La plaidoirie de Me Zakaria Dahlouk, représentant du Trésor public, a résumé, à elle seule, ce qu'il qualifie de « dégâts commis par les avantages octroyés à Ali Haddad. Ce moment est très important dans l'histoire de mon pays que j'ai l'honneur de représenter, dit-il. Nous jugeons un mini-gouvernement puisque deux anciens chefs de gouvernement et des ex-ministres sont ici présents. Les pertes sont énormes, les montants pharaoniques, c'est un procès unique dans les annales de la justice algérienne. Ce sont des personnes qui avaient une immense responsabilité, mais, malheureusement, tout le monde sait ce qui est arrivé». Me Zakaria Dahlouk a également mis en exergue la nécessité de récupérer tout l'argent qui avait été transféré illégalement, ainsi que la confiscation de tous les biens de Haddad, qu'ils soient à l'intérieur du pays ou à l'étranger où il dispose de deux hôtels luxueux à Barcelone. Outre les deux maisons connues à Alger, la liste des biens de Haddad comporte également pas moins de onze terrains, des biens immobiliers en cours de construction, ainsi qu'une quarantaine de bureaux. Les montants en question sont dévoilés à mesure qu'avance la plaidoirie : 78 410 milliards de centimes de déperditions dans le cadre des marchés publics accordés, 21 159 milliards de centimes dilapidés dans le cadre des crédits octroyés, 11 035 milliards de DA découlant des avantages portuaires accordés à l'ETRHB. Me Zakaria Dahlouk demande le remboursement de toutes ces sommes par le principal inculpé, Ali Haddad et ses entreprises. Le représentant du Trésor public exige aussi à Ouyahia, Sellal, Amar Ghoul, Abdelghani Zaâlane, Youcef Yousfi, Boudjemaâ Talai et Mahdjoub Bedda le remboursement de la somme de 1 000 000 DA. Cette plaidoirie a été suivie d'un réquisitoire très sévère du procureur général, qui a abouti à la conclusion de la culpabilité des prévenus et au fait que tous les marchés obtenus par Haddad ont été octroyés de manière illégale. Le représentant du ministère public a demandé l'aggravation des peines à l'encontre de Haddad, qui a déjà été condamné à dix-huit ans de prison, mais aussi à l'encontre de Abdelmalek Sellal, Ahmed Ouyahia, Youcef Yousfi, Abdelghani Zaâlane et Boudjemaâ Talai. Il qualifie les faits pour lesquels ont été jugés tous les prévenus de véritables crimes, qui ont contribué au pillage de l'économie nationale. La demande d'aggravation des peines concerne aussi les frères de Haddad qui avaient tenté de se disculper durant le procès en affirmant n'avoir aucun lien avec la gestion de l'ETRHB. Le procureur général s'est aussi arrêté sur le cas des deux anciens ministres de l'Industrie, Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda, exigeant la confiscation de tous leurs biens. Avant ce réquisitoire, Haddad avait clos son audition avec des propos qui nient une nouvelle fois tous les faits pour lesquels il a été jugé. « J'ai tout obtenu dans le cadre de la loi. On a dit que c'est moi qui nommais les ministres, c'est complètement faux, je n'avais pas cette prérogative, cette puissance. Tout ce qui a été dit à mon propos est faux », soutient-il face au juge qui lui prouve l'inverse. Haddad avait également protesté contre la peine de dix ans de prison à laquelle il a été condamné en première instance par le tribunal de Sidi-M'hamed. « J'ai été accusé de tous les maux de ce pays, ma maison familiale a été confisquée, ma famille a été jetée à la rue. Tout ce que j'ai fait et obtenu était légal», avait tenté de se défendre le mis en cause. Les propos tenus ne semblent pas avoir eu l'effet escompté au regard du réquisitoire du procureur. Des surprises pourraient avoir lieu le jour du verdict. A. C.