La décrue du nombre de contaminations au nouveau coronavirus est, pour le Comité scientifique de suivi de l'évolution du Covid-19, signe d'une «maîtrise» de la situation épidémiologique. Une «amélioration» qui, pourtant, n'exclut pas la cohabitation avec cette pandémie. Le Pr Ryad Mahyaoui, membre du dudit comité, insiste sur une reprise sociale et économique basée sur la prudence et la consolidation de la riposte contre ce virus. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le bilan quotidien de l'évolution du Covid-19 suit depuis plusieurs semaines une courbe descendante. «Seules quatre wilayas enregistrent dix cas par jour. Les autres recensent un ou deux cas sporadiques, disséminés dans toute la wilaya», précise le Pr Ryad Mahyaoui, membre du Comité scientifique de suivi de l'évolution du Covid-19. Selon lui, cette tendance baissière est synonyme d'une situation «largement maîtrisée. Aujourd'hui, les hôpitaux ne subissent plus la pression, leurs stocks en produits pharmaceutiques sont renouvelés et leur personnel souffle, enfin», explique-t-il. Comme preuve, il cite la récente instruction du ministère de la Santé pour la reprise normale des activités médicochirurgicales dans les hôpitaux. «Les conseils médicaux, les conseils scientifiques et les directeurs généraux des hôpitaux doivent s'organiser pour mettre en place un système de reprise immédiate et progressive des activités médicochirurgicales, tout en prenant en compte l'éventuelle flambée de la pandémie à laquelle il faut se préparer pour reprendre en charge les malades», dit-il. Intervenant jeudi dernier, sur les ondes de la Chaîne 3, le Pr Mahyaoui estime qu'il ne faut pas rester figé sur des décisions prises à l'acmé de la pandémie de Covid-19. Certes, insiste-t-il, le virus est toujours actif, circule et continue à contaminer, mais apprendre à vivre avec cette pandémie reste inévitable. Pour lui, l'un n'empêche pas l'autre. «Apprenons à vivre avec ce virus, reprenons nos activités et relançons la vie sociale et économique. Il faudra patienter, consolider la riposte contre le Covid-19, s'assurer de l'application des mesures barrières dans les écoles, les universités, les transports interwilayas et partout», dit-il. Toujours est-il, le spécialiste reconnaît que les décisions sont «très difficiles» à prendre, notamment pour la rentrée scolaire, dont plus de 7 millions d'élèves seront concentrés dans les écoles. «Ça fait réellement peur, surtout lorsque nous voyons ce qui se passe dans des pays ayant un système de santé puissant, qui ferment des milliers de classes et des centaines d'écoles», fait-il remarquer. Pour lui, rassurer la population et particulièrement les parents impose de prendre la responsabilité en matière de protocole sanitaire. «Il faut être au top et ne négliger aucun moyen de protection contre cette maladie», ajoute-t-il. L'invité de la Chaîne 3 préconise toutefois la prudence et déconseille la précipitation. Et d'expliquer : «Depuis sept mois, nous avons eu des baisses du nombre de contaminations, des remontées, des pics, des plateaux. En août dernier, nous avons été surpris par une remontée fulgurante qui a suscité beaucoup d'interrogations. Est-ce une seconde vague ? Avons-nous atteint le pic ? Donc, nous ne savons pas comment va encore évoluer ce virus.» Il rappelle, à cet effet, que l'Algérie a toujours pris les bonnes décisions. «Notre pays a été parmi les premiers à adopter le protocole sanitaire, à fermer les écoles, les universités et les mosquées, ainsi que les frontières. Nous avons eu des résultats positifs et j'espère que nous allons consolider ce qui a été construit depuis sept mois», dit-il. Le professeur déplore, par contre, le déni dont fait preuve une grande partie de la population, notamment après l'ouverture des plages et des restaurants. «L'Algérien a oublié que le virus est toujours là. Il ne se rappelle de son existence que lorsqu'il voit les informations ou que son entourage est touché par ce virus», regrette-t-il. Et de conclure : «Il faut avoir une responsabilité individuelle et collective pour pouvoir attaquer une nouvelle année que j'espère meilleure que celle de 2020.» Ry. N.