Depuis samedi dernier, la ville de M'Chédallah, à 40 km à l'est de Bouira, vit au rythme des affrontements entre des groupes de jeunes issus de plusieurs communes de la daïra. Des policiers, des CRS , dépêchés depuis les autres régions de la wilaya, sont venus prêter main forte aux policiers en faction au niveau de la BMPJ de M'Chédallah. Une BMPJ située justement à M'Chédallah plaine, loin du chef-lieu où existe le siège de la Sûreté de daïra et qui vit sous la pression des émeutiers depuis plus de trois jours. Tout a commencé samedi dernier lorsque, au petit matin, une vingtaine de jeunes avaient été empêchés de marcher depuis la localité de Vouaklane jusqu'au siège de la daïra, sur près de deux kilomètres. Ces jeunes n'ont jamais pardonné aux policiers qui étaient des dizaines à se dresser le long de l'itinéraire, pour empêcher toute autre tentative de marcher. Cette présence prolongée des policiers a été perçue comme une provocation de la part de jeunes dont les nerfs étaient à fleur de peau et qui n'attendaient qu'une infime étincelle pour passer à l'action et en découdre avec les forces de l'ordre. Et en effet, des affrontements ont éclaté dans la soirée de samedi, et aux bombes lacrymogènes lancées par des policiers, répondaient les jets de pierres des jeunes dont le nombre allait crescendo, sous l'effet des réseaux sociaux qui relayaient les événements en direct et qui faisaient part de deux interpellations et même de la blessure d'un jeune qui aurait été éborgné par une bombe lacrymogène. De fait, de différentes communes de la daïra affluaient d'autres jeunes que le mot d'ordre «pacifique» du Hirak n'avait jamais arrangé. Ainsi, pendant toute la soirée de samedi, puis celle de dimanche, des dizaines de jeunes affrontaient les policiers. Ces derniers répondaient par des bombes lacrymogènes lancées parfois directement sur les bâtiments dont les habitants ont toujours été pacifiques et n'ont jamais cautionné ces scènes d'émeutes. Hier lundi, et pour la troisième journée, alors que les deux jeunes arrêtés samedi devaient être présentés devant la justice dans l'après-midi, un calme précaire prévalait dans la ville, mais tout le monde redoutait une reprise des hostilités entre les jeunes et les policiers dans la soirée et pendant la nuit, et ce, malgré les multiples appels au calme lancés par les sages de la région, les élus locaux et de wilaya. Il en fut ainsi du vice-président de l'APW, M. Chachoua Hamid, du FFS, qui affirme que depuis le début des affrontements, samedi passé, il avait essayé de se rapprocher des émeutiers mais également des responsables de la police pour calmer les esprits, mais sans résultat. Selon lui, «ces scènes de violence qui ne profitent à personne semblent être sciemment préparées pour faire sombrer la région dans le chaos, alors que celle-ci a besoin de sérénité pour sauvegarder ses enfants et les éloigner de toute manipulation ». Même son de cloche du côté du P/APW, M. Ahmed Boutata, du RND, qui « dénonce le déploiement disproportionné des policiers dans la région pour empêcher une marche qui serait passée inaperçue, tant le nombre de marcheurs était insignifiant ». Selon lui, et même s'il ignore qui avait décidé ce déploiement, il est clair que la dans région de M'Chédallah, tout comme certaines autres régions, comme Bechloul, Haïzer et même Bouira, connues pour leur caractère hostile aux élections, toute action musclée est synonyme de provocation. Aussi, le P/APW préconise le retrait des renforts de la police pour que la région retrouve son calme. Un calme dont a besoin la wilaya,surtout avec le début de la campagne électorale pour la nouvelle Constitution. Cependant, si le P/APW et le vice-président de l'APW pensent que le retrait des renforts des forces de police et bien sûr la libération de tous les jeunes arrêtés durant ces événements pourront calmer les esprits, force est de constater que les responsables chargés de la gestion sécuritaire au niveau de la wilaya, à commencer par le wali, semblent ignorer totalement la mentalité de la région et son caractère rebelle. A moins que l'objectif attendu de ces provocations soit justement l'embrasement de la région. Aux dernières nouvelles, nous venons d'apprendre que la RN5 est fermée par des jeunes au niveau du carrefour d'Ahnif à l'aide de pierres et de pneus brûlés. Un prélude à une nouvelle nuit mouvementée. Y. Y.