De Sebdou, la steppe se prolonge jusqu�aux confins d�A�n Sefra. En cet �t� 2010, la canicule a r�duit ce paysage � un d�sert o� survivent quelques animaux �gar�s � la recherche d�un point d�eau. Cette r�gion du sud-ouest reste le lieu de transhumance de tous les �leveurs d�El Bayadh, M�cheria, Na�ma, qui se donnent rendez-vous � chaque d�but d�automne. Ces r�gions arides revivent un peu avec les orages de la mi-ao�t, qui sont salutaires en reconstituant les r�serves d�eau pour le cheptel et l�agriculture vivri�re. C�est � cette �poque que commence la s�dentarisation de la plus grande tribu des H�myen. Sebdou reste le passage oblig� entre le Nord et le Sud, mais cette ann�e, malgr� une pluviosit� g�n�reuse, l�activit� s�est r�duite comme une peau de chagrin. Jadis, en cette m�me p�riode, les nomades attendaient avec impatience les orages d��t� qui assurent la survie de leur cheptel, mais le bleu azur du ciel n�est gu�re rassurant, et dans l�attente de la cl�mence du ciel, la steppe mill�naire continue � esp�rer. L�exode massif vers les p�turages du Nord est le dernier salut pour les �leveurs, pour ne pas c�der au chantage des trabendistes. La steppe a toujours constitu� un �quilibre �cologique. Mais ces derni�res ann�es, cet immense espace ressemble � un paysage lunaire. C�est au d�but des ann�es 1980 que la steppe a commenc� � se vider, avec les premiers signes de la s�cheresse. Cette calamit� naturelle a provoqu� d��normes d�g�ts socio�conomiques. L�exil des populations et le bradage de troupeaux entiers profitent aux seigneurs de la contrebande, qui n�ont aucun probl�me � passer de l�autre c�t� de la fronti�re. Pour la population de la steppe, qui reste d�pendante de la cl�mence du ciel, vient se greffer un autre probl�me : le manque d�investissements et d�infrastructures pour permettre � la population de se fixer d�finitivement et de vivre un quotidien normal. Le d�racinement est dur � vivre ; il y a une dizaine d�ann�es, des tribus enti�res sont venues trouver refuge sur les grandes terres de la r�gion de Tlemcen. Elles ont tout abandonn� depuis la grande s�cheresse de 1983. Une fois au Nord, ces gens se sentent perdus, ils conservent le minimum de leurs troupeaux, et leurs enfants, � d�faut d��tre scolaris�s, font de petits m�tiers pour survivre. La steppe et les Hauts-Plateaux du sud-ouest restent des espaces vierges qui se pr�tent � une vari�t� d�agriculture et � l��levage. L�eau existe; il faut aller la chercher dans le sous-sol. Beaucoup, ou plut�t tout reste � faire. Cette r�gion doit faire l�objet d�un statut particulier pour sa gestion administrative et d�un investissement sp�cifique pour son essor �conomique. Aujourd�hui, le Nord comme le Sud sont log�s � la m�me enseigne : s�cheresse, ch�mage, climat social sont l� pour rappeler, si besoin est, que le d�veloppement s�inspire d�une strat�gie et non d�opportunisme politique. En parcourant les 200 bornes qui s�parent Sebdou de M�cheria, on a l�impression d��tre au bout du monde : aucune trace de vie � l�exception de quelques troupeaux �gar�s au milieu de la steppe. Dr�le de temps, dr�le d��poque, car au moment o� les gens du Nord r�clament plus de bien-�tre, plus de commodit�s, les gens du Sud ne demandent pas grand-chose� survivre tout simplement. Le Ramadan dans la steppe est une v�ritable �preuve de force, en attendant les premiers orages d�automne.