison «Sawt El Méniar». Puis, en 1970, il a fondé et créé sa propre maison «Benaphone» où il a enregistré plusieurs disques, qu'il a remis en K7 audio. Enfin de multiples CD.
Il a également attiré l'attention si admiratrice du célèbre «Sylvain» et ils ont animé ensemble plusieurs soirées mémorables. Enfin, il a créé tout dernièrement à l'étranger un «orchestre-pilote» composé de plusieurs musiciens de diverses origines et de différentes nationalités. Pour Hamdi benani, ce sera une nouvelle expérience qui fusionnera plusieurs instruments. Les uns représentant l'Occident, les autres l'Orient. Cette relation Occident-Orient portera sans nul doute ses fruits, du moins ce qu'il espère ardemment. Actuellement, il est en train de mettre en vie un projet qui va poser un gigantesque jalon dans le monde de la musique.
L'ingéniosité de Hamdi benani aboutit, en fin de compte, à reconstituer une copie de l'univers confortable... Benani est d'une autre classe et d'une unique trempe d'hommes. Il est d'abord «l'homme aux mille et mille sourires » ; «l'homme aux mille et mille idées» et «l'homme aux mille et mille tours».
En lui, Annaba contemple le reflet de sa sagesse. De là, cette tendresse qu'elle lui témoigne en le protégeant, où elle se présente à lui sous les traits d'une femme très belle, souriante, charmante, séduisante et fascinante. Car Hamdi benani possède le charme des paroles ensorcelantes. Le divin et sacré mont de l'Edough a fait de lui et il lui rend à volonté l'aspect d'un éternel jeune homme vigoureux et beau. C'est un grand artiste en pleine possession de sa technique que son imagination l'a ressuscité et son ardent désir de parcourir son destin déjà tracé. Nous, l'article en mains, nous subissons le même charme au récit des mêmes aventures. Et sans le moindre souci d'érudition, nous abandonnons parfois Benani, pour nous demander : qui était donc ce Hamdi benani, c'est-à-dire «le Rossignol blanc», celui qui, avec sa voix de velours, contemplait en son esprit les chants envoyés par Ras El Hamra et Sebâa R'goud ?... Son génie rayonne d'un tel éclat que toute l'Algérie se dispute sa gloire. C'est à Annaba que sa silhouette s'est détachée vigoureusement sur le rivage de Ras El Hamra.
Personnages, paysages, il domine tout et tous. Il ramène tout à lui et, s'il est absent, il projette encore son ombre immense grâce à la fidélité du souvenir. Après tant d'épreuves, il demeure plus que jamais l'une des figures centrales de tous les épisodes. C'est à lui que nous nous intéressons, pour lui que nous nous passionnons : il en sort toujours vainqueur, comme il en a eu la chance et le mérite jusqu'alors puisés dans son intelligence, son énergie et son imagination.
Son odyssée reste bien, nous dirions, le roman de Hamdi benani : l'histoire de cet homme qui endura les souffrances pour revoir le «malouf bouni» au rang radieux avec ses lettres d'or et de noblesse.
Lisez l'odyssée de Benani, mêlez-vous aux rameurs de Benani, remplacez-le lui-même au gouvernail et à l'écoute, tenez-vous à ses côtés comme des compagnons de route : il vous entraînera d'un bout à l'autre de la Méditerranée, des côtes de Annaba et de l'Algérie, après celles du Maghreb, jusqu'aux parages de Gibraltar au gré des flots et des vents. Il vous bercera sur un vaisseau parfaitement agencé, vous déposera en héros sur un rivage sûr et connu, ou vous accueillera avec bonté et vous traitera avec magnificence, après une traversée sereine sur un navire de paix, comme sur un berceau entre les mains de sa chère Mère : Annaba la «protégée» (Mahroussa, Maniâa). Une véritable expédition où Benani forge son énergie en s'abandonnant au génie de la créativité.
Son odyssée, c'est une histoire avec son point de départ, ses mille péripéties et son dénouement : le lecteur s'interroge, impatient de connaître la suite, puis la fin. Mais cette odyssée privilégiée nous a si bien familiarisés avec son personnage, si fort contraints à vivre de sa vie qu'il continue à exister pour nous une fois l'odyssée finie. Plaisir délicat de l'odyssée : nous rêvons à l'épilogue de ce roman inachevé. L'artiste Hamdi benani nous invite à ses pittoresques chants. Destinée de notre héros, sorcellerie de cette mer dont chaque vaguelette accroche une étincelle de soleil pour dessiner son beau sourire...
Prédiction si justement inspirée qu'elle se répète aujourd'hui, vivace, dans une de ses histoires dites «bounies» où notre familier héros se change en seigneur et règne en maître, se dévoile et engage le combat, dont les chants attirent les anges qui le protègent. Rêvons à benani rentré à son foyer. Qui osera croire que même après les angoisses d'une longue absence, il se contentera d'une vie paisible entre la tendre «Bouna» et le si cher «Edough». Il a trop connu l'ivresse des merveilleuses aventures où il a résisté aux tumultueuses tempêtes furieuses, parce que des liens solides l'attachaient à son mât : est-il sûr que cet appel ne soit jamais venu le hanter dans les «tièdes nuits de Bouna», où nulle chaîne ne le fixait ?
Telle est la fantastique chronologie de la vie artistique de Hamdi benani... !
Mérite-t-elle reconnaissance ?
«À tout seigneur tout honneur...»
A.G./F.


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