Plus virulent après avoir subi des mutations, le coronavirus circule davantage en raison de facteurs multiples : non seulement les températures basses favorisent les infections virales mais la baisse de la vigilance constitue un facteur augmentant sa circulation. Résultat : des contaminations en hausse depuis plusieurs jours déjà. Une situation appelée à se compliquer davantage si les enquêtes épidémiologiques ne sont pas menées et que le discours rassurant continue à démobiliser, explique le Dr Lyès Merabet. Nawal Imés - Alger (Le Soir) - Sans avoir encore atteint le niveau que connaissent beaucoup de pays européens, la situation épidémiologique n'en est pas moins inquiétante, en atteste les bilans officiels quotidiens mais surtout les situations de saturation décrites dans un nombre important de services dédiés à la prise en charge du Covid 19. Les raisons ? Le Dr Lyés Merabet, président du syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) l'explique par la jonction de plusieurs paramètres, tant exogènes qu'endogènes. Il s'agit tout d'abord des mutations qu'a connues le virus. Selon les études publiées récemment, plusieurs souches du virus ont pu être isolées. Depuis le mois de juillet, il y en a eu sept ou huit, ce qui indique que le virus a muté et cela a ramené un niveau de contagion et de nocivité différent avec plus de virulence. Il affirme également que la chute des températures favorise les infections virales et les contaminations et que le coronavirus se transmettait de la même manière que la grippe. Il ajoute que lorsque les températures chutent, les personnes ont tendance à être plus confinées et à moins aérer que ca soit dans les maisons, dans les bureaux ou les transports. À cela s'ajoute la rentrée sociale avec la réouverture des écoles et la reprise de nombreuses activités. Cela dit-il sous-entend beaucoup de déplacements et de contacts entre personnes. Notre interlocuteur déplore que ces facteurs ne se soient conjugués au non-respect des mesures barrières, qui restent selon lui «l'élément fondamental». À ce niveau, considère le Dr Merabet, «tout le monde est responsable» ajoutant que «le secteur de la santé est en aval mais pour les collectivités locales, l'information doit être au premier rang pour revenir sur des niveaux de sensibilisation qui étaient les nôtres. Le corps médical a été lésé parce qu'on a démobilisé à travers les déclarations trop rassurantes». Une erreur, dit-il, puisque si la situation au plan épidémiologique n'est pas comparable à ce qui se passe en Europe, nous sommes pas encore sortis d'affaire. Tous les secteurs doivent travailler plus sérieusement». Il assure dans ce sens que «le salut est dans la prévention, il n'est pas dans le traitement ni même dans le dépistage, même si ce dernier est important pour avoir une image de la situation. Cela n'est possible qu'avec des enquêtes. Cela devrait être du ressort de la cellule installée par le Premier ministre chargé de coordonner les enquêtes épidémiologiques. Sans cartographie de la pandémie, il est difficile de prendre les décisions qu'il faut». N. I.