La question a été finalement tranchée, la date de la rentrée scolaire est enfin connue. C'est donc les élèves du primaire qui seront les premiers à rejoindre les établissements scolaires, et ce, dès le 21 octobre prochain. Suscitant à la fois soulagement et inquiétude, aussi bien chez les parents d'élèves que chez les partenaires sociaux. Les uns comme les autres s'accordent à dire que cette reprise ne sera décidément pas comme les autres. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Après la valse-hésitation, le Conseil des ministres s'est prononcé dimanche dernier en faveur de l'amorce de la nouvelle année scolaire, à partir du 21 octobre 2020, en priorisant le palier du primaire. La reprise sera soutenue par un dispositif sanitaire encore jamais appliqué jusque-là, compte tenu de la situation. Une démarche nécessaire mais non moins risquée, estiment d'aucuns. Les organisations activant dans le secteur de l'éducation nationale sont unanimes sur le fait que le sauvetage de cette année scolaire est vital, sans pour autant cacher leur perplexité vis-à-vis du déroulement de cette rentrée, notamment sur le plan organisationnel. Si la date de la reprise est fixée, les travailleurs du secteur avouent être toujours dans « le flou », dans la mesure où aucun schéma définitif sur la répartition des élèves dans les classes, ni même du temps scolaire, n'a été mis au point. C'est justement ce qu'a souligné Zoubir Rouina, président du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), qui a d'abord soutenu qu'en ce qui concerne la reprise des cours « le plus tôt sera le mieux ». Il juge, d'un autre côté, qu'une rentrée scolaire « se prépare », qui plus est dans des circonstances aussi extraordinaires. « C'est vrai qu'on a porté à notre connaissance que les élèves seront scindés en groupes, mais rien n'est encore clair sur l'emploi du temps », fait-il remarquer. Chose qui, d'après lui, peut s'avérer problématique au moment de la reprise. « Avant de fixer une date, il faut établir un plan bien défini en tout point, et cela exige un temps de préparation», a-t-il insisté. Zoubir Rouina avance, toutefois, que quoiqu'il advienne, « les autorités devront assumer leurs responsabilités ». Abondant dans le sens de ce dernier, le syndicaliste Nabil Ferguenis se dit, lui aussi, encore dans le flou quant à la façon dont se déroulera cette rentrée scolaire. « Si on répartit les élèves en groupes, il faut un emploi du temps précis pour les enseignants et pour les élèves. Si on les partage en divisions, il en faudra un tout autre», a-t-il expliqué, ajoutant qu'il faut au moins 15 jours pour préparer un emploi du temps. Selon le syndicaliste, la question de la reprise du transport scolaire et celle de la réouverture des cantines restent également en suspens. Notre interlocuteur dit attendre du ministère davantage de précisions, qui permettront aux administrations d'entamer, dès maintenant, les préparatifs nécessaires. Nabil Ferguenis fera observer, par ailleurs, qu'il est étonnant que la rentrée ne se fasse pas le même jour pour tous les paliers de l'éducation. Ne manquant pas de faire remarquer « que les enseignants du primaire sont toujours marginalisés », appelant le ministre de l'Education à revoir le statut de ces derniers. Sur un ton beaucoup plus optimiste, le président de l'Association des parents d'élèves, Ahmed Khaled, s'est dit satisfait des décisions de fixer les dates de la rentrée scolaire au 21 octobre et au 4 novembre 2020. « Nous appelons depuis un moment à la reprise des cours pour sauver le programme de cette année scolaire », a-t-il fait savoir. Rassuré, il relève qu'il « suffit d'être vigilant et de veiller à faire respecter les mesures barrières dans les enceintes des écoles». Le dispositif établi par les autorités est, insiste-t-il «étudié et élaboré au détail près», mis à part quelques points encore en suspens. M. Z. Un protocole sanitaire dans les écoles Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a indiqué, jeudi dernier à Alger, qu'un protocole sanitaire préventif contre le Covid-19 sera mis en place au niveau de tous les établissements scolaires. Les recommandations sanitaires portent essentiellement sur le respect des règles de prévention et les gestes barrières, notamment le port obligatoire du masque de protection pour tous les élèves et le personnel administratif et d'encadrement. Aussi, la distanciation physique doit être appliquée dans tous les espaces clos. Les établissements scolaires devront être désinfectés 72 heures avant la rentrée « avec l'impératif port du masque pour le cycle secondaire ». Mais il faut dire que cet arsenal de mesures, aussi rigoureuses soient-elles, ne rassure pas pour autant les parents d'élèves, qui ne peuvent s'empêcher, à juste titre, d'exprimer leurs craintes quant aux conditions de cette reprise. De plus en plus, l'incertitude gagne ces derniers, qui disent n'avoir aucune information réelle sur la méthode que compte suivre le gouvernement pour garantir, à la fois, la sécurité des élèves et l'assurance d'exécuter le programme scolaire dans les règles de l'art. Les représentants de l'éducation nationale ont, d'ailleurs, eux aussi, pointé du doigt le même problème, disant être pris de court par la date de la rentrée, ne disposant, à quelques jours de la reprise, d'aucun schéma précis à suivre. M. Z.