Le plus vieux parti de l'opposition a célébré, hier mardi, le 57e anniversaire de sa création en 1963, pour s'opposer au régime Ben Bella-Boumediène qui avait pris le pouvoir par la force après l'indépendance du pays. Une cérémonie a été organisée comme de tradition dans la ville de Tizi-Ouzou, en présence des responsables du parti. Dans son intervention, Hakim Belahcel, membre de l'instance présidentielle du FFS, est revenu sur le contexte de la fondation du parti par des militants « contrariés et révoltés du détournement du sens historique, social et politique de la Révolution du 1er Novembre 54 », à leur tête le défunt Hocine Aït Ahmed. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Après avoir retracé le contexte et les objectifs de la création du FFS, l'orateur a abordé l'actualité politique nationale. « Aujourd'hui, et après tant d'années de sacrifices et de combat ininterrompu et inflexible pour imposer un changement radical du régime dans le pays, le constat est unanime et sans appel. Le régime algérien, à travers lui les pouvoirs successifs qui se sont relayés aux commandes du pays, continue à dénier au peuple algérien son droit à la liberté et à la démocratie », a-t-il lancé. Il a accusé ce même régime de recourir « aux procédés machiavéliques bâtis sur la brutalité, la ruse et le louvoiement et sur les vieux réflexes qui encouragent les dissensions sociales et la dislocation de la cohésion populaire », ajoutant que « le pouvoir en place, et à l'image de ses prédécesseurs, refuse de se plier à la volonté populaire et aux exigences du temps politique et de l'Histoire». Soulignant que le peuple algérien s'est engagé dans une révolution populaire, Hakim Belahcel déplore que, « malheureusement, et à contre-courant de nos alertes et des attentes populaires, les décideurs actuels s'apprêtent, à l'occasion de la date symbolique du 1er Novembre prochain, à organiser un référendum pour l'adoption de la nouvelle Constitution ». Et de dénoncer ce qu'il appelle un « hold-up politique qui vise à pervertir le sens noble et salvateur de la révolution populaire ». De son côté, le premier secrétaire national du parti, Youcef Aouchiche, a réitéré l'opposition du FFS au référendum du 1er novembre, affirmant, dans son intervention, que « le FFS ne cautionnera pas le scrutin du 1er novembre qui constitue une énième violence constitutionnelle et un coup de force de trop contre la volonté populaire ». Pour lui, le cap demeure le changement du système et l'instauration d'une République démocratique et sociale, telle qu'elle est énoncée dans la proclamation de Novembre et préfigurée par les résolutions de la Soummam. « La logique de passages en force et l'absence d'une réelle volonté politique d'opérer les changements nécessaires pour instaurer un véritable changement dans le pays risquent de prolonger et d'aggraver la crise, élargir le fossé qui sépare le pouvoir du peuple, et de provoquer des fractures mettant en danger la cohésion nationale. Persister dans cette démarche, c'est parier sur l'échec », a-t-il averti. Le premier secrétaire du parti a réitéré l'attachement du FFS au processus constituant, expliquant que seul un tel processus, avec la reconstruction d'un consensus national fondateur et fondamental, dans le cadre d'une démarche de dialogue sincère, inclusif, sans préalables ni préjugés, est en mesure d'offrir au pays la chance de sortir grandi de la crise et de susciter l'adhésion et la participation de la population. « C'est uniquement à travers cette démarche qu'on trouvera les moyens nécessaires de répondre aux aspirations légitimes de millions d'Algériennes et d'Algériens qui, depuis plus d'une année, expriment pacifiquement et avec détermination leur désir de se réapproprier leur droit à disposer librement et démocratiquement de leur avenir, d'assurer l'avènement de la deuxième République et le passage d'un système autoritaire fermé à un système démocratique ouvert, garant des libertés individuelles et collectives et du respect des droits de l'Homme », a-t-il soutenu, estimant que « le changement est inéluctable dans notre pays ». Ce changement pacifique et radical, a-t-il poursuivi, doit se construire loin de la division, des polémiques stériles et des basses confrontations idéologiques, claniques ou régionalistes. K. A.