Les banques et établissements financiers du pays sont désormais tenus d'exiger un nouveau document de la part des entreprises exerçant dans le créneau de la pharmacie et du médicament pour espérer continuer à réaliser des opérations d'importation. C'est ce qu'annonce l'Abef (l'Association professionnelle des banques et établissements financiers). «Il est désormais exigé des établissements ou opérateurs économiques du secteur de la pharmacie de fournir, dans le dossier de pré-domiciliation bancaire de leurs opérations d'importation de produits pharmaceutiques et de dispositifs médicaux, une ‘'attestation de régulation'' délivrée par les services du ministère de l'Industrie pharmaceutique.» C'est, en effet, ce que vient stipuler l'Abef à travers un communiqué adressé, donc, aux banques et établissements financiers. Un document à fournir qui vient ainsi en droite ligne des mesures énoncées à l'issue de l'une des réunions du Conseil des ministres tenues en août dernier. Un conclave de l'exécutif lors duquel il a été énoncé, entre autres mesures, la décision de réduction de la facture d'importation des médicaments de 400 millions de dollars d'ici la fin de l'année en cours. C'est ainsi que prend forme donc la première contribution du nouveau département ministériel — le ministère de l'Industrie pharmaceutique — dont l'objectif majeur consistant en la réduction de la facture globale d'importation du pays d'une dizaine de milliards de dollars. Le mois dernier, le département de Lotfi Benbahmed a récupéré l'Agence nationale pour l'industrie pharmaceutique qui aura pour, entre autres missions, le pouvoir de contrôler et de réguler le marché et le développement de l'industrie pharmaceutique en Algérie. Que l'attestation de régulation mentionnée par l'Abef soit exigée désormais par les banques et les établissements financiers, cela suppose que le travail de régularisation de l'industrie pharmaceutique a été effectivement engagé. Ceci afin d'atténuer le poids des importations de produits pharmaceutiques qui, il y a quelques années à peine, dépassaient allégrement 2,5 milliards de dollars. Une facture qui avait de quoi donner naissance à des appétits des plus voraces pour, immanquablement, donner naissance à un lobby dont l'activité a fini par impacter jusqu'à effleurer la catastrophe l'industrie pharmaceutique locale, comme l'illustre le destin imposé au groupe Saidal jusqu'à ce qu'il soit décidé, tout récemment, d'accompagner ce dernier afin qu'il retrouve son leadership dans la production de médicaments et récupère ainsi sa place et sa part sur le marché national, qui était de 30% avant de passer à 10% en raison des largesses concédées à l'importation. L'industrie pharmaceutique algérienne, selon des chiffres non officiels, a contribué au PIB national à un certain moment pas très lointain, avec 1 milliard de dollars de production grâce à près d'une cinquantaine d'importateurs de médicaments qui s'étaient lancés dans l'aventure de l'industrie pharmaceutique. À très court terme, le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, a affirmé il y a quelques semaines que la filière de l'industrie du médicament en Algérie pourrait, d'abord, contribuer à réduire d'environ 400 millions de dollars la facture d'importation de ces produits, puis dans un deuxième temps, envisager d'exporter l'égal des quantités de médicaments qu'elle importe. En tous les cas, comme il le déclarait dans une des éditions hebdomadaires de «LSA Direct», l'objectif est clairement défini : couvrir, grâce à la production locale, 70% de nos besoins en médicaments. Dans cette perspective, les contraintes notamment d'ordre bureaucratique, dont ont souffert les porteurs de projets dans le domaine, devraient être levées au fur et à mesure. C'est dans cet ordre d'idées, sans doute, qu'a été instaurée l'attestation de régulation désormais exigible par les banques et les établissements financiers. Azedine Maktour